Histoire Moderne les Parlements
Cours : Histoire Moderne les Parlements. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar waline • 9 Mars 2022 • Cours • 951 Mots (4 Pages) • 355 Vues
LES DIFFICILES RAPPORTS DES PARLEMENTS
ET DE LA MONARCHIE1
Au siècle des Lumières, les douze ou treize parlements (Paris, Toulouse, Grenoble,
Bordeaux, Dijon, Aix, Rouen, Rennes, Pau, Metz, Besançon, Trévoux -supprimé en 1771-,
Douai et Nancy -fondé en 1775-), ainsi que les quatre conseils souverains (Colmar, Arras,
Bastia -fondé en 1768-, Perpignan) étaient des cours de justice dites souveraines, qui
jugeaient en appel et en dernière instance, aussi bien au civil qu’au criminel. Ils avaient
également des compétences administratives, notamment en matière de police et
d’interprétation des textes législatifs (arrêts de règlement), et la charge d’enregistrer les
édits, ordonnances et déclarations royaux. En cette occasion, les parlementaires
examinaient les textes proposés au regard des lois fondamentales et des lois existantes, et
pouvaient émettre des remarques et avis appelés remontrances.
Depuis la Fronde, et plus encore depuis que Louis XIV, en février 1673, avait imposé
aux Parlements d’enregistrer les textes royaux avant d’user de leur droit de remontrance, les
parlementaires, qui étaient propriétaires de leurs charges, étaient restés soumis au pouvoir
royal. La situation allait
cependant changer au XVIIIe
siècle, puisqu’avec la Régence les
parlements retrouvent la
plénitude de leurs droits. Une
longue période de tensions entre
le roi et ses parlements s’ouvrait.
Est-ce la « naissance » d’une
opposition parlementaire ? Sans
doute pas car, comme le rappelle
Jacques Krynen, les conflits entre
parlements et monarchie
commencent dès la fin du Moyen
Age (Jacques Krynen, L’Etat de
justice. France, XIIIe-XXe siècle. I.
L’idéologie de la magistrature
ancienne, Paris, Gallimard, 2009).
S’agit-il d’ailleurs d’une
« opposition parlementaire » ou faut-il, comme le propose l’historien Julian Swann, parler
plutôt d’une « culture juridique des conflits politiques » (Julian Swann, « Repenser les
parlements au XVIIIe siècle : du concept de l’opposition parlementaire à celui de culture
juridique des conflits politiques », dans Alain J. Lemaître (dir.), Le monde parlementaire au
1. Pour compléter, voir Hervé LEUWERS, La justice dans la France moderne, Paris, Ellipses, 2010,
p. 23-25, 194-199.
XVIIIe siècle. L’invention d’un discours politique, Rennes, PUR, 2010, p. 17-37) ? Il est difficile
de trancher... Ce que l’on peut écrire, c’est que, face à ces cours de justice dont les motifs et
les formes de la contestation allaient progressivement évoluer, de même que leur discours
politique, le roi allait se montrer incapable d’imposer durablement son autorité2
.
Motifs et formes de l’affrontement
Si les parlements devinrent l’une des oppositions (reprenons le terme, qui demeure
commode) les plus audacieuses au pouvoir royal, c’est parce qu’ils disposaient d’armes
efficaces. La plus couramment utilisée était ce droit de remontrance qu’ils partageaient avec
les autres cours souveraines et des institutions comme l’Assemblée du clergé de France.
Pour comprendre l’importance de ces remontrances, il faut s’intéresser un instant à la
procédure d’enregistrement des lois devant les parlements : le roi, dans un premier temps,
proposait à l’enregistrement un édit, une ordonnance ou une déclaration. Le parlement, s’il
ne s’opposait pas au texte, pouvait l’enregistrer aussitôt ; mais s’il considérait que le texte
royal n’était pas compatible avec les lois en vigueur, il pouvait émettre des remontrances
orales (d’humbles représentations) et surtout écrites, que l’on appelait d’humbles
remontrances. Le roi pouvait accepter ces remarques et transformer son texte, ou persister
et émettre alors des lettres de jussion. Si le parlement ne voulait toujours pas se soumettre,
il émettait d’itératives remontrances, qui forçaient le plus souvent le roi à organiser un lit de
justice pour enregistrer de force sa loi. Dans certains combats, le plus souvent après avoir
épuisé le recours aux remontrances, les parlementaires pouvaient continuer la lutte par des
grèves ou des démissions collectives, théoriquement interdites, qui paralysaient l’appareil
judiciaire ; à ces dernières méthodes, le roi répondait en exilant les parlementaires les plus
virulents par lettre de cachet.
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