L’AFRIQUE PEUT-ELLE GAGNER LA BATAILLE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ?
Dissertation : L’AFRIQUE PEUT-ELLE GAGNER LA BATAILLE DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar konankevin98 • 1 Décembre 2019 • Dissertation • 9 671 Mots (39 Pages) • 822 Vues
INTRODUCTION
Le paradoxe africain relatif à l’insécurité alimentaire est saisissant. Quinze des vingt-deux économies qui ont connu la croissance la plus rapide dans le monde sont en Afrique. Et le continent lui-même affiche une croissance dépassant 5% en moyenne. Mais l’Afrique reste la région la plus vulnérable et la plus fortement soumise aux risques liés à la faim et à l’insécurité alimentaire. L'Afrique, berceau de l’humanité non seulement, a reçu sa première aide alimentaire depuis les années 50 mais encore, il est selon la FAO, le seul continent où le nombre absolu de personnes sous-alimentées a augmenté ces dernières années. Alors qu’on estime, que moins d’un africain sur cinq était sous-alimenté dans les années 90, ce chiffre est passé aujourd’hui à plus d’un africain sur quatre. De plus, sur les 41 pays du monde qui ont besoin d’une aide alimentaire extérieure, 31 sont africains (FAO, Août 2018).
De surcroit, l’insécurité alimentaire et les crises que celle-ci entraine se produisent malgré une abondance de ressources, y compris en eau et en terres. En dépit des énormes potentialités dont dispose le continent africain, il est depuis plusieurs années aux prises avec la faim et l’insécurité alimentaire. Face à cette situation de crise alimentaire qui perdure en Afrique, plusieurs stratégies ont évidemment été conçues en vue de mettre fin à cette endémie nutritionnelle qu'est l'insécurité alimentaire, mais les résultats restent tout de même mitigés dans l’optique de la réalisation de l’objectif qui consiste à « éliminer la faim et de faire en sorte que chacun, en particulier les pauvres et les personnes en situation vulnérable, y compris les nourrissons, ait accès toute l’année à une alimentation saine, nutritive et suffisante d’ici 2030 » (PNUD, 2018).
Dans quelle mesure l’Afrique peut-elle enfin relever le défi de la sécurité alimentaire ?
Ce continent pourrait relever ce défi majeur grâce à l’optimisation de ses énormes potentialités sous l’impulsion d’une dynamique de volonté politique, sociale et économique.
Dans la résolution de cette problématique, la présente étude se propose d’identifier les contraintes entravant l’atteinte de la sécurité alimentaire, de montrer les ressources de l’Afrique et enfin de suggérer des pistes de solutions.
Chapitre 1 : LES CAUSES DE L’INSECURITE ALIMENTAIRE EN AFRIQUE
Il est particulièrement préoccupant de constater qu’au XXIe siècle, il existe encore en Afrique des points chauds de la faim. En clair, le continent africain ne parvient toujours pas à assurer sa sécurité alimentaire. En ce sens que ce continent fait face à un certain nombre de contraintes qui plombent la réalisation de sa sécurité alimentaire. Les crises alimentaires que connait l’Afrique résultent de chocs conjoncturels (sociaux, politiques, économiques, climatiques etc.).
- Les causes socio- politiques de l’insécurité alimentaire
La poussée démographique et les politiques défavorables constituent des facteurs entravant l’atteinte de la sécurité alimentaire.
I.1. Une démographie galopante au prisme de l’insécurité alimentaire
La population de l’Afrique est passée de 186 millions à 856 millions d’habitants entre 1950 et 2010. Aujourd’hui, cette population est estimée à plus 1,216 milliards d’habitants, un chiffre qui devrait atteindre les 2 milliards d’habitants en 2050. Cet accroissement exponentiel de la population africaine a créé un fossé entre les besoins alimentaires des populations et la capacité de ressources disponibles à les satisfaire. Selon le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), nourrir 1,5 milliard de personnes en 2030 et 2 milliards en 2050 est un immense défi que doit relever le continent africain. En effet, il faut nourrir plus de bouches ce qui entraine un bouleversement des systèmes alimentaires. Une augmentation de la production agricole devient alors nécessaire ; il s’en suit l’adoption de nouveaux modes de production.
Dans certaines situations, l'agriculture paysanne, saine et respectueuse de l’environnement est remplacée par l’intensification agricole. Moins soucieuse de l’environnement, cette dernière épuise la terre ; elle favorise la concurrence pour les ressources naturelles et utilise des pesticides qui ne sont pas sans effets négatifs sur la santé des utilisateurs et des plantes, et la structure des sols ; elle pousse à la mise en culture de nouvelles surfaces qui ne sont pas toujours favorables à l’agriculture, ce qui entraine une réduction du rendement agricole à l'hectare. Les agricultures de types paysannes se trouvent ainsi marginalisées au détriment de l’agriculture intensive ; les paysans sont dépossédés de leurs terres et doivent défricher de nouvelles terres s’ils ne migrent pas vers les villes. Cet accroissement démographique se traduit également par un rajeunissement de la population. On estime à plus de 41% la population de l'Afrique âgée de moins de 15 ans, ceux de 15 à 24 ans représentent 20% de la population totale. Cette forte croissance démographique se traduira également par l’arrivée de 11 millions de jeunes, chaque année sur le marché du travail (FAO).
Bien que l’agriculture offre une opportunité pour les jeunes de sortir de la pauvreté, et d’améliorer leurs conditions de vie, ces derniers ne sont pas attirés par le secteur agricole. En effet, l’idée reçue par les jeunes en ce qui concerne les métiers agricoles est péjorative ; il est impensable pour eux qu’un diplômé d’université, après de longues études, se retrouve dans des plantations ; ils préfèrent travailler dans des bureaux climatisés et non sous le soleil entre les plantes. De plus, le manque de soutiens financiers, matériels, et les lourdeurs administratives découragent les jeunes diplômés à se lancer dans l’entrepreneuriat agricole. Il devient donc difficile pour « une agriculture » de nourrir une population qui, ne s'intéresse pas, ne s'implique pas dans la production de sa propre nourriture.
Une autre tendance démographique est le développement urbain extraordinaire que connait le continent africain. D’une région à une autre, les dynamismes sont différents ; l’urbanisation de l’Afrique du Nord et de l’Afrique australe, est nettement plus avancée ; avec un taux de population urbaine qui est de 59 % en Afrique australe et de 51 % en Afrique du Nord. L’Afrique de l’Est reste faiblement urbanisée avec environ 25 % d’urbains en moyenne pour la région. Au contraire, la dynamique d’urbanisation a été extrêmement rapide en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale ; près de 45 % et 42% respectivement pour l'Afrique de l'ouest et l'Afrique centrale (Fonds des Nations Unies pour la Population). Cette urbanisation rapide a comme conséquence indirecte le déplacement des populations rurales vers les centres urbains. Selon le NEPAD, au plus un africain sur 4 vivait en ville dans les années 80, ils sont aujourd’hui près de 2 sur 5. En milieu rural, l’activité des populations est tributaire de l'agriculture ainsi que du commerce, des services et des activités de transformation y afférents. Ce qui suggère que, la plus grande partie des revenus des pauvres ruraux proviennent d'activités liées à l'agriculture. De ce fait, toute détérioration dans la production agricole aura des incidences négatives sur les ruraux. Face à la « médiocrité » de l'agriculture en milieu rural et l’« opportunité » qu’offrent les zones urbaines avec le développement des industries, le départ vers les villes devient inéluctable pour des paysans à la recherche de conditions de vie moins défavorables. A long terme, cet exode rural aura un impact sur la sécurité alimentaire à travers une baisse de la production agricole globale du fait de la réduction du nombre d’agriculteurs.
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