Machiavel, le Prince, 1513
TD : Machiavel, le Prince, 1513. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar gator88 • 14 Décembre 2017 • TD • 2 546 Mots (11 Pages) • 902 Vues
Léo PASQUET Baptiste MONGIN
Machiavel rédige le Prince (1513)
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En septembre 1512, les troupes espagnoles de la Sainte Ligue parviennent à rétablir les Médicis à Florence après dix-huit ans d’absence. Julien de Médicis, fils de Laurent le Magnifique (1449-1492), est alors le nouvel homme fort de cette cité-État italienne.
Nicolas Machiavel, qui a servi le précédent régime, se trouve, en ce mois de décembre 1513, dégagé de toute fonction officielle depuis plus d’un an et réside dans une propriété à proximité de Florence. Cette retraite est consécutive au retour de la famille Médicis à Florence en septembre 1512. C’est l’occasion pour lui d’échanger avec ses amis, notamment avec l’un d’entre eux, Francesco Vettori, à qui la présente lettre est adressée. Rallié aux Médicis et ambassadeur de Florence à Rome, il est le confident et le correspondant régulier de l’écrivain florentin. Machiavel a été amené à exercer des responsabilités politiques et diplomatiques au sein des institutions de la République florentine entre 1498 et 1512. L’assignation à résidence dont il fait l’objet l’incite à se consacrer à la réflexion et à l’écriture, fort de sa longue expérience gouvernementale.
Dans cette lettre, Machiavel se livre à son ami Francesco Vettori en se peignant comme accablé par la pauvreté et l’oisiveté. Il a ainsi entrepris la rédaction d’un ouvrage, intitulé Principatibus, qui devrait, selon lui, faciliter sa réintégration au sein de l’administration florentine, et lui donner la possibilité de se mettre au service de la famille Médicis qui gouverne à nouveau Florence. Malgré le désœuvrement dans lequel il se trouve, l’expression d’un secret espoir semble sourdre : dans quelle mesure cette lettre témoigne-t-elle de la tentative désespérée de Machiavel pour obtenir de nouveau des fonctions officielles au sein du gouvernement de Florence ? Si Machiavel se présente comme un homme pauvre et désœuvré (I), il n’en reste pas moins un homme de culture (II), occupé à la rédaction d’une œuvre dont dépend, semble-t-il, son avenir politique (III).
- Nicolas Machiavel : l’homme pauvre et désœuvré
- L’inactivité diurne : témoignage du désœuvrement d’un homme
- Promenade matinale (l.1-5)
- propriété de Sant ‘Andrea in Percussina, héritée de son père, à quatre ou cinq lieues au sud-ouest de Florence, près de San Casciano.
- dispute (l.3) : ici, discussion
- Rencontres (l.8 à l.11)
Fréquentations d’hommes humbles : remède à la mélancolie (l. l4-22)
- Chaufournier (l.15): ouvrier qui travaille la chaux
- S’encanailler (l.16) : fréquenter un lieu pour s’amuser
- San Casciano (l.19) : ville située à proximité du lieu de résidence de Machiavel
- Pouillerie (l.20): ici, lieu misérable
- Dérouiller (l.20) : dégourdir
- « malignité de mon sort » (l.21)
- « on se bat pour un sou » (l.18) : exprime ici le côté dérisoire de ces simples distractions.
- On perçoit Machiavel comme se laissant porter par le gré des circonstances, comme ballotté. Dépeint une certaine trivialité. Machiavel exprime ici très clairement une volonté d’oubli des épreuves qu’il a pu traversées : privation des ses fonctions (activités politique, diplomatique et militaire au sein de la République florentine) au retour des Médicis en septembre 1512 à Florence + accusation de participation à un complot contre les Médicis au début de l’année 1513 : court emprisonnement et torture. C’est une mise à l’écart forcée qui lui pèse beaucoup. Toutefois, à la suite de l’élection au pontificat de Jean de Médicis, frère de Julien, en mars 1513 sous le nom de Léon X, il reste à l’écart malgré l’amnistie que ce dernier accorde aux conspirateurs.
- Une situation matérielle précaire
- « (…) mon pauvre domaine et mon maigre patrimoine » (l.13)
- « (…) vêtements (…) couverts de fange et de crasse (…) » (l.25)
- Fange (l.25) : boue épaisse
- « Le besoin qui me harcèle (…) » (l. 49)
- Décrets des 7 et 10 novembre 1512 : prive Machiavel de ses fonctions et le frappe d’une assignation à résidence pour une durée d’un an. Doit demeurer sur le territoire florentin.
- Privé de ses revenus professionnels (qui étaient plutôt modestes), faiblesse de l’héritage paternel, contraction de nombreuses dettes : bien qu’étant une des plus anciennes à Florence, sa famille ne jouissait pas d’une grande fortune. Son père, Bernard Machiavel, jurisconsulte et trésorier de la Marche d’Ancône, ancienne province des États pontificaux, devait faire face à des difficultés financières récurrentes. Situation matérielle précaire qui semble donc cohérente avec ses déclarations.
- Un être avili qui entend demeurer honorable
- « vautré dans cette pouillerie » (l.19-20), « qu’il me piétine de la sorte » (l.21), « (…) vêtements (…) couverts de fange et de crasse (…) » (l.25), « (Je) ne peux rester longtemps ainsi sans que la pauvreté ne fasse de moi un individu méprisable. » (l.50-51) : l’état d’indigence dans lequel il se trouve plongé le conduit à une réelle déchéance, à la fois morale et physique.
« Je me complais un bout de temps à y penser. » (l.8) : expression d’une nostalgie persistante, à une époque où Machiavel semblait cumuler les succès professionnels et amoureux.
« Loyauté » (l.59), « je ne les ai passées ni à dormir ni à jouer. » (l.56).
Malgré l’état d’avilissement dans lequel il se présente, il entend préserver les faits qui font de lui un être estimable et capable d’assumer de nouveau des charges officielles.
- Machiavel : l’homme de culture
- L’aspiration naturelle à une élévation de l’esprit
- « J’ai sur moi le livre (…) » (l.5-7)
Lectures des hommes de l’Antiquité (l.23-27) et de prestigieux poètes florentins.
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