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La correspondance Hussein-McMahon

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Par   •  21 Novembre 2015  •  Étude de cas  •  1 744 Mots (7 Pages)  •  973 Vues

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Correspondance Hussein-McMahon

I - Traduction

Première lettre de Hussein à McMahon, le 14 juillet 1915

        La nation arabe demande au gouvernement de Grande-Bretagne, si cela lui convient, l'approbation, par ses députés et représentants, des propositions fondamentales suivantes:

        Premièrement, l'Angleterre doit reconnaitre l'indépendance des pays arabes, bordés au nord par Mersine et Adana à une latitude de 37°, où se trouve Birijik, Urfa, Mardin, Midiat, Jezirat (Ibn 'Umar) jusqu'à la frontière de Perse; à l'est, par les frontières de la Perse jusqu'au Golfe de Bassorah; au sud par l'Océan indien, à l'exception d'Aden qui reste à sa place actuelle; à l'ouest par la Mer rouge, la Mer Méditerranée jusqu'à Mersina. L'Angleterre doit approuver la proclamation d'un califat arabe de l'islam.

Réponse de McMahon à la deuxième lettre de Hussein, le 24 octobre 1915

        Je regrette que vous ayez eu l'impression dans ma dernière lettre que je considérais la question des limites et des frontières avec froideur et hésitation: tel n'était pas le cas mais il m'était apparu que le temps n'était pas encore venu de discuter de cette question de manière conclusive.

        Je me suis rendu compte, cependant, à la lecture de votre dernière lettre, que vous considérez cette question comme étant d'une importance vitale et urgente. C'est la raison pour laquelle, je n'ai pas perdu de temps pour informer le gouvernement de Grande-Bretagne du contenu de votre lettre et c'est avec grand plaisir que je vous communique en son nom, la déclaration suivante, que j'en suis sûr vous recevrez avec satisfaction:

        Les deux districts de Mersine et d'Alexandretta et les parties de Syrie s'étendant à l'ouest des districts de Damas, Homs, Hama, et Alep ne peuvent pas être considérés comme étant purement arabes et doivent être exclus des limites demandées.

        Avec cette modification, et sans causer de tort aux traités que nous avons déjà établi avec les chefs arabes, nous acceptons ces limites.

        En ce qui concerne les régions à l'intérieur de ces frontières, où la Grande-Bretagne est libre d'agir sans porter préjudice aux intérêts de son allié, la France, j'ai le pouvoir au nom du gouvernement de Grande-Bretagne de donner les assurances suivantes et de répondre de cette manière à votre lettre:

        Au sujet des vilayets de Bagdad et Bassorah, les Arabes reconnaîtront que la position établie et les intérêts de la Grande-Bretagne nécessitent des arrangements administratifs spéciaux de manière à protéger ces territoires d'agression étrangère, de promouvoir le bien-être des populations locales et de garantir nos intérêts économiques mutuels.  

Troisième lettre de Hussein à McMahon, le 5 novembre 1915

        [...] 1. Afin de faciliter un accord, de rendre service à l'Islam, et d'éviter dans le même temps, tout ce qui pourrait lui causer troubles et épreuves, et en prenant en compte notre grande considération pour les qualités et dispositions distinctes du gouvernement de Grande-Bretagne, nous renonçons à notre insistance de l'inclusion des vilayets de Mersine et Adana dans le royaume arabe. Cependant, les deux vilayets d'Alep et de Beirut ainsi que leurs côtes sont purement des vilayets arabes et il n'y a pas de différence entre un musulman et un arabe chrétien; ils sont tous deux les descendants du même ancêtre. [...]

        2. En ce qui concerne, les vilayets irakien qui font partie du royaume arabe pur, et étaient le siège du gouvernement au temps d'Ali ibn Abu Tablib, ainsi que de tous les califes qui lui ont succédé; en eux a débuté la civilisation des Arabes, et ces villes étaient les premières construites en Islam quand le pouvoir arabe est devenu si grand; ainsi, elles sont considérablement valorisées par les arabes, de près et de loin, et leur traditions ne peuvent être oubliés par eux. Par conséquent, nous ne pouvons satisfaire les nations arabes et les faire abandonner un tel titre de noblesse. Mais de manière à rendre un accord facile, et à prendre en considération les assurances mentionnés dans le cinquième article pour garder et conserver nos intérêts mutuels dans ce pays, en tant que un et même, pour toutes ces raisons nous devons accepter de laisser sous l'administration britannique pour un court temps ces districts actuellement occupés par les troupes britanniques.

III - Explication

1 - "(...) England to acknowledge the independance of the Arab countries (...) with the exception of the position of Aden to remain as it is." (l. 9-10)

Si Hussein, dès le départ, n'intègre pas Aden dans sa requête, c'est parce qu'il est conscient du fait que la Grande-Bretagne ne lui cèdera pas un telle zone stratégique, de part son port, qui est sous son contrôle depuis 1839 de la même manière que le Canal de Suez. Il s'agit plus particulièrement d'une route maritime qui intéresse les Britanniques, allant de Suez à l'Extrême Orient, passant par Singapour et Aden. Cette route est considérée comme la grande route des communications et des échanges commerciaux, leur permettant d'accéder aux Indes et est donc absolument vitale pour l'économie britannique. Notamment, depuis la présence de Muhammad Ali en Egypte et son expansion qui ne cessait de s'étendre, les Britanniques étaient inquiets de ne plus pouvoir entretenir de communications avec les Indes et l'Extrême-Orient. De plus, le port d'Aden est considéré comme le meilleur port de la région. Toutes ces raisons économiques et stratégiques font que Hussein ne demandera pas Aden aux Britanniques, qui est en leur possession, dans son projet de création d'un grand royaume arabe.

2 - "The two districts of Mersina and Alexandreta and portions of Syria lying to the west of the district of Damascus, Homs, Hama and Aleppo cannot be said purely Arab, and should be excluded from the limits demanded." (l.22-24)

Il s'agit ici d'un nouveau concept mis en exergue par McMahon, suite à une réunion d'experts britanniques au Caire. La ligne revendiquée par Hussein, Damas-Homs-Hama-Alep représenterait la limite entre l'arabité et le levantinisme. Selon eux, toute cette partie du Levant, en se rapprochant du littoral syrien notamment, ne contient pas de vrais arabes, puisque cela a plutôt tendance à être une région à la fois francophone et chrétienne. De ces faits tirés, ils concluent que ces provinces ainsi que la Palestine ne peuvent être considérées comme purement arabe et doivent être exclus du royaume arabe que Hussein envisage de former. C'est une manière de sous-tirer à Hussein des portions du royaume, de peur qu'il englobe une trop grande partie du monde et devienne trop puissant, mais aussi de préserver les intérêts occidentaux dans cette région, notamment les zones d'influence de la France en Syrie.

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