La France et l'Indochine (1940-1954)
Dissertation : La France et l'Indochine (1940-1954). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lily Machet • 2 Décembre 2020 • Dissertation • 3 065 Mots (13 Pages) • 902 Vues
La France et l’Indochine (1940-1954)
Introduction :
Une affiche de propagande datant de 1943 sur laquelle il est possible de lire « Français, tu dois libérer l’Indochine de l’hydre japonais » nous permet une première compréhension de la position française en Indochine durant la Seconde Guerre mondiale. On y voit un dragon blanc et rouge (symbolisant le Japon), enserrant l’Indochine française et un appel aux Français en bleu, blanc rouge pour aller délivrer la zone de la tutelle japonaise instaurée en 1940. Elle présente son intervention dans le pays en 1943-1944 comme une intervention de libération du territoire national.
En effet, l’Indochine territoire de l’Empire colonial française est fondée en 1887, suite à la réunion de colonies et protectorats français dans la région d’Asie du Sud-Est. Elle se compose ainsi des colonies de la Cochinchine (la première conquise sous le Second Empire, en 1958), des protectorats du Laos, du Cambodge, d’Aman et de Tonkin, et du territoire à bail chinois du Kouang-Tchéou-Wan. D’abord sous le nom officiel d’Union d’Indochine (jusqu’en 1941) puis de fédération indochinoise, l’Indochine n’est pas une colonie de peuplement (contrairement aux colonies d’Afrique du Nord) mais plutôt une colonie d’exploitation (car la zone est riche en matières premières). Ainsi, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, la France, pays d’Europe occidentale et deuxième puissance colonisatrice, bénéficie d’une mainmise sur la région, très attachée à cette colonie et aux richesses qu’elle lui fournit. Pourtant, durant l’entre-deux guerres déjà, un mouvement nationaliste se développe en Indochine, où les idées de Sun Yat-sen et le marxisme recueillent un certain écho. En 1927 est ainsi créé un parti nationaliste vietnamien et trois ans plus tard, le parti communiste vietnamien avec à sa tête Hô Chi Minh qui lance un appel le 18 février 1930 pour développer le programme d’action du parti et dont le premier point souligne la volonté de « renverser l’impérialisme français ». Puis, dès 1939, la France s’enlise dans un nouveau conflit contre l’Allemagne, qui aboutit à sa défaite en 1940. Cette date constitue le termine ante quem de notre étude car la défaite française conduit les Japonais, alliés des Allemands, à envahir l’Indochine et la mettre sous leur tutelle. Quant au termine post quem, l’année 1954 sera retenue pour les accords de Genève. Ceux-ci mettent fin à la guerre d’Indochine, débutée sept ans plus tôt et proclament la création de deux Etats indépendants. Le sujet nous incite à nous interroger sur les relations entretenues entre la France et l’Indochine durant cette période définie.
Tous ces éléments nous conduisent alors à nous poser la question suivante. Comment, dès 1940, la France qui perd son influence en Indochine avec la mise sous tutelle japonaise tente d’y réinstaller sa suprématie dès la fin de la guerre mais se heurte aux mouvements d’indépendance qui l’enlise dans une guerre couteuse et difficile dont elle ne sortira pas vainqueur ?
Pour répondre à cette problématique nous étudierons dans un premiers temps les relations entre l’Indochine et la France durant la Seconde Guerre mondiale, caractérisée par l’occupation japonaise de la colonie. La fin de la guerre et la capitulation du Japon nous amènera à nous pencher sur une seconde période englobant les années 1946 à 1948. Elle correspond à des tentatives d’accords pacifiques, à l’escalade des tensions entre la France et le Vietnam et au début de la guerre d’indépendance. Enfin, nous verrons comment entre 1948 et 1954 le conflit évolue et s’internationalise dans un contexte de guerre froide, et comment les accords de Genève aboutissent à l’Indépendance de la région, marquant la fin définitive de la présence française dans la région.
- 1940- JUIN 1945 : LA FRANCE, PUISSANCE COLONIALE AFFAIBLIE EN INDOCHINE A CAUSE DE L’ENLISEMENT DANS LA 2GM
- La mise sous tutelle de l’Indochine par le Japon au début la 2nde guerre mondiale : le pouvoir de la France en Indochine se délite malgré un une tentative pour maintenir le lien entre population locale et France.
Le 22 juin 1940, la France vaincue signe l’armistice à Rethondes, au profit des allemands. Profitant de cette défaite sur son territoire national, le Japon, membre de l’Axe et allié des Allemands adresse un ultimatum à la France le 19 septembre 1940. Par la signature de la convention de Haïphong le 22 septembre, Vichy autorise alors les forces japonaises à pénétrer au Tonkin et leur cèdes un certain nombre de points sur la rive gauche du fleuve rouge ainsi que des terrains d’aviation au nord du territoire. Le Japon s’engage en contrepartie à respecter l’intégrité du territoire indochinois et la souveraineté de la France. Ainsi, malgré une présence en armes, le Japon laisse l’administration française maintenir l’ordre dans la région. C’est donc l’amiral Decoux, fidèle pétainiste, qui gouverne l’Indochine entre 1940 et 1944 tout en collaborant avec les Japonais (station de troupes, usage de bases militaires, livraisons de denrées…). Mais il tente aussi de resserrer les liens avec les populations indigènes, pour mieux les arrimer à la France (écoles indigènes, usage du quoc-ngu dans l’administration, recrutement d’élites indigènes…).
Et bien qu’en apparence le Japon respecte initialement le traité, il favorise dès 1941 le développement de l’agitation indépendantiste, (s’inscrivant dans la continuité de son action depuis le début du siècle). C’est d’ailleurs en cette même année que le Viet-Minh, organisation politique et paramilitaire est créée par le parti communiste Vietnamien. Elle s’engage dans la lutte contre Vichy au nom de l’indépendance du Vietnam.
La souveraineté de la France se trouve par la suite de nouveau affaiblie par plusieurs vagues d’avancements de l’armée japonaises dans le territoire. Une convention franco-nipponne signée en juillet 1941entraine l’installation de nouvelles garnisons japonaise dans la colonie. En novembre, l’Indochine française est coupée de toute relation avec le territoire national et le 8 décembre, les troupes japonaises entrent dans Hanoï.
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