La crise de Cuba vue par trois caricatures

LNC85 / F. BRAUD

La crise de Cuba : une crise majeure et un tournant dans la Guerre froide

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Caricatures d’Opland (néerlandais) sur la crise cubaine (20 et 22 avril 1961)

« Corrida des Caraïbes. Après la corrida des Caraïbes (fin du premier tour) ... et le taureau a vécu heureux pour toujours ... »

Présentez ces documents en les replaçant dans leur contexte historique, puis, montrez qu’il évoque une crise majeure et un tournant dans la guerre froide.

Il s’agit de trois caricatures mettant Cuba au cœur de la Guerre froide. Celles d’Opland (caricaturiste néerlandais) évoquent l’épisode célèbre de la Baie des cochons (17 au 19 avril 1961) sous les titres de Corrida des Caraïbes (20 avril 61) et Après la corrida des Caraïbes (fin du premier tour) – 22 avril 61. Celle de Leslie Gilbert Illingworth est intitulée Kennedy et Khrouchtchev et est parue dans le Daily Mail le 29 octobre 1962 à la fin de la crise des missiles de Cuba (14 au 28 octobre 1962).

Cuba est une île indépendante mais sous la domination des Etats-Unis d’Amérique (EUA) qui en profite économiquement en maintenant le dictateur Batista au pouvoir. Mais, en 1959, Fidel Castro (et Che Guevara) le renverse(nt), mettent en œuvre une réforme agraire de nationalisation des plantations de canne à sucre qui met à mal les intérêts des firmes états-uniennes et instaurent dans l’île un régime se rapprochant de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) … à 150 km des côtes de la Floride.

Aussi, très vite, les EUA fomentent un renversement de Fidel Castro. Mais face à la menace soviétique, l’invasion prévue est laissée aux seules mains d’émigrés anticastristes. Dans la 1ère caricature d’Opland (20 avril 61), l’arène (île de Cuba dans laquelle se déroule le combat) est le lieu d’affrontement entre les anticastristes (lance-roquette Made in USA) et Cuba (Castro en taureau non armé) sous les encouragements (Hoy !) de John Fitzgerald Kennedy (JFK), président des EUA, de dos et les protestations (il frappe avec sa chaussure comme lors d’une intervention à l’ONU) de Nikita Khrouchtchev (NK), dirigeant de l’URSS, de face. Ce débarquement est un échec comme le prouve la 2ème caricature (22 avril 61) sur laquelle on voit l’anticastriste évacué, sans doute d’un coup de corne, par le taureau Castro. On pensait assister à la mise à mort du taureau (la fin du Cuba communiste de Castro) et c’est sa victoire que célèbre NK (Hoy !). Opland semble quelque peu contradictoire en écrivant que le taureau a vécu heureux pour toujours et que ce n’est que la fin du premier tour.

En effet, l’affrontement n’est pas terminé. L’année suivante en 1962, le 14 octobre, des avions américains repèrent sur l’île des rampes de lancement de missiles nucléaires (installées par l’URSS) capables d’atteindre en quelques minutes les EUA et la capitale Washington. Une crise s’ouvre alors. Dans la caricature d’Illingworth, on voit JFK et NK faire un bras de fer (nucléaire). Chacun est assis sur une bombe atomique ennemie reliée un bouton sur lequel s’apprête à appuyer l’adversaire. Nous sommes en présence d’une illustration symbolique de la Guerre froide (1947, doctrines Truman et Jdanov, et 1991, implosion de l’U.R.S.S.) et de son danger : l’imminence d’une guerre mondiale et nucléaire lors de la crise de Cuba.

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