La crise du 6 février 1934 vue par la presse
Dissertation : La crise du 6 février 1934 vue par la presse. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dancer16 • 25 Avril 2020 • Dissertation • 1 916 Mots (8 Pages) • 667 Vues
« La crise du 6 février 1934 vue par la presse »
Les grandes lois de la IIIe République ont un objectif commun : faire des Français des citoyens éclairés attachés à la République. Avec la loi de 1881 sur la liberté de presse, elle veut susciter le débat d’idées, tandis que l’école fait reculer l’analphabétisme. Les journaux se multiplient donc et deviennent, grâce au progrès technique qui en baisse le prix, un média de masse. C’est pourquoi, pour étudier la crise survenue dans les années 1930, il est judicieux de s’intéresser aux journaux de cette époque. Nous avons donc deux documents qui sont tous deux des unes de journaux de cette époque, en l’occurrence le 7 février 1934, le lendemain de la crise. Le premier est la une du journal L’Action Française. Ce journal, fondé en 1908, a pour directeur Charles Maurras qui est également le chef du mouvement monarchiste Action française. Étant d’extrême droite, L’Action Française est totalement méprisante envers la Gauche et la République, et affiche ainsi son antiparlementarisme et son antisémitisme. Au contraire, Le Populaire est lui, un des journaux les plus emblématiques de la gauche. En 1927, Léon Blum prend la tête de la rubrique politique du journal, ce qui lui a permis de collaborer avec les grandes personnalités du socialisme français. Afin de comprendre le rôle que la presse a joué dans la crise du 6 février 1934, nous allons d’abord nous intéresser à l’évolution de la presse jusqu’à cette période pour ensuite rappeler le sens de cette crise et confronter les documents entre eux afin d’analyser cette crise du point de vue de la presse.
Nous pouvons commencer l’évolution de la presse vers 1880. En effet, nous pouvons considérer cinq grandes périodes concernant les médias et son évolution ; l’enracinement républicain (1894-1914), la première guerre mondiale et son après (1914-1930), l’entre deux guerres jusqu’à la seconde (1930-1945), l’après seconde guerre mondiale (1945-1968) et l’après Trente Glorieuses (1968-à nos jours). En effet, les médias (tout moyen de diffusion écrit ou audiovisuel) ont connu de nombreuses évolutions suivant le cours des événements historiques. Nous nous intéresserons qu’aux trois premières périodes étant donné que notre contexte est celui des années 30.
La liberté et l’essor de la presse commence donc en 1881, où une loi établit la liberté de la presse. De nouvelles techniques de fabrication, les progrès de l’alphabétisation et l’amélioration des transports ferroviaires facilitent la création et la diffusion de journaux dans tout le pays. Jusqu’en 1914, la presse détient le monopole de l’information. Une presse d’opinion (l’opinion publique étant des convictions considérées comme émanant de la majorité de la population) se crée ainsi, la presse offre une tribune à toutes les nuances politiques, de gauche (l’Humanité de Jaurès, l’Aurore de Clémenceau), du centre (Le Temps), de droite (La Libre Parole de Drumont, l’Action Française de Maurras). Vient durant cette période, « L’Affaire Dreyfus », une crise politique majeure. La publication de la lettre « J’accuse », au président de la république le 6 janvier 1898 à la une de l’Aurore ouvre l’« Affaire Dreyfus ». L’opinion se mobilise pour ou contre, les débats sont largement relayés dans les journaux.
A partir de 1914, la condition de la presse est vue comme un « accroc » dans la démocratie. En effet, la Grande Guerre s’accompagne d’un retour à la censure de l’information pour ne pas briser l’élan national et l’Union sacrée. La presse relaie les communiqués officiels ou participe à la propagande nationale (Le Petit Parisien). A partir de 1916, la presse se « libère » grâce à une presse contestataire qui dénonce les outrances de la propagande (Le Canard enchaîné), et les soldats créent leurs propres journaux dans les tranchées (Le Crapouillot). A la fin de la guerre, la profession de journaliste s’organise (création de leur syndicat en 1918). La presse écrite se modernise (photographie, couleur). Avec les crises politiques ou économiques et les tensions internationales, la presse conserve une grande influence.
La période 1930-1945 peut, elle, être définie comme la fin de l’âge d’or de la presse. En effet, de nouveaux médias arrivent. Dans l’entre-deux-guerres, la radiodiffusion (TSF) et les informations dans les salles de cinéma concurrencent, bien que timidement encore, le monopole de la presse ; 10% des Français possèdent un poste de radio en 1932, 56% en 1939. L’Etat contrôle les radios publiques (Radio Paris), mais des stations privées (Radiola) se multiplient. Vient donc la crise du 6 février 1934. Au début des années 1930, l’antiparlementarisme prend de l’ampleur. Ligues et partis politiques s’affrontent dans des campagnes de presse virulentes (antisémites, xénophobes, diffamatoires). Les articles deviennent donc des instruments à part entière du débat politique ; caricature des hommes au pouvoir, dramatisation volontaire du propos, violence des titres. La crises politique du 6 février marque l’apogée de la défiance d’une partie importante des citoyens face au dysfonctionnement des institutions. La manifestation devant le Palais-Bourbon à Paris, orchestrée par des ligues d’extrême droite et d’anciens combattants dont la presse se fait l’écho, dégénère en émeute et affrontements avec les forces de l’ordre. Les organisations de gauche diffusent alors la thèse d’une menace fasciste en France. De plus, cette crise a provoqué la chute du gouvernement Daladier. Plus tard, en juin 1940, la presse est désorganisée par la débâcle et dès l’armistice, la censure est établie. Les médias passent sous le contrôle allemand et de Vichy et diffusent la propagande. Les mouvements de résistance publient des journaux clandestins (Libération, Combat…) tandis que la BBC retransmet depuis Londres les messages « Les Français parlent aux Français ». La IIIe République représente donc l’âge d’or de la presse.
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