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En quoi la mémoire et l’histoire constituent-t-elles deux approches différentes du passé ?

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Par   •  1 Mars 2023  •  Cours  •  7 442 Mots (30 Pages)  •  616 Vues

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Thème 4 :

Histoire et Mémoire.

Introduction :

        La connaissance des violences de masse du XXe siècle occupe une place essentielle dans l’histoire contemporaine. Les conflits et leur histoire s’inscrivent dans les mémoires des populations et des territoires, nourrissant des aspirations à la reconnaissance des victimes. Dans ce contexte sont élaboré les notions de crime contre l’Humanité et de génocides, tandis que la justice pénale internationale tente de mettre en place des tribunaux pour juger mais aussi pour que se reconstruisent Etats et sociétés après les conflits majeurs. Comment s’articulent histoire, mémoires et justice au XXe siècle ?

I. Transmettre le passé : la différence entre Histoire et Mémoires

En quoi la mémoire et l’histoire constituent-t-elles deux approches différentes du passé ?

1. Transmettre le passé.

        L’histoire et la mémoire sont des formes différents et complémentaires de relation au passé. L’histoire cherche à produire un récit objectif des évènements. Ses objets et ses questionnements évoluent, mais se fondent sur des méthodes scientifiques qui permettent d’établir des faits en utilisant des archives et des sources différentes, confrontées à une étude critique.  

        

Travail Individuel :

  • Lire les repères 1 et 2 page 182.
  • Répondre aux questions fléchées sur les docs 1 à 4 pages 178-179.

1. Les « abus de la mémoire » : En quoi peut-t-il y avoir de mauvais usages de la mémoire.

        Ce texte de Tzvevan Todorov (1939-2019) met en garde contre l’obsession du passé qui empêche de vivre le présent, et contre l’instrumentalisation du passé par les politiques afin de justifier des torts. Il développe son argumentation en citant Paul Déroulède qui en disant « J’en sais qui croient que la haine s’apaise : Mais non ! L’oubli n’entre pas dans nos cœurs a conduit au massacre de la bataille de Verdun durant la première guerre mondiale.

2. La mobilisation des historiens contre les lois mémorielles : Pourquoi ce collectif d’historiens s’oppose-t-il aux lois mémorielles ?

        Ce collectif d’historiens s’oppose aux lois mémorielles parce qu’ils craignent une censure de l’Histoire ainsi que la menace d’une peine juridique plane sur eux s’ils ne respectent pas ces lois en faisant leur travail.

3. Les malentendus entre l’Histoire et la Mémoire : En quoi l’appel au devoir de mémoire peut-il se heurter aux exigences de la communauté historique ?

        Le devoir de mémoire peut se heurter aux exigences de l’histoire puisque la mémoire à une vision subjective et juge les faits quand l’histoire a un point de vu neutre et objetif et se contente de commenter et comprendre les faits.

4. Un devoir de mémoire envers les victimes : Pourquoi les Ukrainiens accordent-ils aujourd’hui une telle importance à la commémoration de l’Holodomor ?

  • Histoire et mémoire : 2 formes différentes et complémentaires de la relation au passé

1. L’histoire est une science humaine qui cherchent à produire un récit objectif des évènements

  • Elle cherche à établir des faits
  • Elle se fonde sur des méthodes scientifiques.  
  • Elle utilise des archives et des sources différentes (dont les mémoires), qu’elle confronte de manière critique.

2. La mémoire est un récit des témoins du passé (ou de leurs descendants), porté par des individus ou des groupes.

  • La mémoire est donc plurielle, subjective et évolutive. 
  • La mémoire peut occuper une grande place dans l’espace public (lieux de mémoire).
  • Lieu de mémoire : lieu, objet ou symbole participant à la construction d’une mémoire collective du passé.
  • Les affirmations mémorielles peuvent être source de tensions ou de conflits.
  • Ex : protestation coréenne pour obtenir la reconnaissance des « femmes de réconfort » (occupation nippone 2nd GM).

II. Les notions de crime contre l’humanité et de génocide et le contexte de leur élaboration

1. La 1ere moitié du XX est marquée par des violences de masse contre les populations civiles et par la prise de conscience d’un « crime sans nom ».

  • Génocide des Herero et des Nama (1904-1908) par les Allemands.
  • 80% du peuple herero et 50% du peuple nama vivant sur le territoire de l’actuelle Namibie ont été exterminés (soit environ 65 000 hereros et 10 000 namas) par les troupes des colonisateurs allemands dans le cadre d’une politique raciale qui accompagne le contrôle du territoire
  • Responsabilité allemande dénoncée à la conférence de Versailles (1919) → confiscation du territoire (mais pas de condamnation des coupables, ni reconnaissance des victimes)
  • 2021 : reconnaissance de ce génocide par l’Allemagne.
  • Génocide des Arméniens (1915-1916) par les Ottomans (1,2 millions de morts).
  • La conférence de Versailles préconise la création d’un tribunal internationale pour juger les criminels turcs, qui sont arrêtés…
  • … Puis rapidement libérés, pour participer à la construction de la nouvelle république de Turquie.  
  • La Grande Famine en Ukraine ou « l’Holodomor » (1932-1933)
  • Plus de 3 millions de morts, conséquence des réquisitions ordonnées par Staline lors de la collectivisation des campagnes en URSS.
  • Génocide des Juifs et des Tsiganes (1941-1945) par les Allemands (et les Autrichiens) : près de 6 millions de morts.

2. Crimes contre l’Humanité et génocide : nommer pour juger.

  • 1943 : les Alliés affirment la volonté de punir les criminels de guerre lors de la Conférence de Moscou.
  • Le procès des criminels nazis est organisé à Nuremberg, en invoquant 4 chefs d’accusation :
  • Complot
  • Crime contre la paix
  • Crime de guerre : assassinats, mauvais traitements, déportation de civils ou de prisonniers de guerre, pillages de biens publics ou privés et dévastations que ne justifient pas les exigences militaires.
  • Crime contre l’Humanité : assassinat, extermination, réduction en esclavage, déportation, et tout autre acte inhumain commis contre des civils, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, ayant un caractère systématique et planifié.
  • Le concept de crime contre l’humanité est formulé par le juriste Hersch Lauterpacht (1897-1960) : juriste britannique, juif d’origine austro-hongroise.
  • Ce concept sera repris lors du jugement des criminels japonais aux procès de Tokyo.
  • L’accusation de génocide n’est mobilisée ni à Nuremberg, ni à Tokyo (Lauterpacht s’y oppose).

  • Raphaël Lemkin (1900-1959) est l’auteur du concept de « génocide ».
  • Juriste polonais juif, il fuit les persécutions nazies et se réfugie aux Etats-Unis.
  • Certes, les nazis ont tué 49 membres de sa famille, mais c’est le génocide arménien qui est à l’origine de sa réflexion :
  • 1921 : Soghomon Tehlirian assassine à Berlin, Talaat Pacha (un des principaux artisans du génocide arménien). Jugé par un tribunal allemand, Tehlirian est acquitté.
  • Cet évènement marque le jeune étudiant en droit R. Lemkin, qui cherche à en savoir plus sur le génocide arménien.
  • 1933 : devenu procureur à Varsovie, il promeut auprès de la SDN l’idée d’un droit international humanitaire et d’une justice universelle contre la barbarie et le vandalisme.
  • 1944 : publication de son ouvrage (Axis Rule in Occupied Europe, La domination de l’Axe dans l’Europe occupée).
  • Il accole deux termes :
  • Terme grec : « genos » = groupe
  • Famille élargie, clan auquel on appartient par la naissance.
  • Suffixe latin : -cide = meurtre.
  • Il fait référence à 3 génocides : celui des Arméniens, celui des Juifs et celui des Ukrainiens en 1932-1933.
  • Il dit que ces crimes sont organisés par des Etats, qui en sont instigateurs ou bien complices
  • → il faut une juridiction au dessus des Etats, car un Etat ne se jugera jamais lui-même.
  • 1945 : R. Lemkin milite pour que l’ONU criminalise les actes génocidaires.
  • 1948 : Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies).  
  • Article II : « intention de détruire en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ».
  • Cette convention est le fruit d’un compromis politique :
  • Un génocide est considéré comme une annihilation physique.
  • Vs Lemkin (qui avait une définition plus large d’atteinte à l’identité et à la culture).
  • Ne sont pas concernés les populations définies par une appartenance politique ou une classe sociale (opposition de l’URSS).
  • La convention sur le génocide demeurera sans aucune application pendant toute la guerre froide.
  • 1998 : création de la Cour Pénale Internationale (CPI) dont le siège est à la Haye.  

3. Crime contre l’humanité et génocide : des notions en débat.

  • Génocide : une définition qui fais débat dès l’origine :
  • Lemkin vs Lauterpacht (tous les deux juifs et formés à l’université de Lemberg)
  • Lemkin : la protection des groupes humains est la source du droit international).
  • Lauterpacht : « l’individu est l’ultime source du droit ».
  • Faire intervenir la notion de groupe renforce les conflits interethniques.
  • Évoquer le groupe est inutile : les circonstances aident seulement à qualifier le crime mais ne changent pas sa nature.

  • ° Génocide : un concept polysémique qui pose de nombreuses questions
  • Dimension juridique → une conception juridique dont les critères sont discutés

° Une “intentionnalité” difficile à prouver:

°C’est le discours des Turcs aujourd’hui

° La destruction totale ou partielle d’une population 

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