La nature en France
Dissertation : La nature en France. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jean Desroche • 21 Mars 2021 • Dissertation • 10 009 Mots (41 Pages) • 388 Vues
La nature en France
L'exposé des motifs de la loi Pisani qui crée les parcs nationaux, du 22 juillet 1960 commence ainsi: «Une notion de parc national absolument originale s'est peu à peu dégagée en France où, par ailleurs, il n'est plus possible de trouver une seule étendue importante vierge de toute intervention de l'homme, même suffisamment ancienne, et qui puisse être constituée en parc national classique, tel que les pays neufs ont pu en réaliser. » Le droit prend ici acte à la fois d’une spécificité française où la nature intouchée n’existe pas en France et de l’exemple de nations récentes, en particulier états-unienne qui sanctuarisent une wilderness originelle.
C’est de facto signifier la polysémie de nature comme réalité physique et culturelle. Physique en tant qu’elle désigne la biosphère, c’est-à-dire l’ensemble des écosystèmes. Un écosystème est composé d’un biotope inerte (atmosphère, hydrosphère et lithosphère) et d’une biocénose animée (zoocénose, phytocénose, mycocénose, microcénose et pédocénose). Les écosystèmes particuliers que sont les agroécosystèmes montrent immédiatement que la nature est travaillée, et même « arraisonnée » disait Heidegger, devenant donc fait culturel. Cette seconde acception fait de la nature l’ensemble des phénomènes, des connaissances, des discours et des pratiques résultant d’un processus sélectif d’incorporation de processus physiques et biologiques par la société. Il s’agit dès lors d’interroger cette nature « double » dans le cadre français, à savoir la métropole et les îles avoisinantes dont la Corse ainsi que ses DROM[1], COM[2], la Nouvelle-Calédonie, les TAAF[3] et Clipperton qui dépend directement du gouvernement. La préposition du sujet n’introduit pas qu’un locatif mais peut renvoyer à une structuration, paysagère et symbolique, d’un pays entendu comme territoire national, c’est-à-dire approprié physiquement et mentalement, aménagé, nommé, représenté et instrumentalisé culturellement voire religieusement. L’ancienneté millénaire de cette appropriation sur le sol français conduit, peut-être plus qu’ailleurs à considérer la nature comme sous sa forme visible et mentale, invisible. On choisira en conséquence la main pour guider cette étude, puisqu’organe-interface entre la pensée et l’aménagement.
Peut-on dire que la nature en France existe indépendamment de la main de l’homme ?
La société a mis la main sur les écosystèmes, les soumettant jusqu’à des excès : une main sur la nature. Ceux-ci ont conduit à la protéger, ouvrant une nouvelle période écologique d’une main dans la nature. Ses représentations évolutives renseignent sur les projections dont elle fait l’objet d’une nature peinte « à la main » paradoxalement au sommet de son artificialité.
I. La main sur la nature
A. La mainmise sociale
1. Une nature bien en main
a. Un tracé à main levée
b. Un homme la main sur la couture ?
2. Des ressources à pleines mains
a. Un aménagement de mains en mains
b. La main « invisible » du marché
B. Artificialiser jusqu’à en venir aux mains
1. Une nature qui n’est plus de première main
2. Un aménagement qui n’y va pas de main morte
C. L’homme à la main lourde
1. Mano a mano : risques de et risques sur la nature
2. La main de Dieu ?
3. L’homme perd la main
II. La main dans la nature
A. La main tendue : de la nature religieuse à la nature politique
1. Remettre en mains propres : la nature religieuse
2. La prise en main étatique : la nature nationaliste
B. Jeux de mains… : bas les pattes la société ?
1. Le retour de Jean-Jacques ou comment garder une bonne main
2. Nouvelle culture juridique : une nature qui tient dans la main
3. Nouvelle période : main dans la main face à l’angoisse ?
III. Une nature peinte à la main
A. Haut la main : la nature au service du rayonnement politique
1. Parler avec les mains : une nature au service de la puissance internationale
2. Qui a la main ? La nature comme outil de communication politique
B. De la forêt au jardin : les mains dans la terre
1. La forêt à portée de main : la récréation dans la nature
2. Les Français à la main verte : la recréation de la nature
C. Haut les mains : des Français ignorants donc fantasmant
Conclusion
I. La main sur la nature
A. La mainmise sociale
1. Une nature bien en main
a. Un tracé à main levée
Le poids de la nature semble incontournable à toutes les échelles. La forme du territoire s’appuie sur des frontières naturelles à première vue. L’idée semble naturelle aux révolutionnaires mais elle ne tient pas car les impératifs politiques dictent les frontières. Le mythe des frontières naturelles a le double avantage de la facilité et de faire accepter un ordre surhumain, dicté a priori. Mais le Rhin a plus servi de colonne vertébrale que de frontières, le tracé sur les sommets alpins, pyrénéens ou ardennais sont très erratiques dans le détail et ne suivent pas forcément les plus hauts sommets, la Lys, l’Escaut, la Sambre, la Meuse, la Moselle, la Sarre sont traversées et non pas longées par la frontière, la frontière guyanaise traverse « arbitrairement » la jungle. Enfin les vallées alpines mais surtout pyrénéennes montrent une cohérence socio-économique historiquement beaucoup plus forte de part et d’autre de la frontière qu’entre deux vallées d’un même pays.
🡺 Donc « tracé à main levée » parce que ne repose qu’illusoirement sur des supports préexistants rassurants.
b. Un homme la main sur la couture ?
La distribution des hommes est influencée par les conditions naturelles. Les zones froides sont répulsives, les grandes vallées fluviales et les littoraux attractifs, de même que les bassins sédimentaires. On constate un effet d’accumulation avec la vallée de la Seine par exemple qui cumule ces trois avantages, en plus d’une pluviométrie favorable du climat océanique (de plus en plus dégradé en allant vers l’amont). ¾ de la population est située sur les littoraux et les axes fluviaux principaux.
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