Les raisons du succès des théories complotistes

Les raisons du succès des théories complotistes

Les théories du complot, un phénomène en vogue ces derniers temps et pour des raisons pas toujours évidentes…

Qui n’a pas déjà entendu parler de théories du complot ?

Dès lors qu’un évènement d’une importance majeure se produit, on assiste à la naissance de diverses théories mettant en scène des groupes malfaisants qui manipuleraient secrètement nos sociétés et notre histoire. Ce phénomène qui prend de l’ampleur à l’heure actuelle n’est pourtant pas une nouveauté historique. Pourquoi ces théories du complot sont-elles devenues aussi populaires ?

Elles insufflent un sens aux évènement imprévus

La première raison de leur succès, c’est qu’elles expliquent des évènements imprévus, bien souvent négatifs et qu’on ne comprend pas toujours. Elles sont une sorte de remède à l’incertitude.

« Un complot peut se définir minimalement comme un récit explicatif permettant à ceux qui y croient de donner un sens à tout ce qui arrive, en particulier à ce qui n’a été ni voulu ni prévu », affirme Pierre-André Taguieff, historien des idées et politologue.

Ainsi, les théories associées à l’assassinat du président Kennedy donnent un sens à cet évènement ou encore, la théorie du complot de big pharma associée à l’industrie pharmaceutique explique pourquoi les vaccins seraient obligatoires, pourquoi le coronavirus serait apparu… Et même si ces théories ont été réfutées par de nombreux scientifiques, un grand nombre continue d’y croire.

Comme le souligne le philosophe Philippe Huneman, « On préfère volontiers croire quelque chose qui a du sens, quitte à ce que ce soit faux. Un monde binaire, avec des gentils et des méchants, c’est reposant cognitivement. On a besoin de mettre un agent intentionnel derrière ce qui nous arrive de désagréable. »

En plus d’apporter un sens à l’histoire, elles remettent en question nos certitudes

Douter est un réflexe positif, mais les complotistes s’emparent de cet état d’esprit incertain afin d’appuyer leurs thèses. Ils opposent les incertitudes de la version officielle à la simplicité de leur version.

« Les théoriciens du complot ne cherchent pas vraiment à démontrer ce qui est vrai, mais à prouver que l’autre camp ment », rappelle Guillaume Brossard, co-fondateur d’un site francophone décryptant les rumeurs sur Internet.

Le contexte actuel contribue d’ailleurs fortement à l’adhésion à ces théories. Aujourd’hui, une importante baisse de confiance et une défiance envers les institutions, bien trop corrompues, accroit l’impact de ces thèses complotistes. C’est le cas du gouvernement ou encore des médias qui sont de moins en moins crédibles et de plus en plus critiqués.  

Résultat, « l‘information vient de plus de plus des réseaux sociaux, où sa qualité n’est pas     contrôlée, affirme la chercheuse Marie Claire Villeval. De fausses informations circulent. Dès lors, toute information est susceptible d’être vraie ou fausse. » 

Un phénomène accentué par les réseaux sociaux

Oui, les réseaux sociaux sont en effet un facteur aggravant, qui touche majoritairement les jeunes ayant délaissé les moyens d’information traditionnels au profit de ces réseaux.

Sur ces plateformes, les théories complotistes sont susceptibles d’être partagées massivement et très rapidement. Et pire encore, selon une étude de Science parue en 2018 les « fake news » s’y propageraient bien plus rapidement et amplement que les vraies informations. La raison ? Les « fake news » procureraient plus d’émotions, notamment de la surprise, apportent de la nouveauté et sont donc bien plus susceptibles de devenir virales.

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