Loi et morale dans l'Athènes de l'époque classique
Dissertation : Loi et morale dans l'Athènes de l'époque classique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar GTardin • 20 Novembre 2018 • Dissertation • 2 174 Mots (9 Pages) • 1 340 Vues
La loi et la morale dans l’Athènes de l’époque classique
La loi athénienne est un sujet essentiel dans l’étude de l’histoire du droit occidental, bien que dans l’histoire de la vie politique, surtout de la démocratie. Dans ce contexte, plusieurs principes qui sont présents aujourd’hui ont été développés, comme la laïcisation ou la publicité de la loi. En effet, c’est à l'Athènes de l’Antiquité qui est née la réflexion théorique des lois.
Le droit athénien apporte une énorme évolution par rapport aux droits développés précédemment au proche orient: il est enfin séparé de la religion. Cependant, il ne constitue pas encore une science autonome comme le droit romain sera. En fait, la caractéristique essentielle de la loi athénienne est son lien indissociable avec la morale. La loi en Grèce, même laïcisé, continue à être sans cesse interpelé par la morale, avec laquelle les idéales se confondent.
La loi et la morale sont deux ordres normatifs qui s’expriment sous la forme de règles et prescriptions, soumis à une hiérarchie de valeurs. La principale différence entre les deux réside dans leurs objectifs et dans la forme de sanction qu’elles engendrent. Tandis que la loi vise assurer l’ordre sociale, la morale agit plus particulièrement sur la conscience de chaque personne, en visant le perfectionnement intérieur individuel. Quand une personne enfreindre une règle de droit, elle sera jugée et sanctionnée par une autorité légitime. En revanche, quand une personne ne suit pas une règle morale, la sanction est faite par elle-même, ayant effet seulement dans sa propre conscience.
La mise en relation de ces deux termes, bien que l’analyse de ses points communs, soulève une question fondamentale dans l’étude de l’histoire du droit: comment la morale se fait présente dans les lois athéniennes?
Afin de comprendre le rapport étroit entre ces deux éléments dans le contexte de l'Athènes de l’époque classique, il faut analyser le contexte de naissance de la loi et son développement (I). Ensuite, il faut aussi considérer les manières formulées pour garantir le respect à cet ordre (II).
I. Un acte politique
Dès sa naissance, la loi athénienne exprime une conscience politique très claire. Cela est évident quand on considère son cadre d’origine et son but (A), bien que la structure du système légal, qui permettait la participation de tous de manière très égalitaire (B).
A) La naissance
Dans l’Athènes du VIIème siècle av. J-C, la société traditionnelle fait l’objet de grands changements. C’est un moment de développement économique significatif, en aboutant l’émergence de la monnaie et l’ascension d’une classe social que ne s’est jamais démarquée auparavant: les marchands. Ce segment social, avec sa puissance croissante, demande son inclusion dans la scène politique, en menaçant le monopole aristocratique.
La loi athénienne nait au milieu de ces révoltes avec l’objectif d’apaiser les tensions. Les législateurs veulent mettre en terme les abus de pouvoir par les nobles, l’injustice et l’arbitraire dans ces actions et jugements. C’est donc évident que dès son principe la loi athénienne est douée d’une forte volonté politique et surtout morale.
La première législation est la loi sur l’homicide de Dracon. La publication des lois met en terme le monopole de la connaissance du droit en Grèce. C’est une mesure de protection du peuple aux injustices imposées par les nobles.
Ensuite, viennent les lois de Solon, au début du VIème siècle av J-C. Ces lois limitent les pouvoirs et privilèges de l’aristocratie, à travers plusieurs réformes importantes. Parmi elles, il y a l’enlèvement du fardeau, qui supprimait les dettes populaires, des changements dans le droit successoral qui comprenaient le morcellement des propriétés collectives des clans, une réforme politique qui enlevait le critère de naissance et fortune pour permettre l’accès de tous les citoyens à la magistrature et la création d’un tribunal populaire, le Tribunal d’Héliée.
Les lois de Solon reposent sur le principe de l’eunomia, qui sont désignées par le terme thesmos. C’est le principe du bon ordre, qui impose un équilibre dans le partage, et qui doit être garantie par une loi égale pour tous. Ce concept est essentiel dans le procès d’évolution des lois qui favorise la laïcisation des lois et l’inclusion des citoyens dans la scène juridique. Cette transition sera abordée dans la section suivante.
B) De Thesmos a Nomos: un système qui envisage à tous
Le changement de nom de la loi, de thesmos a nomos, n’est pas seulement un enjeu linguistique. Thesmos signifie « ce qui est établi », tandis que nomos désigne « ce qui est établi en partage ». Désormais, la création des lois appartient exclusivement aux hommes, effectuée par un processus qui se déroule d'une façon communautaire, en regardant l'intérêt de tous. L’ordre sera fondamentalement politique. Donc, c’est possible déclarer qu'en rencontrant la démocratie, la loi se laïcise définitivement.
Clisthène est une figure très relevant dans ce moment-là. Il met en œuvre des reformes importants qui visent instaurer la vraie démocratie. Remplace le principe de l'eunomia avec l’isonomia, qui désigne un ordre fondé sur l’égalité, et pas seulement sur l’équilibre. Dorénavant, les lois doivent être votées dans l’ecclesia, une assemblée législative. Cette nouvelle organisation juridique est conçue pour intégrer à tous, selon le principe de l’isonomia et l’isegoria, le droit égal de tous à prendre la parole dans l’ecclesia.
L’inexistence de juristes professionnels rend tous amateurs, dans un même niveau. Grâce à la reforme de Solon, même les citoyens des classes moins riches peuvent s’engager dans la politique et dans le procès législatif. Pour que quelqu’un se fasse remarquer et pour bien exposer ses idées, sa capacité de persuasion joue un grand rôle. Les sophistes, hommes qui forment un mouvement intellectuel qui pose d’un côté l’humanisme et de l’autre le scepticisme, se dédient à apprendre techniques de discours pour rendre les personnes plus convaincantes dans ces arguments.
...