Le mouvement chartiste en Grande-Bretagne, un « pré-socialisme » ?
Dissertation : Le mouvement chartiste en Grande-Bretagne, un « pré-socialisme » ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Luc DUCE • 2 Octobre 2018 • Dissertation • 1 691 Mots (7 Pages) • 678 Vues
Le mouvement chartiste en Grande-Bretagne, un « pré-socialisme » ?
- La Grande-Bretagne dans la première partie du XIXe siècle a été le théâtre d’un changement économique et social sans précédent. Friedrich Engels déclara d’ailleurs que « ce qu’il se passait en Grande-Bretagne était comparable au bouleversement politique de la Révolution Française de 1789 ». En effet le Royaume-Uni rentré dans la Révolution industrielle depuis la fin du XVIIIe siècle et va connaître d’énormes changements notamment au niveau de l’organisation territoriale, de la structure sociale à travers la démographie croissante et l’évolution des rapports entre les classes. L’organisation du territoire est complètement bouleversée et cela passe par la création de « villes noires » comme Manchester ou Birmingham qui sont caractérisés à la fois par une surpopulation et une grande insalubrité. Dans ce contexte où les conditions de travail des ouvriers étaient inhumaines, avec des salaires extrêmement bas et des journées de douze à seize heures, emploi d’enfants dans les mines et les logements déplorables la question sociale pouvait qu’émerger à travers le mouvement chartiste.
- L’expression « pré-socialisme » pose la question de l’essence même de ce qu’est le socialisme aujourd’hui c’est-à-dire « une théorie visant à transformer l’organisation sociale dans un but de justice entre les hommes au plan du travail, de la redistribution, de l’éducation, du logement, etc. » (Larousse édition 2015)
Ce contexte nous amène à nous poser les questions suivantes : Quelles ont été les grandes évolutions de la question sociale en Grande-Bretagne dans la première partie du XIXe siècle ? Comment le chartisme s’impose t-il comme un des premiers « mouvements de classe » du monde contemporain ?
En d’autres termes peut-on parler du chartisme comme initiateur du socialisme ou suit-il une évolution différente ?
I / La naissance du mouvement chartiste, la naissance de la cause sociale.
A / La montée d’une classe ouvrière
En effet la population anglaise connaît une expansion sans précédent dans son histoire, elle passe de 7 millions d’habitants en 1750 à 14 millions en 1820 et 23 millions en 1860. La population ne ressent pas le progrès que la Révolution industrielle devrait apportée, malgré la croissance économique et le statut mondial du Royaume-Uni, la majorité de la population ressent au contraire une régression, notamment à cause de l’emploi de main d’œuvre ouvrière non qualifiée au détriment des qualifications artisanales traditionnelles.
La société anglaise est complètement bouleversée, la proportion d’ouvrier augmente considérablement, ainsi de nombreuses personnes accèdent à la précarité et à des conditions de travail inhumains.
Cela donne une société encore plus divisée car l’écart entre pauvre et riche va s’accentuer. L’apparition d’une ségrégation urbaine en est l’exemple le plus flagrant entre les quartiers bourgeois et les quartiers populaires. Dans une ville nouvelle comme Manchester on trouvait environ 60 % d’ouvriers dans une ville plutôt bourgeoise.
L’idée de classes sociales progresse chez les propriétaires industriels comme dans les classes laborieuses.
B / Politique publique non-représentative de l’évolution de la population
La baisse des prix touchant les propriétaires, le Parlement très majoritairement composé de grands propriétaires terriens, vota en 1815 les lois sur le blé (Corn Laws) interdisant toute importation de blé tant que le prix d’un quarter ne dépassait pas 80 shillings, ce qui a pour effet de soutenir ces prix. La contrepartie de ces prix élevés était la paupérisation croissante du peuple, en particulier des ouvriers sans qualification. La « corn law » sera le premier contexte de l’agitation démocratique. De plus en 1815, le système électoral ne prend pas en compte l’évolution de la population depuis la Révolution industrielle. Ainsi la représentativité à la Chambre des communes n’a rien d’uniforme. Le suffrage n’était pas du tout représentatif car les électeurs subissaient les pressions de leur patron, qui imposait son candidat. Ensuite certaines villes avec un poids économiques et démographiques nouveaux n’avaient pas de représentants à la Chambre des communes comme Manchester qui était alors l’une des villes avec le plus fort taux de croissance. Le point culminant fut le massacre de « Peterloo » en 1819 à Manchester, lors d’un rassemblement qui visait non pas la tyrannie des nouveaux aristocrates de l’industrie, mais une nouvelle hausse arbitraire des impôts indirects
On voit ainsi dans le pays se former des associations d’ouvriers notamment en 1831 ou s’est formé la National Union of the Working Classes and Others qui possèdent déjà toutes les caractéristiques du mouvement chartiste.
II / Le mouvement chartiste.
D’où, entre autres, la forme chartiste que prit le mécontentement social. La naissance du chartisme ne peut pas être simplement datée de 1832 ; il résulte des effets combinés de 1832 et de la réaction grandissante aux mesures législatives du gouvernement whig.
- / People’s charter
William Lovett est le secrétaire de Working Men’s Association qui a été formé en 1836 et qui est composé exclusivement d’ouvrier. Il est le rédacteur de la charte des peuples. Trois personnes sont à l’origine du mouvement en tant que tel William Lovett, Bronterre O’Brien et Benbow, ils sont considérés par Édouard Dolléans dans son livre « le Chartisme » comme trois aspects du socialisme respectivement : l’ouvrier autodidacte, le bourgeois jacobin et le petit bourgeois démagogue. En réunissant dans un même mouvement de révolte toutes catégories de travailleurs, le Chartisme va dégager en ceux-ci la conscience que leurs intérêts sont communs. Par l’action, la classe nouvelle va faire l’expérience de sa force. La Charte populaire fut adoptée en 1838, à l'initiative de l'Association des travailleurs londoniens. Elle réclamait le suffrage universel masculin, un juste découpage des circonscriptions électorales, l'abolition de l'obligation d'être propriétaire pour être éligible, des élections législatives annuelles, le vote à bulletin secret et l'indemnité parlementaire. Le contenu de la Charte est donc politique. La mutation est effective. La Charte recueille 1 280 000 signatures en un an.
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