Le rôle du chemin de fer dans la croissance économique au XIXe

Introduction :

Au début du 17e siècle, des chemins de fer miniers font leur apparition en Angleterre ; tirés par des chevaux, ces trains transportent le minerai et le charbon des mines jusqu’à l’eau. Mais ce phénomène bien qu’il fut une innovation intéressante n'eut pas de retentissement majeur avant le XIXe et l’apparition dans les années 1830 des premières locomotives, nouvelle innovation du siècle. A partir de cette date on peut en effet considérer que le chemin de fer a commencé un processus d’expansion croissant sur toute la surface du globe. Au même moment, on a assisté à une croissance économique, c'est -à -dire la variation positive du PIB d’une année sur l’autre, forte et stable de l’ordre d’au moins 2,5% sauf crises pendant le siècle dans les économies les plus avancées. Et l’on constate aussi que le développement important du chemin de fer s’est fait dans les pays où la croissance économique était la plus stable. Ainsi, il convient d’interroger cette double dynamique. Est-elle de l’ordre de la simple corrélation ou est-ce plus que cela ? Il conviendra de nous demander plus précisément : quel a été le rôle du chemin de fer dans la croissance économique ?

        Il s’agira de mettre en évidence le fait qu’il a induit une demande qui a contribué à la croissance avant d’observer qu’il a contribué à une amélioration de l’offre des biens. Nous terminerons néanmoins par mettre en perspective ce rôle positif dans la croissance économique.

1 - Le chemin de fer a contribué à la croissance économique en ayant un effet par la demande que sa construction et son bon fonctionnement ont induit.

1 - 1 Le chemin de fer a d'abord exercé une demande de ressources qui a contribué à la croissance.

• Le chemin de fer induit premièrement pour être construit une demande en acier et en fer, en Grande Bretagne, le boom ferroviaire absorbe entre 1830 et 1850 presque 20% de la production de fonte, et 40% de la production de fer. Ces deux industries sont aussi nécessaires pour les locomotives, les wagons, les rails, les ponts et les tunnels ce qui explique leur très forte contribution. Elle a donc été un débouché pour des industries vieillissantes.

• Mais, les mêmes effets d’entraînement ont lieu pour la construction mécanique nécessaires aux locomotives et les secteurs des travaux publics, du bâtiment et l’ensemble des matériaux de construction et du bois qui sont mis à contribution pour construire les gares et toutes les infrastructures d’entretiens que nécessitent le chemin de fer. Ainsi, en 1857, c'est ⅓ de la production britannique de briques qui est mobilisée par la filière.
• Enfin, les chaudières au bois des premières locomotives requièrent énormément de carburant et des stations de ravitaillement en bois sont nécessaires à intervalles réguliers tout le long de la ligne ce qui permet de créer davantage de mines.

1 - 2 Le chemin de fer a exercé une forte demande en main-d’oeuvre, en économie le facteur L a contribué

• La politique de grands travaux nécessitent de la main d’oeuvre

Les chemins de fer permirent aussi de vastes projets de construction qui employèrent des dizaines de milliers de travailleurs. Les compagnies ferroviaires avaient également besoin d'ingénieurs, de chauffeurs, de chefs de gare, de collecteurs de billets et, dans les gares, de porteurs, de préposés aux toilettes et de personnel pour les buvettes.

• La demande en main d’oeuvre crée elle-même d’autres besoins en main-d’oeuvre

Avec l'arrivée de travailleurs, souvent étrangers se posent des problèmes de logement, de ravitaillement, des rapports avec les habitants. Les villages et les bourgs voisins doivent abriter un personnel nombreux. Mais cela ne suffit pas ; il faut construire des baraquements, organiser des cantines.

Pour les chiffres, le chemin de fer a créé des emplois en GB :

• 56 000 en 1850, 4 % des actifs masculins travaillent dans la construction du chemin de fer.
• 250 000 employés en 1875
• 350 000 en 1890

1 - 3 Enfin la construction du chemin exerce une demande sur les capitaux

La construction du chemin de fer tant par sa demande en matières premières qu’en main d'œuvre est onéreuse et de ce fait il faut mobiliser de grandes sommes d’argent pour pouvoir le construire. Il a pu à cet égard créer un nouveau champ d’investissement sur les marchés financiers qui a permis de créer de la plus-value que l’on a pu réinvestir par la suite dans d’autres secteurs, de ce fait, il a exercé un troisième type de demande qui a contribué à la croissance économique.

Les compagnies de chemins de fer représentent ainsi à elles seules 60% de la capitalisation boursière sur la place de Londres entre 1834 et 1836.

Transition du 1 au 2 : de la demande à l’offre

Bilan : Les travaux colossaux nécessaires, l'amélioration des transports intérieurs ont contribué à considérer le chemin de fer comme ayant sauvé l'économie de la crise d’achèvement de la première phase de la Révolution industrielle entre 1830 et 1840. Les chemins de fer offrent ainsi des débouchés à des branches de la 1ère industrialisation en perdition dans certains cas : il a ainsi permis à la GB d’écouler sa surproduction métallurgique. Dans d'autres, la forte demande a boosté la production comme en France, ou la pénurie de rails a amené la production de nouvelles forges.

Ouverture : Toutefois, ce fut au cœur de la mondialisation, dans la séquence 1850-1914, que la fièvre de construction s’amplifia dans un mouvement de railway mania : le réseau mondial total passa de 35 000 km à 1 081 000 km. Cette séquence voit continuer voire s’amplifier les effets positifs sur la croissance économique liée à la demande que nous avons évoqué mais voit aussi naître d’autres phénomènes qui tiennent plus à la contribution à l’amélioration de l’offre permise par le train.

2 - Grâce à la mise en place de réseaux, le chemin de fer renforce l’offre qui contribue ainsi positivement à la croissance.

2 - 1 Le temps change, le train améliorer l'offre en la rendant plus rapide, il y a une amélioration de la productivité du capitale

Il permit d’atteindre des moyennes horaires jamais réalisées par l’homme auparavant. En 1863, un voyage express s’effectuait à une vitesse comprise entre 60 et 80 km/h, contre 12 km/h dans les meilleures conditions en diligence vers 1847, ce qui représentait une multiplication par 5 ou même 6 en moins de vingt ans. À partir de 1850, la Crampton atteint les 127 km/h. puis dans les années 1870, le système compound permit d’accomplir de nouvelles performances, (système où la vapeur agissait successivement sur plusieurs cylindres de diamètres inégaux)...

...