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La violence cas

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Par   •  4 Mars 2016  •  Dissertation  •  3 140 Mots (13 Pages)  •  792 Vues

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La violence

La violence domine toute l’histoire de l’homme et de l’humanité. Elle semble omniprésente dans notre société.  Pour s'en convaincre, il suffit d'ouvrir un journal.

Depuis plusieurs années, des observateurs attentifs évoquent une  recrudescence de la violence dans le monde contemporain. Cependant, nous aurions du mal à trouver dans l’histoire une période ou une civilisation exempte de toute violence. 

Mais qu’est-ce que « la violence en tant que telle » ? A sa prétendue omniprésence ne correspond pas une définition. Son extension est aujourd’hui considérable et défie sans doute tout recensement : des incivilités aux massacres, des grossièretés au terrorisme, du crime passionnel à la torture, de la pédophilie à la révolution. La traque du terme compte, sur l’espace de quelques années, une foule de livres, de numéros spéciaux de revues, de films (reportages et fictions), de rencontres, de débats et autres colloques, pour ne rien dire de l’exhibitionnisme quotidien des médias écrits, parlés et visuels.

La violence présente une polysémie extrême au sens où elle inclut des actions très variées et changeantes. On parle de violence à propos d’échanges de coups, d’injures et d’agressions verbales, du crime, de  la guerre ou de la torture. Cet aspect multiforme ne manque pas de produire une large inflation du terme. Les multiples glissements sémantiques aidant,  la violence évoque aussi tout mouvement excessif et même l’expression de douce violence fait florès. Mais est-il légitime de parler d’un regard violent ou encore de la violence du vent ? La violence ne suppose-t-elle pas une intention de nuire et une atteinte physique infligée à la victime. Il serait plus approprié de parler de la puissance du vent et d’un regard agressif. Assimilations et amalgames fleurissent, même les inégalités économiques sont décrites comme des violences sociales.

Pour couronner son ambigüité, elle sert aussi des causes légitimes lorsqu’elle réplique à une  violence première, celle de l’oppression et de l’aliénation. Sous cette forme d’une contre violence contestataire, elle s’insurge contre diverses formes d’exploitation comme l’esclavagisme ou la tyrannie politique. L’homme qui se livre à la violence n’est donc pas systématiquement un individu s’abandonnant à l’arbitraire et à la déraison.

Mon propos ce soir ne sera pas d'examiner l’ensemble, tout l'univers de la violence, ni d'illustrer toutes les situations d'où elle peut jaillir, cette tâche reste infinie. Je limiterai la violence à l’usage individuel ou collectif de la supériorité physique sur autrui, à la contrainte exercée sur une personne par l’abus de la force.

La violence est synonyme d’agressivité à outrance. Elle a la même étymologie que “violer” c’est-à-dire, enfreindre les limites, abuser. La violence consiste à agir sur l’autre ou à le forcer, contre sa volonté, en utilisant la force physique ou psychique. Faire preuve de violence, c’est tenter d’atteindre son but en utilisant la force pour contraindre l’autre. Mais pour que l’on parle de violence, il faut l’intention justement d’enfreindre les limites. Blesser quelqu’un par inadvertance n’est pas un acte de violence. Le frapper volontairement, même à cause d’une perte de contrôle, constitue au contraire un acte de violence.

Des manifestations de violence se succèdent sans discontinuité depuis le néolithique jusqu’à notre modernité. La Bible présente, tout au long de ses récits, des discours et des images de violence depuis le meurtre d’Abel par son frère Caïn. Les Psaumes eux-mêmes citent la guerre, en faisant appel au Dieu universel, Père de l’humanité, pour détruire les méchants, dans des actions souvent militaires. La Bible annonce d’entrée que le rapport premier et naturel de l’homme à son prochain est un rapport de force, de pouvoir, de domination, de violence. La Révélation de la Loi, en premier chef les Dix Commandements, a pour fonction de limiter cet instinct de domination.

Tout comme l’animal, l'homme est doté d'instincts par lesquels il se conserve et se perpétue et peut-être violent si quelque chose porte atteinte à sa condition de vie.

Pourtant, une différence de taille existe entre la violence animale et la violence humaine : L’animal ne choisit pas d’être violent ou non violent. On ne dira pas qu’un lion a été violent avec une gazelle, il est doux ou agressif selon que les impératifs vitaux le réclament ou non. Les animaux n’ont qu’un pur rapport instinctif avec la violence, ils se battent parce qu’ils sont en rut, ou bien pour se nourrir  mais demeurent dans un comportement statique et immuable vis-à-vis d’elle. Seul l’homme peut faire preuve de violence gratuite et de cruauté, alors que les conditions du milieu ne le demandent pas pour s’adapter, lui seul peut être  capable de créativité et d’imagination en la matière ; l’histoire des appareils de torture suffirait amplement, s’il était nécessaire, à en témoigner.

La violence gratuite apparaît donc comme le propre de l’homme : l’homme est le seul à vouloir faire usage de la violence qu’il peut décliner sur divers modes, qu’ils soient physiques ou psychologiques.

Faut-il en déduire que l’homme est violent par nature et qu’il serait un loup pour l’homme ? Comme l’affirme Thomas Hobbes dans son « Léviathan » en 1651.

Pour Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), la réponse ne fait aucun doute : l’homme naît bon, c’est la société qui le pervertit. Deux siècles plus tard, réponse à peu près similaire d’Henri Laborit (1914-1995) dans  « L’éloge de la fuite » publié en 1976 «  l’agressivité n’est pas innée chez l’homme, c’est la société qui le rend agressif ».

Selon  Hobbes, l’état de nature est le pire qu’il soit. Ce qui caractérise l’homme c’est qu’il est un être de désirs.

En effet, les besoins «  manger, dormir » trouvent leurs solutions évidentes pour les assouvir. Mais il n'en est pas de même des désirs, qui sont indéterminés. L'Homme, par nature, ne sait pas quoi désirer. Ainsi, ses désirs s'identifient à ceux des autres, par pur mimétisme. Ce que désire l'autre devient désirable. Or, la violence provient de la concurrence des désirs portant sur des objets semblables et résulte du plaisir ressenti à rivaliser avec autrui et à le priver des biens convoités. L'état de nature est un état perpétuel de guerre qui permet aux plus forts d'écraser les plus faibles. Il pense que, s’il n’y a personne pour les en empêcher, les hommes ont tendance à s’entretuer. Il explique que les hommes sont tous poussés par leurs désirs. Ils cherchent à améliorer leurs conditions et avoir toujours plus de puissance afin de conserver celle qu’ils ont déjà acquises. Pour y remédier, il ne voit qu’une seule solution : créer un pouvoir tout-puissant qui puisse imposer sa loi et faire régner l'ordre nécessaire à la survie des faibles.

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