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Dans quelle mesure « le dissentiment » entre Jaurès et Guesde est-il issu d'une divergence doctrinale dans une période de « croissance du parti socialiste » ?

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Par   •  22 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 936 Mots (8 Pages)  •  460 Vues

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        Pendant les élections législatives de 2022, des désaccords, au sein du Parti Socialiste, concernant l’instauration d'une alliance avec la France Insoumise sont dévoilés. Cette rivalité du mouvement socialiste n'est pas la seule qui a subi le parti. Le discours politique prononcé par Jean Jaurès lors d’une conférence contradictoire avec Jules Guesde à l’hippodrome de Lille, illustre une autre dissension du socialisme. Il s'adresse aux 8000 partisans du parti afin de faire entendre ses arguments à faveur du socialisme réformiste. Jean Jaurès est un homme politique défenseur du socialisme et de la république. Il est né au sein d'une famille bourgeoise d’industriels du textile et il a donc profité d'une bonne éducation. J. Jaurès est élu député de 1893 à 1898 et de 1902 à 1914. En 1902, il participe à la fondation du Parti Socialiste Français et en 1904 crée le journal l´Humanité. Ce discours est déclamé le 26 novembre 1900, soit deux mois après le Congrès socialiste de Wagram du 28 au 30 septembre 1900. Au lendemain des évènements ayant marqué la IIIème République, telles que l’échec de la Commune en 1871 ou l’affaire Dreyfus de 1894 à 1899, le socialisme français développe une polarisation idéologique au sein de son parti.

        Il conviendra alors de se demander : Dans quelle mesure « le dissentiment » entre Jaurès et Guesde est-il issu d'une divergence doctrinale dans une période de « croissance du parti socialiste » ?

        Dans cette perspective, nous verrons tout d’abord la différente conception du socialisme entre Jean Jaurès et Jules Guesde. Puis, nous étudierons le clivage du parti en raison de l’affaire Dreyfus. Enfin, il conviendra d’analyser le « dissentiment de tactique et méthode » expliqué par Jaurès au long de son discours.

                                                        *

        Le discours « les deux méthodes » met en évidence la différente conception du socialisme entre Jean Jaurès et Jules Guesde.

        Cette dissemblance est issue des divers courants idéologiques, plus particulièrement du socialisme réformiste et du socialisme révolutionnaire.

        La première, représentée par Jean Jaurès, souhaite privilégier la loi pour porter une transformation sociale dans un contexte capitaliste. La courante réformiste vise faire triompher les idées du socialisme non par l’opposition continue mais par des moyens légaux, tels quels les réformes. Jaurès fait référence à ce principe réformiste lors de son discours : « il n’est pas possible […] que le Parti Socialiste doit toujours être un parti d’opposition » (ligne 12). Il qualifie cette conception du socialisme comme « équivoque » et « singulièrement dangereuse » (l.13)

        Toutefois, le socialisme révolutionnaire, représenté par Jules Guesde, est largement inspiré par la doctrine Marxiste. En autres mots, il est avant tout fondé sur la lutte de classes qui doit se faire en rupture totale avec le gouvernement capitaliste. Selon cette courante, l'État est un organisme de domination de classe. Pour sa part, Jaurès a une vision inverse, pour lui « l’État n’exprime pas une classe, il exprime le rapport des classes, je veux dire le rapport de leurs forces » (doc1). De plus, le socialisme révolutionnaire se présente comme « un parti d’opposition » (l.12), contrairement au socialisme réformiste.

        Ainsi, la différente interprétation du socialisme, entre J. Jaurès et J. Guesde, a fait l’objet d'une séparation au sein du Parti Socialiste.

*

        Le déroulement de l’affaire Dreyfus a exposé un clivage à l’intérieur du Parti Socialiste.

        Cet évènement bouleverse durablement la société française en la divisant entre les dreyfusards, les partisans de Dreyfus, et les anti-dreyfusards, les opposants. Le Parti Socialiste n'a pas été exclu de cette séparation sociale, comme le démontre Jaurès : « Le dissentiment existait déjà, il s’était déjà manifesté à propos de l’affaire Dreyfus » (l.10). En effet, Dreyfus, capitaine alsacien de profession juive de l’armée française, est accusé injustement d’espionnage pour l’Allemagne. En 1894, la France est encore profondément marquée par la guerre franco-prussienne, mais surtout par la perte de l’Alsace et la Lorraine. Dans ces conditions, le pays fait face à une forte montée du nationalisme français mais aussi de l’antisémitisme. De plus, l’engagement de célèbres intellectuels, tels quels É. Zola ou É. Duclaux fait que l’affaire Dreyfus devient une affaire de l'État.

        Les partis politiques et leurs divers courants se positionnent. Pour ce qui concerne le Parti Socialiste, on aperçoit un spirit vivement dreyfusard de la part du socialisme réformiste. En effet, la défense de Dreyfus attire particulièrement l’attention de Jean Jaurès. Il considère que l’affaire relève « [la] menace [du] retour de toutes les forces du passé » (l.21) et que c'est son devoir de défendre « la liberté républicaine [et] la liberté de conscience » (l.22) quand elles sont en danger. Dans son discours, Jaurès fait un parallèle entre « les atroces querelles religieuses » (l.24), entre catholiques et protestants, du XVIème siècle et l’affaire Dreyfus. Il même responsabilise l’église du retour de l’antisémitisme en France « les vieux préjugés ressuscitent les haines de races » (l.23). Les fortes convictions de Jaurès, par rapport à l’affaire Dreyfus, ont fait l’objet de nombreuses désaccords politiques. Notamment « la censure avec exclusion temporaire de la chambre de députés » (doc.2) lors d'une de ses interventions en faveur de Dreyfus le 24 décembre 1894.

        La courant socialiste révolutionnaire, quant à lui, reste indifférente face à l’affaire Dreyfus. Les partisans de cette doctrine, comme Guesde, ne se sentent pas très concernés par cet évènement. En effet, pour certains révolutionnaires, Dreyfus est perçu comme un ennemi du socialisme puisqu’il est un bourgeois et un militaire. Cependant, Guesde n'est pas à faveur de l’antisémitisme, au contraire il le critique lors d'une conférence en 1894, en disant : « l’antisémitisme réveille les souvenirs sanglants des divisions passées, malgré le masque socialiste dont il peut s’affubler, il est jugé » (doc 3)

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