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Police Et Identification Dans La France Des Lumières

Note de Recherches : Police Et Identification Dans La France Des Lumières. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Avril 2013  •  1 807 Mots (8 Pages)  •  1 066 Vues

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« Comme des bibliothèques aux multiples rayons que l’on classe, déplace, aménage, lentement nos identités se recomposent », dit Viviane Chocas dans son livre Bazar Magyar.

Ce document, extrait d’un article de Denis Vincent et Vincent Millot, paru dans la revue de sciences sociales et d’histoire Genèses en 2004, traite de la mise en place d’une identification des personnes en France au XVIIIe siècle, et de l’implication de la police dans ce processus.

Denis Vincent, maître de conférences à l’université Paris-I, chercheur au Centre de recherches d’histoire moderne et auteur d’Une histoire de l’identité, et Millot Vincent, professeur d’histoire moderne à l’université de Caen et directeur du Centre de Recherche d’Histoire Quantitative, ont tous les deux travaillé sur les questions d’identité et de police avant la parution de cet article.

Durant le XVIIIe siècle, la France a connu de nombreux bouleversements sociopolitiques : la mort de Louis XIV, la Régence, les règnes de Louis XV et Louis XVI, la Révolution Française en 1789 sont autant d’éléments qui ont façonné le siècle des Lumières français. C’est à cette période agitée que sont nées les premières initiatives d’identification des personnes, dans l’optique d’une meilleure connaissance et un meilleur contrôle des populations par une police en évolution.

Au travers de ce document, nous tenterons, en respectant l’organisation des auteurs, de mettre en lumière l’origine de cette volonté d’identification, du rôle de la police dans sa réalisation et des différentes réponses de la population de l’époque.

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Sous l’Ancien Régime, les populations françaises sont disséminées sur un vaste territoire sur lequel elles peuvent circuler en toute liberté.

Les autorités, craignant que des individus considérés comme nuisibles s’y fondent, manifestent une volonté de plus en plus marquée de connaître ces populations, en vue d’un meilleur contrôle social. Pour servir leur objectif, il leur faut développer l’identification des personnes, ce qui implique la mise en place d’un ensemble de techniques et d’évolutions indispensables qui pallient leurs faiblesses, et le perfectionnent, l’adaptation de l’appareil policier.

Celui-ci, en effet, n’est plus adapté aux ambitions qu’il veut atteindre. Le terme de police est pluriel : il recouvre une multitude d’instances de tailles et de fonctions différentes, disséminées sur le territoire français, et dont la hiérarchie qui n’est pas fixée entre parfois en conflit. Il s’agit d’abord de rationaliser l’organisation de la police française avant d’engager le processus d’identification des personnes. Toutefois, dans un contexte politique agité, définir une délimitation claire de la police, de son rôle et de son fonctionnement, n’est pas chose facile. L’idéologie libérale naissante soulève des oppositions, des désaccords sur les fonctions qu’on voudrait voir tenues par la police. Certains, comme le contrôleur général Turgot, voudraient qu’on lui assignât un rôle répressif et que l’identification des personnes résulte d’une logique libérale ; tandis que d’autre, dont le lieutenant Lenoir, lui préféreraient un rôle régulateur, médiateur, l’instrument de l’identification au service de l’Etat. L’idéal policier peine à se fixer. Il s’agit toutefois de contrôler, surveiller la mobilité plutôt que de l’interdire.

Pour remplir au mieux cette tâche, la diffusion et la généralisation de l’écrit s’imposent d’elles-mêmes.

Déjà au temps de la Monarchie, le régime avait cherché des moyens de contrôle des personnes, pour lutter contre la désertion militaire, le vagabondage ou pour répondre aux problèmes tels que la Peste. L’obligation pour les roturiers de se munir de papier avait été envisagée mais vite abandonnée devant l’ampleur de la tâche et le manque de moyens. En revanche, il avait été décidé alors de cibler certaines populations, jugées à risque, à savoir les pèlerins, les compagnons et les ouvriers, qui étaient très mobiles. Leur sont imposée l’obligation d’être en possession d’un certificat, d’un passeport ou d’un livret, avalisé par une autorité et attestant de leur situation. A partir de ce moment, on relève une augmentation des arrestations, des pratiques abusives, une suspicion arbitraire de la part des autorités. Progressivement, la nécessité des papiers tend à s’imposer, et les certificats, les passeports s’uniformisent, faisant apparaître des informations toujours plus précises, incorporant finalement le signalement (d’origine militaire), et nombre de cachets officiels. L’écrit, peu à peu, devient un garant de l’identité, une part de l’individu. Mais un part seulement, car les modes d’identification traditionnels que sont l’interconnaissance et les témoins restent vivaces.

La police cible des populations particulières, mais elle cible également des zones particulières.

A Paris notamment, des efforts de réglementation, de spécialisation des autorités, d’enregistrement des logés sont déployés, manifestes dans la localisation des logeurs, la création d’inspecteurs, la tenue de registres uniformisés. Mue par la volonté de surveiller les groupes mobiles, la police étend même les règlementations à d’autres corps de métiers, comme les marchands ambulants, les brocanteurs, en les incitant à se démarquer visuellement, et à se regrouper géographiquement : « culture des apparences » et réseaux d’interconnaissances cohabitent.

L’organisation interne des autorités se précise elle aussi : les spécialisations se multiplient, et un processus de territorialisation s’enclenche : les postes sont plus nombreux, les rondes également, et les policiers vivent à proximité des populations civiles afin de se « fondre dans le décor », de s’intégrer dans l’environnement quotidien des civils.

Ces innovations policières sont inspirées du modèle militaire, qui a, au début du XVIIIe siècle, été confrontée au problème de la démobilisation. Pour endiguer le phénomène, des mesures avaient été prises pour encadrer le soldat. Le cartouche de congé, le signalement, la tenue de registres distribués sur tout le territoire, ces décisions visaient à contrôler le soldat dans ses déplacements,

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