1945 libération de Bordeaux : les femmes tondues
Dissertation : 1945 libération de Bordeaux : les femmes tondues. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar anastasiabrun • 25 Mars 2022 • Dissertation • 935 Mots (4 Pages) • 629 Vues
Anastasia histoire 19-02-2022
Bonjour ;
Je m’appelle Anastasia j’ai 17 ans et je suis lycéenne en 1944. Ce que je vais vous raconter ce ne sont pas des exploits de guerre, pas d’actes héroïques. Non ce témoignage, appartiens à l’histoire mais avec un tout petit « h » car dans la victoire il y a aussi des heures sombres dont on ne parle jamais ou presque.
Nous sommes le mercredi 30 août 1944, depuis deux jours, la liesse populaire envahie les rues de Bordeaux, enfin libérée après quatre longues années d'occupation. L'immense espoir suscité par le débarquement des alliés le 6 juin 1944 devient réalité avec le départ des dernières unités allemandes. Les soldats et des maquisards défilent dans la rue, ma mère me dit "Ça y est, la guerre est finie" comme si d'un seul coup tout allait être transformé.
Tout, ou presque, il s’instaure dans cette liesse une idée, l’idée de la vengeance. « Les boches » sont partis, mais ceux et celles qui ont fraternisé, dénoncé, pactisé avec l’ennemi sont restés. Une chasse est ouverte la chasse aux « sorcières », la chasse aux « collabos ».
C’est l’été, la fête bat son plein on rit, on chante et on danse, je suis dans un groupe de copains et copines sur le Cours d’Alsace et Lorraine. Cette rue, c’est un symbole aux yeux des Bordelais, c’est le nom de nos provinces annexées par « l’allemand ». Près de l’intersection avec la rue Sainte Catherine nous apercevons un attroupement, je vois des hommes armés entrées dans les immeubles. Ce ne sont pas des soldats mais des « résistants », à priori, ils ont un brassard « FFI ». Que font-ils la guerre est finie pour nous ? Les allemands sont partis, que cherchent-ils ? Ils ressortent des immeubles en tirant par les cheveux des femmes, d’autres en frappant des hommes. J’entends scander « mort aux collabos ». Je ne comprends pas ma mère m’a dit que c’était fini la barbarie, la guerre, nous sommes libres et une nouvelle vie nous attend. Je dois savoir, le pourquoi de cette violence.
Une sorte de tribunal est installé au coin de la rue sur la remorque d’un camion. Des femmes et des hommes sont exposés à la foule en délire. Les femmes sont déshabillées, et avec une peinture rouge on leur dessine une croix gammée sur le front ou dans le dos. Pui, elles sont jetées nues dans la rue. Les hommes sont frappés à coup de crosse de fusil, à coup de pied quand ils sont au sol eux aussi ont droit à leur supplice. Une balle dans la tête et tout est réglé.
C’est sur les femmes que les représailles sont le plus perceptible. Ces représailles sont menées et exécutées exclusivement par des hommes, c’est aussi comme la réaffirmation et le retour d’un certain ordre, celui de la domination légitime et légitimée que les bons mâles (français et non plus étrangers) exercent sur les femmes et leur corps, cet objet éternel de fantasmes et d’inquiétude de ceux qui veulent asseoir et exercer leur pouvoir. Après avoir été jugée nue, ont les assois sur une chaise et ont les tond, parfois, elles sont même violées. Pourquoi tant de cruauté, de bestialité ? Ensuite c’est un cortège qui défile dans la rue, on les affiche comme des trophées de guerre, un panneau autour du cou, le drapeau de la France en tête de la procession. Celles qui sont récalcitrantes sont lynchées, et abattues. Qu’ont-elles fait ?
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