Juan de Mariana - Les limites du pouvoir du prince en matière religieuse
Commentaire de texte : Juan de Mariana - Les limites du pouvoir du prince en matière religieuse. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marwane Benadjila • 22 Octobre 2020 • Commentaire de texte • 2 571 Mots (11 Pages) • 538 Vues
Accroche:
“Je ne serai jamais le souverain d’un royaume hérétique”
Cette déclaration de Philippe II au début de son règne rend compte de l’intransigeance du
souverain en faveur du catholicisme. Elle soulève également la question de l’ampleur de cette
implication et des débats suscités autour des limites du pouvoir monarchique en matière
religieuse.
Nature:
De rege et regis institutione ou Sur le Roi et les institutions royales est une oeuvre complexe
de théologie et de philosophie politique publiée en 1599 par Juan de Mariana. Dans ce
manuel, qui s’apparente à un miroir de prince, l’auteur expose sa conception du pouvoir
princier et la conduite à suivre pour le monarque catholique.
Initialement commandé par Philippe II, l’ouvrage est dédié à son fils et successeur Philippe
III, investi en 1598. L’auteur s’appuie, d’une part, sur l’histoire ibérique, ainsi que sur la
Bible afin de conseiller le nouveau monarque et de lui inculquer les préceptes moraux qu’il
doit faire siens pour régner selon la volonté de Dieu. Plus précisément, Mariana définit, entre
autres, les responsabilités du prince et ses prérogatives en matière religieuse. Il y défend
l’idée d’un pouvoir princier encadré par l’Église ainsi que le droit de résistance des sujets
contre l’injustice. Légitimant, dans certains cas, le tyrannicide et la subversion, l’ouvrage
suscita dès sa parution de vives polémique en Europe. La controverse affecta aussi bien
l’auteur que l’Ordre même des Jésuites qui furent les cibles des cours européennes.
Auteur: Juan de Mariana est un historien et théologien castillan de la seconde moitié du
XVIème siècle. Formé à Madrid, il enseigna dans plusieurs universités européennes, à Rome
et Paris notamment. La notoriété et la reconnaissance dont il fait l’objet à partir des années
1560 font de lui un acteur influent dans les débats et controverses qui animent la chrétienté au
XVIème siècle. Dès le début de sa formation, Juan de Mariana rejoignit l’Ordre des Jésuites
dont il devint une figure de proue à l’échelle européenne. Ses écrits sur l’histoire de
l’Espagne, les institutions du royaume où encore l’économie font alors sensation en Europe.
D’autre part, Mariana se fait le porte voix d’une Église catholique souveraine et centralisée. Il
fût par ailleurs l’ami du conseiller d’État et archevêque de Tolède Garcia de Loaysa, auteur
en 1593 d’une compilation de tous les conciles tenus en Espagne. Ces relations permirent à
Juan de Mariana d’oeuvrer auprès du roi en tant qu’agent de la Contre-Réforme.
Contexte:
Mariana publie le De rege et regis institutione dans un contexte de transition politique
espagnole. En 1598 meurt le roi Philippe II après un règne de 42 ans. Son fils Philippe III lui
succède à l’âge de 20 ans et apparaît aux antipodes de son père, laissant espérer de grands
changements. La modification du paysage religieux au XVIème siècle fut la cause de conflits
institutionnels ayant marqué le règne de Philippe II. Une rivalité constante entre les
manifestations de la Contre-Réforme et de l’Absolutisme royal se développa. Elle prit racine
dans l’échec du concile de Trente à définir une doctrine politique claire sur le rapport de
force entre pouvoir royal et institution ecclésiastique. Cette rivalité se traduit par une
concurrence entre le pouvoir royal et l’autorité pontificale. L’interventionnisme qui
caractérise la politique ecclésiastique de Philippe II se manifeste par une volonté de contrôler
le clergé et par un enchevêtrement de l’État royal et de l’Église. Cette confusion entre les
deux systèmes est traduite par “des ressemblances entre le cérémonial politique et religieux,
la présence de clercs dans les structures de l’État, les transferts de la théologie aux oeuvres
de théorie politique, les parallélismes de leurs programmes iconographiques” (p. 673).
Dans ce contexte de réorganisation de l’Église et de renforcement des monarques, ces
institutions expriment une volonté d’affirmer leur pouvoir et de se démarquer. L’épiscopat
espagnol apparaît donc comme un enjeu central entre la Couronne et le Saint-Siège.
Analyse: Juan de Mariana commence par rappeler la nécessité de l’indépendance de
l’institution ecclésiastique avant de légitimer celle-ci par des références bibliques et
historiques. Il évoque d’autre part la complémentarité entre la monarchie et l’Église puis
aborde la question de la richesse matérielle de l’Église catholique.
Problématique: Quelle conception du rapport de force entre pouvoir royal et institution
ecclésiastique Juan de Mariana transmet-il au nouveau monarque ?
Annonce du plan: Afin de répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps
que la souveraineté de l’Église, que l’auteur appel de ses voeux,
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