Cours, D: Comment a évolué la vie politique française après le départ de de Gaulle ?

D – Comment a évolué la vie politique française après le départ de de Gaulle ?

1. Tableau des forces politiques françaises au début des années 1970

2. Comment la droite a-elle gouverné la France au cours des années 1970 ?

a) La présidence de Georges Pompidou (1969-1974)

Après la démission de de Gaulle en avril 1969, Georges Pompidou est élu Président de la République. Aucun candidat de gauche n’était parvenu au second tour de l’élection. Le candidat de la SFIO, Gaston Defferre avait réalisé un score catastrophique au premier tour, avec seulement 5% des voix. Pompidou nomme Jacques Chaban-Delmas, un gaulliste issu de la Résistance, Premier ministre.

Chaban-Delmas est porteur d’une volonté de réformer la société française, entravée par des blocages conduisant à de violentes réactions, comme Mai 68 en avait fait la démonstration. Chaban-Delmas propose une « Nouvelle Société » fondée sur une meilleure répartition des richesses. La croissance économique encore forte au début des années 1970, la modernisation de l’appareil industriel (ex : développement de l’aéronautique avec Concorde) doivent permettre de mieux répartir les richesses et ainsi de faire régner la justice sociale en France. L’idée est aussi de favoriser la mobilité sociale, de permettre à chacun, notamment par l’Ecole, de sortir de sa condition sociale d’origine. Il est cependant assez rapidement désavoué par Pompidou qui estime que sa politique est trop orientée à gauche et qu’elle risque de susciter une augmentation des revendications sociales en France, des grèves, des manifestations, bref qu’elle conduise au désordre. Pompidou nomme alors en 1972 un nouveau Premier ministre beaucoup plus conservateur en matière sociale, Pierre Messmer.

La mort de Pompidou en avril 1974 avant le terme de son mandat conduit à une nouvelle élection présidentielle. Face à une gauche rassemblée qui présente un candidat unique, François Mitterrand, la droite doit se choisir un candidat. Si Jacques Chaban-Delmas, candidat des gaullistes se présente, c’est Valéry Giscard d’Estaing, un libéral qui parvient au second tour de l’élection présidentielle face à François Mitterrand et qui gagne l’élection de justesse.

b) La présidence de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981)

Pour gouverner, Giscard doit s’appuyer sur une majorité parlementaire dans laquelle les gaullistes sont les plus nombreux. Il nomme donc la figure montante du gaullisme comme Premier Ministre, Jacques Chirac, Chaban-Delmas ayant été décrédibilisé par son élimination au premier tour de l’élection présidentielle. Quoique conservateur et libéral, Giscard d’Estaing entreprend une politique de modernisation de la société comme des institutions, dans un contexte économique défavorable marqué par le premier choc pétrolier consécutif à la guerre du Kippour (1973-1974). Sur les questions de société, il soutient Simone Veil, ministre de la Santé qui fait adopter grâce au soutien des députés de gauche son projet de loi sur la légalisation de l’avortement en 1975. Giscard fait rajeunir le corps électoral en abaissant la majorité de 21 à 18 ans. Sur le plan politique, il renforce les droits de l’opposition en faisant adopter une réforme de la Constitution en 1974. Désormais, un groupe de 60 sénateurs ou 60 députés, donc éventuellement membres de l’opposition, peuvent saisir le Conseil constitutionnel afin que celui-ci examine la conformité à la Constitution des lois adoptées par le Parlement avant leur promulgation par le Président de la République. Auparavant, seuls les présidents des assemblées en avaient le droit, ce qui empêchait l’opposition parlementaire de contester juridiquement une loi lui apparaissant comme contraire à la Constitution et à ses grands principes.

La présidence de Giscard d’Estaing se heurte cependant à deux difficultés. Il doit d’abord faire face à l’affirmation politique de son Premier ministre, Jacques Chirac qui est soutenu par les gaullistes majoritaires à l’Assemblée et qui se montrent souvent critiques à l’égard de la présidence de Giscard, même s’ils le soutiennent officiellement. En 1976, Chirac démissionne de son poste de Premier ministre pour mieux se préparer en vue de l’élection présidentielle de 1981 à la tête du parti gaulliste, le RPR. Les gaullistes veulent à tout prix placer l’un des leurs à la présidence de la République en 1981. Il doit ensuite faire face aux difficultés économiques croissantes que connait la France à la suite du choc pétrolier, celui-ci marquant la fin des Trente Glorieuses, la période de forte croissance économique que connaissait la France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le chômage augmente, l’inflation ronge le pouvoir d’achat des Français, bref le mécontentement s’installe.

3. Comment la gauche divisée s’est-elle rassemblée pour remporter l’élection présidentielle de 1981 ?

A la mort de de Gaulle (1970), la gauche était profondément divisée, donc faible sur le plan électoral. Face à la double logique de l’élection du Président de la République au suffrage universel direct et à celui des députés au scrutin uninominal majoritaire, seule l’union des différentes forces de gauche pouvait permettre l’alternance politique (cad le l’exercice du pouvoir par la gauche après la droite et inversement), la droite étant au pouvoir sans interruption depuis 1958. L’extrême-gauche s’excluant d’elle-même de toute alliance électorale, la question était de savoir sur quelles bases les socialistes et les communistes pourraient conclure une alliance.

En juin 1972, le PCF, le PS et le MRG ont conclu une alliance électorale, l’Union de la Gauche fondée sur

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