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Processus de civilisation de Norbert Elias

Chronologie : Processus de civilisation de Norbert Elias. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Mars 2016  •  Chronologie  •  4 070 Mots (17 Pages)  •  1 842 Vues

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L’âge classique - I. Le processus de civilisation         et la société de cour [pic 1]

Thèse du sociologue Norbert ELIAS (1897 – 1990)  

Uber den Prozess der Zivilisation (La civilisation des mœurs et Dynamique de l’Occident)

Sa thèse : La société de Cour (1933 mais pas publié avant 1963 trad. 1969)

La Société des Individus (1987)

Biographie

Né en 1897 à Breslau (Pologne). Il est juif, son père appartient à la petite bourgeoisie, il est un entrepreneur dans le textile. Etudes classiques. A 18 ans, éclate la guerre, il passe de l’école à l’armée ; il s’occupe de l’entretien et la réparation de lignes de transmission. Il traverse la guerre, en 17 il est aide-infirmier et sera démobilisé en 1919. Il est marqué. Il entreprend des études de médecine et de philosophie. Il s’y consacre à fond. Il s’installe à Heidelberg, poursuit la fac, c’est là qu’il découvre la sociologie. Il fait une thèse avec Alfred Weber. En 1930, assistant, il se consacre à la thèse sur la société de cour. En 1933 alors qu’il allait soutenir sa thèse, il fuit le régime nazi, passe en Suisse, à Paris puis à Londres en 1935. Il écrit Uber den Prozesss der Zivilisation, il recherche et publie en 1939 son livre en 2 tomes. Il perd son père puis sa mère en camp de concentration. En 40, il est interné à l’île de Man, il en sort pour Cambridge et vivra en Angleterre 30 ans. Il passe 2 ans comme professeur de sociologie au Ghana. Il publie la société de cour en 1969. Il meurt à 93 ans en 1990.

Il est sensible, lit les romantiques, rejette le milieu bourgeois de ses parents. Il s’estime appartenir au groupe des marginaux, exclus, bannis. Il se dit de gauche mais ne milite pas. Il a été marqué par la guerre et la montée de l’antisémitisme. Il fait une ethnographie de la société nazie, il est pris dans le maëlstrom de l’histoire et veut en sortir comme dans le conte de Poe indemme car détaché, « engagement et distanciation ». Il semble qu’il ait fui, refoulé la violence de l’histoire en prenant comme sujet d’étude un thème historique et sociologique, la société de cour, un refoulement de ses traumatismes.

Une sociologie des configurations sociales, une description de la civilisation comme processus, sans début ni fin, ouvert, aveugle. Une configuration sociale se définit par

  • Une morphologie sociale en un lieu et un temps donné
  • La structuration sociale ou le système institutionnel et les relations de pouvoir et de dépendance
  • La structuration psychique ou les structures du comportement et de la personnalité.

Pour comprendre les origines du monde moderne, il faut remonter à la Renaissance car les structures sociales et politiques subissent des changements profonds qui se manifestent à travers la consolidation et la concentration du pouvoir au sein des grands cours princières. Elias commence par faire l’ethnographie de la cour, il l’étudie comme une société, un groupe d’individus avec ses habitudes, ses représentations et ses croyances propres. Il se transporte dans le temps (il prend la cour de Louis XIV à Versailles comme modèle) et non dans l’espace pour étudier ce moment dans le processus de civilisation.

Un processus à considérer dans sa globalité pas en isolant les facteurs (refus d’une mono explication du changement social) comme la technique mais en s’attachant aux changements observables au niveau de l’économie psychique, pulsionnelle, affective, émotionnelle ; les manières de se comporter, de ressentir, de se représenter le monde. Il étudie les manières de vivre en société dans le détail de la vie quotidienne, les traités de savoir-vivre portent la trace des changements. Comment faut-il se comporter dans la bonne société ? les bonnes manières à la table, comment se moucher, satisfaire les besoins naturels, se moucher, cracher, dormir. Comment s’organisent les relations sexuelles dans la bonne société. Comment se règlent les conflits, comment se gèrent les sautes d’humeur, d’agressivité ?  Sa recherche est très cohérente mais son parcours chaotique ne favorise pas une bonne réception de ses œuvres. Son projet est de déconstruire les notions de culture, de civilisation pour montrer qu’il s’agit non d’un état mais d’un processus, une dynamique historique qu’il faut penser dans le temps long de l’histoire comme une évolution des structures psychiques, mentales et affectives des individus et celles des structures sociales et politiques des groupes qui les forment. Son intention est de dépasser l’individualisme de Weber (il rejette l’idée d’individus atomisés entrant en interactions) et le holisme durkheimien qui rate l’explication des comportements, des manières de sentir, de représenter le monde. Parler de la société, parler de l’individu c’est en fait parler de la même chose sous deux angles différents et complémentaires. Pas d’individu sans société, pas de société sans les individus qui la composent et qui la transforment. L’histoire lui apparaît comme une succession inachevée de configurations relationnelles particulières. Pour rendre compte d’une société, il ne suffit pas de statistiques sur la répartition des emplois et des revenus, il faut surtout connaître les représentations réciproques de chaque groupe. Il faut une vue synoptique de la dynamique sociale.

Dans le processus de civilisation qui concerne l’Occident (il le considère comme un objet sociologique sans le juger), il voit d’abord l’émergence de la forme Etat qui réussit la pacification des relations interindividuelles par la monopolisation de la violence légitime. L’Etat structure le territoire, rend possible la monétarisation, l’économie marchande, l’urbanisation, la croissance de la population, l’intensification de la division du travail. La royauté joue un rôle essentiel dans ce processus de civilisation.

Il étudie la société de cour et plus précisément le système mis en place par Louis XIV qu’il étudie comme une configuration sociale soit un réseau, un ensemble de relations d’interdépendances dans un jeu réglé dynamique structuré principalement entre le monarque et la bonne société (l’honnête homme, l’ensemble des courtisans). Pour des raisons qui tiennent aussi bien à son histoire personnelle qu’au contexte d’insurrection (la Fronde) et de guerre religieuse qui menace constamment sa personne et l’ensemble de ses sujets, Louis XIV met en place à partir de 1661 la société de cour. Tous les acteurs y compris lui-même sont pris dans un jeu de contraintes extrêmement strictes, de rituels (étiquette et logique de prestige) qui imprègnent en profondeur les comportements. La vie à Versailles est organisée comme un spectacle à la gloire du roi. Versailles lui-même est un spectacle jouant avec les éléments (le château, les jardins). Les dépenses somptuaires, les chasses, les réceptions, les ballets, feux d’artifice, pièces, opéras etc. tout doit participer à la grandeur du roi. Le roi n’a plus de vie privée, toute sa vie est spectacle : cérémonie du lever par exemple. Les courtisans sont attirés, ils s’agglutinent à Versailles pour mendier un titre, une gratification, une bonne parole … Leur intérêt est en jeu, il y a une rationalité de cour, un jeu d’interdépendances dans lequel sont pris tous les acteurs. Le Roi impose une étiquette, il impose une manière de se tenir, de parler, de s’habiller, de se divertir etc. La contrainte se mue en auto-contrôle. L’individu réfrène ses pulsions, ses instincts, il intériorise la contrainte qui d’imposée devient progressivement naturelle, signe de grand-goût. Ces nouvelles manières se développent dans toute la société sur longue période par curialisation (généralisation du comportement de cour).

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