Chine : économie socialiste de marché

Chine : économie socialiste de marché

1949-1979 : modèle socialiste, perspective maoïste

Avant l’arrivée au pouvoir du parti communiste, la Chine, n’avait pas connu de véritable décollage économique. Les tentatives de modernisation de son économie avaient été sporadiques et le fait d’intérêts étrangers. Ainsi, lorsque Mao Tsé-toung arrive au pouvoir au mois d’octobre 1949, la Chine est en grande partie rurale, ses infrastructures et ses capacités de production sont détruites en raison de guerres (guerre contre le Japon et guerre civile entre nationalistes et communistes), et l’inflation fait rage. L’Union soviétique lui fournira pendant les premières années (1949-1960), un modèle de développement et un appui financier et technique considérable.

Une des premières mesures économiques adoptée est la réforme agraire (28 juin 1950) : 46 millions d’hectares sur 107 seront confisqués à des propriétaires non-exploitants et redistribués à 70 millions de familles. Également, puisque la stratégie de développement socialiste implique la mise en place d’instruments pour une planification centralisée, il y aura création, en 1952, d’une commission d’État du Plan, d’un bureau d’État des statistiques (système de comptabilité nationale d’inspiration soviétique), de même que des ministères économiques spécialisés. Au plan social, l’État entend intervenir à présent dans les affaires familiales et instaure la loi sur le mariage (30 avril 1950) qui interdit les unions arrangées. Aussi, toute forme de dissension politique est fortement réprimée : on met en place des camps d’internement et de rééducation. On estime à environ cinq millions le nombre d’exécutions entre 1949 et 1952, rajoutant à ceci, au printemps 1957, la déportation de 460 000 « droitiers » (milieux intellectuels contestataires du parti) en Mandchourie et en Mongolie (libérés seulement en 1978).

Sous le premier plan quinquennal (1953-1957), l’État en viendra progressivement à contrôler, soit directement ou indirectement, la quasi-totalité de la production. À la fin de 1956, il n’existe plus que deux grandes catégories d’entreprises : les entreprises publiques, prédominantes, et les entreprises collectives, sous la tutelle d’autorités locales. Encore sous influence soviétique, la stratégie d’industrialisation est axée prioritairement sur le développement de l’industrie lourde : mines, sidérurgie, constructions mécaniques. L’aide économique et technique de l’URSS et des autres pays de l’Europe de l’Est, jouera un rôle important dans ce sens, dans la mesure où les capacités de fabrication de machines et d’équipements de la Chine sont sous-développées. Pendant cette même période, la Chine réoriente ses relations commerciales vers les autres pays communistes et adhère au COMECON. En 1957, elle effectue avec les pays satellites plus du deux tiers de l’ensemble de ses échanges extérieurs, dont plus de la moitié avec l’URSS.

Cette lune de miel avec l’URSS ne saura perdurer. Tout d’abord, un débat s’installe au niveau de l’applicabilité réelle du modèle soviétique à l’économie chinoise. Entre autres, la stratégie d’industrialisation basée sur le déplacement de la main-d’œuvre agricole vers l’industrie se heurte à une fâcheuse réalité: la production alimentaire chinoise dépasse à peine le niveau de subsistance pendant le premier plan quinquennal. Ceci limite les ressources humaines disponibles pour l’industrie mettant donc un frein à son développement. Également, l’implantation de grands complexes industriels, grâce à l’aide soviétique, révèle l’état archaïque des infrastructures chinoises. Au printemps de 1958, Mao, qui est persuadé que l’on peut corriger les failles du modèle soviétique en l’adaptant au contexte chinois, annonce sa thèse du Grand Bond en avant axée sur le potentiel productif de l’énorme bassin de main-d’œuvre que possède son pays. Même si le capital

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