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Fin de l'empire carolingien

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Par   •  20 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  4 924 Mots (20 Pages)  •  2 354 Vues

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Hunka Lucie, Théo Soret

Histoire Médiévale

La fin de l’empire carolingien vue par Réginon de Prüm

Ce document fut écrit par Réginon de Prüm dans son œuvre Chronicon. Notre auteur, Réginon de Prüm, est un chroniqueur et canoniste né dans l’actuelle Allemagne, ou plutôt dans l’empire carolingien. Né en 842, il reçoit une formation au monastère de Prüm avant de devenir moine et d’être nommé abbé en 892. Cette nomination survient après la mise à sac de l’abbaye de Prüm par les Danois. Réginon de Prüm sera déchu de ses fonctions et partira pour l’abbaye de Saint-Maximin de Trèves. C’est d’ailleurs dans cette abbaye qu’il rendra l’âme en 915. Notre auteur a écrit l’Histoire du monde du début de l’ère chrétienne à l’année 906. Son Histoire, connue sous le nom de Chronicon, est divisée en deux tomes, le premier allant de l’an 0 à l’année 741 et le second tome allant de l’année 741 à 906. Il base son œuvre sur la tradition orale, mais aussi sur des sources nouvelles comme celle des sources bretonnes permettant un accès à des nouvelles sources. Une fois mort, les écrits de Réginon de Prüm seront repris par un moine, Adalbert, en 967, et la chronique sera compilée au XVIème siècle. Cette chronique est dédiée à Adalbéron d’Augsbourg, moine bénédictin puis évêque d’Augsbourg, connu pour avoir été le conseiller d’Arnulf de Carinthie (roi de Germanie de 887 à 899 et empereur d’Occident de 897 à 899). Mais Adalbéron d’Augsbourg est  surtout connu pour avoir été le précepteur de Louis l’Enfant, dernier empereur Carolingien. Notre auteur participe également à la rédaction du droit canonique, dans lequel les questions de sorcelleries et de possessions diaboliques sont traitées. Réginon de Prüm, même s’il écrit une histoire plus ou moins détaillée selon les époques, reste une base importante dans l’étude du haut Moyen Âge. Les Carolingiens, au fil des successions, ont su édifier un empire colossal (plus de 1,2 millions de kilomètres carrés). Dès la prise du pouvoir par cette famille aristocratique, ils ont su s’attirer la bienveillance de l’Eglise de Rome en la personne du pape, mais aussi le soutient des évêques de Francie. Ce qui explique que notre auteur est imprégné de nostalgie envers le pouvoir carolingien, pouvoir ayant voulu unifier les rites de l’église dans son empire. Cette homogénéisation de l’Église franque s’inscrit dans ce que les historiens ont appelés la renaissance carolingienne.

Il est alors possible de se demander comment l’auteur montre-t-il que les années 887 – 888 sont un  symbole de remise en question de l’autorité royale et impériale carolingienne?

Pour répondre à cela, il sera important de s’intéresser au règne de Charles le Gros et d’essayer de comprendre s’il est possible d’y voir un affaiblissement de la dynastie carolingienne, afin de pouvoir ensuite étudier la ‘crise de succession’ qui touche les royaumes de l’empire après le règne de Charles le Gros.

I:Le règne de Charles le Gros: un affaiblissement de la dynastie carolingienne?

A: L’empire de Charlemagne réunifié…:

Lorsqu’à la ligne 22, Réginon de Prüm évoque « les royaumes des Francs », il fait là allusion aux royaumes qui constituaient l’empire de Charlemagne. En effet, quand Charles III le Gros est appelé en 884 pour régner sur le royaume de Francie, il règne déjà sur la Germanie. A partir de 884, Charles le Gros est donc à la tête de l’empire de son arrière grand-père, Charlemagne. Réginon explique alors que les royaumes qui forment cet empire « lui [à Charles le Gros] avaient échu très facilement, rapidement, sans guerre et sans contestation » (l. 23 – 24). Effectivement, c’est par le biais du hasard que Charles le Gros s’est retrouvé à la tête de l’empire franc quasiment réunifié, puisqu’il ne manque que la Provence qui est aux mains du comte Boson. A la mort en 876 de Louis le Germanique, le royaume de Germanie est divisé entre ses trois fils, Carloman, Louis le Jeune et Charles le Gros. Cependant, Carloman meurt rapidement, en 880 et Louis le Jeune en 882. Ainsi, en 882, Charles le Gros règne sur les royaumes de ses frères, ce qui le place alors comme roi de Germanie et d’Italie puisque Carloman avait hérité du royaume d’Italie à la mort de leur oncle Charles le Chauve en 877. Il n’a mené aucune campagne militaire ni usé d’une quelconque force pour se placer à la tête de ces territoires. Ces derniers lui échurent de manière légale et pacifique, puisqu’il en a hérité à la mort de ses frères aînés. De la même façon, il est placé sur le trône de Francie pacifiquement, sans avoir eu à mener une politique volontaire pour s’approprier le royaume. Il fut simplement appelé par les grands de Francie pour régner sur ce royaume. Louis III et Carloman, les fils aînés de Louis II le Bègue, règnent conjointement sur le royaume de Francie Occidentale à partir de 879. Cependant, le règnes sont cours puisque Louis III trouve la mort en 882 et Carloman peu de temps après, en 884. Logiquement, d’après le schéma héréditaire qui s’est d’ailleurs appliqué en Germanie comme il a été vu, le royaume de Francie aurait dû revenir à Charles le Simple en 884, dernier fils de Louis II le Bègue. Cependant, ce dernier n’est alors qu’un enfant et les grands du royaume refusent une régence. C’est pourquoi ces grands décident alors de faire appel à Charles le Gros. C’est donc par le biais d’héritage et de bonne fortune que Charles le Gros a réuni l’ancien empire de Charlemagne. Réginon met d’ailleurs en avant cet aspect de la réunification de l’empire en précisant que « ses prédécesseurs [de Charles le Gros] avaient acquis [les royaumes de Francs] à grand peine et grand massacre » (l. 22 – 23). S’il précise cela, c’est parce que la dynastie des Carolingiens se caractérise par de nombreux partages de l’empire, comme le partage de Verdun de 843, mais aussi par de nombreuses guerres entre les différents rois. Il est possible de prendre pour exemple la guerre qu’il y eut entre les fils de Louis le Pieux suite à sa mort en 840 où deux camps militaires s’affrontaient, Lothaire et Pépin II d’un coté, Louis le Germanique et Charles le Chauve de l’autre. C’est d’ailleurs ce conflit qui mena au partage de Verdun déjà évoqué. En 855, à la mort de Lothaire Ier, sa partie du royaume est divisée entre ses trois fils. Pépin Ier ainsi que son fils Pépin II étant déjà décédé, respectivement en 838 et 848, l’empire de Charlemagne est divisé entre cinq rois de deux générations différentes: les deux derniers fils de Louis le Pieux, Louis le Germanique et Charles le Chauve, et les trois fils de leur frère décédé, Lothaire Ier. C’est pourquoi la réunification pacifique de tous les territoires de l’empire de Charlemagne qui a lieu sous le règne de  Charles le Gros est considérée comme si importante, si particulière. Après des années de divisions et de guerres, l’empire est finalement à nouveau uni et est sous les ordres d’un Carolingien. De plus, si les grands de Francie ont choisi Charles, c’est parce qu’il est Carolingien et qu’il règne déjà sur la Germanie et l’Italie. Il leur est apparu comme étant plus apte à diriger leur royaume que Charles le Simple. Cependant, la difficulté à régner de Charles le Gros va rapidement se dévoiler.

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