La prostitution en France de 1850 à 1914

La prostitution en France de 1850 à 1914

Souvent tabou, la prostitution génère un vif intérêt au cours de la seconde moitié du XIXe et au début du XXe siècle. Grandement évoquée et étudiée en littérature et dans les sciences, la prostitution apparait bien souvent à cette période comme un problème social, à l’encontre des mœurs, de l’hygiène, de la santé et des lois, mais qui paradoxalement connait au même un certain essor.

Tout au long du XIXe siècle, Paris est considérée comme « le bordel de l’Europe », de nouveaux lieux de prostitution officiels et officieux, émergent et avec eux une semi-tolérance de la société envers les prostituées qui restent pour la plupart marginalisées et soumises à la surveillance des fonctionnaires de police.

Partiellement tolérée, la prostitution est sujet à controverse, opposant règlementaristes et abolitionnistes. Néanmoins le commerce sexuel reste florissant. Les mutations touchant le domaine social, démographique et économique ainsi que l’évolution des mœurs influent sur l’essor de la prostitution dans la société française et modifient fortement le milieu prostitutionnel. Un milieu qui fait souvent partie intégrante de la vie des hommes, qu’ils soient ouvriers, bourgeois ou aristocrates, ces derniers financent la prostitution, à différentes échelles et lui permettent de prospérer.

Quant aux prostituées, leur condition est étroitement liée à celles des femmes françaises, à la condition ouvrière et à la hiérarchie sociale de cette époque et à son évolution. Qu’elles soient clandestines, courtisanes, tenancières, femme galantes ou demi-mondaines, ces femmes, qui appartiennent pour beaucoup au milieu populaire, peuvent connaitre, grâce à leur métier une ascension sociale fulgurante.

Ainsi, nous sommes amenés à nous demander dans quelles mesures la prostitution reflète et témoigne des évolutions économiques et sociales de 1850 à 1914 ?  Afin de traiter cette problématique nous verrons dans un premier temps que la prostitution reflète par de nombreux aspects la hiérarchie sociale de ce temps, en outre, que la prospérité de la prostitution s’appuie sur diverses évolutions pour enfin évoquer les facteurs en défaveur de la profession.

PLAN :

1. La prostitution, reflet de la hiérarchie sociale.

1. La condition des prostituées

• Les différentes causes de la prostitution, pourquoi les femmes se prostituent ?
• Quelle place entretiennent-elles dans la société ?

1. La « Pyramide prostitutionnelle »

• Une forme de hiérarchie entre différents groupes de prostituées.
• Une hiérarchie qui suit le même schéma que celui du modèle de la société française : prolétariat/bourgeoisie/aristocratie.
• Une ascension sociale rendue possible grâce à la prostitution dans certains cas.

1. Les clients des prostituées

1. L’impact des évolutions de la société française sur la prostitution

1. Les facteurs économiques

• L’enrichissement de la population est un facteur d’influence.

1. Les facteurs urbains

• Croissance des villes et développement urbain sont des facteurs d’influence
• La ville permet plus de rencontre économico-sexuelle que la campagne ou tout le monde se connait.
• Les grands travaux haussmanniens
• Apparition de nouveaux lieux de la prostitution.

1. Les facteurs démographiques

•  Les mouvements migratoires des hommes célibataires
• L’exode rurale.

1. Les facteurs en défaveur de la prostitution.

1. Entre tolérance et restriction.

• Les maisons closes et les visites médicales.
• Les lieux d’enfermement des prostituées.
• Les sanctions pénales de la prostitution.
• Les prostituées inscrites et les clandestines.

1. Opposition entre réglementaristes et abolitionnistes.

• Les abolitionnistes pour la l’abolition de la prostitution.

1. L’hygiénisme et épidémie.

• Contre la prostitution

Conclusion : Ainsi, le milieu prostitutionnel, fluctuant entre période de tolérance et de restriction, témoigne des changements importants connus par la France de 1850 à 1914. L’essor que connait la prostitution pendant cette période a été possible grâce aux mutations économiques, démographique et technologique mais a également été frêne par l’influence grandissantes des médecins et hygiénistes (impulsée par les avancés de la médecine), par l’épidémie de syphilis et par le mouvement abolitionniste qui soulève la question de la place encore assez importante de la religion, du souhait de la garantie des « bonnes mœurs » et de la place encore confinée et très règlementée de la femme dans une société en pleine mutation.

La période dans laquelle nous nous plongeons est marquée par l’émergence d’une nouvelle hiérarchie sociale se reflètant notamment dans la prostitution.  

Mais avant d’évoquer les différentes « classes sociales » présentent chez les prostituées, j’aborderai tout d’abord la condition de ces dernières.

Les statistiques faisant part du nombre de prostituées en France sont assez imprécis.

Les prostituées de la période qui nous intéresse sont pour la plupart issues de classes modestes, voire très modestes. Pour éviter d’être ouvrière certaines femmes décident de se prostituer. Nous pouvons distinguer 2 parcours de femmes : d’un côté, des femmes issues des classes populaires, elles sont la plupart du temps célibataires et commencent à se prostituer tôt, souvent après avoir été ouvrière ou après un apprentissage.

D’un autre coté des femmes issues de milieu relativement bourgeois se lançant dans le commerce sexuel en tant que femme-galante (un statut assez élevé chez les prostituées) après avoir été marié. Ce phénomène est assez minoritaire mais démontre néanmoins que la prostitution n’est pas toujours une échappatoire à une misère économique. En effet, elle peut également être liée aux conditions d’asservissement des femmes et au fait que le mariage est à cette époque, une union particulièrement contraignante pour une des parties du couple. Certaine femme bourgeoise n’ayant pas la possibilité de gérer leur revenu, déposséder de leur dote, ne possédant aucune formation professionnelle et aucune famille décident ainsi de se prostituer.

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