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Arrias, La Bruyère, Les Caractères, 1688

Dissertation : Arrias, La Bruyère, Les Caractères, 1688. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Mars 2024  •  Dissertation  •  1 972 Mots (8 Pages)  •  152 Vues

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Explication linéaire n°1 - Arrias, La Bruyère, Les Caractères, 1688

L'idéal du XVIIe s. est celui de "l'honnête homme", qui respecte un code social : éviter tous les excès (dans la mode, dans le caractère, dans la conversation). Les moralistes s’attachent à promouvoir ces valeurs. Parmi eux, Jean de La Bruyère publie en 1688 Les Caractères, recueil de 420 remarques, sous forme de maximes, de réflexions et de portraits, présenté comme une simple continuation des Caractères du philosophe grec Théophraste, qu'il traduit en tête de l'ouvrage. Œuvre phare du Classicisme, Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle sont passés de 420 remarques en 1688 à 1120 en 1696. C'est l'œuvre de toute une vie, en même temps que la seule œuvre que La Bruyère ait publiée. Issu de la bourgeoisie aisée, avocat de formation, précepteur et domestique du duc de Bourbon, La Bruyère observe, avec ironie et amertume, le monde et en particulier celui de la cour princière à laquelle il est mêlé.

Le texte que nous allons étudier a pour titre « Arrias » : il appartient au chapitre "De la société et de la conversation". L’auteur dresse dans cette section une série de portraits de personnages qui enfreignent les règles du savoir-vivre et s'opposent ainsi à l'idéal de l'honnête homme, à la fois élégant, discret, cultivé et modeste. Arrias est le type même du causeur perverti par l'orgueil et l'autosatisfaction. L’auteur le met en scène au cours d'un repas mondain : il monopolise la conversation, se montre grossier et finit par être démasqué.

Nous nous demanderons donc comment ce portrait satirique, en dénonçant le défaut d’un personnage, permet de définir en creux l’idéal de l’honnête homme ?

Nous pouvons repérer trois mouvements dans ce texte :

 D’abord un court portrait moral qui campe le personnage, première phrase (l. 1 à 2).

 Puis le récit : le personnage est mis en situation : un repas dans un milieu aristocratique (l. 2 à 12)

 Enfin la chute qui démasque brutalement le mensonge d’Arrias : c’est un coup de théâtre (l. 12 à 14)

Premier mouvement : un court portrait moral qui campe le personnage, première phrase (l. 1 à 2).

Cette première phrase campe le personnage et permet de cerner tout de suite le défaut ou le vice ciblé.

Le portrait d’un type humain (une catégorie liée à un comportement)

• A noter l’absence complète de précision physique : c’est un personnage désincarné ; seul compte son comportement.

• Temps dominant, le présent de l’indicatif confère au récit sa vivacité (impression de « direct ») + il donne une dimension atemporelle, présent de vérité générale => exemplaire, typique du portrait ; La Bruyère ne peint pas un homme en particulier, mais un type humain.

• Arrias est d'abord un pédant, un vaniteux qui se croit plus savant que les autres et cherche à faire étalage de ses connaissances (répétition hyperbolique du pronom "tout" dans un parallélisme de construction + adjectif "universel"+ le parallélisme doublé d’une hyperbole et renforcé par la paronomase (« vu/lu ») dans l’expression « a tout vu, a tout lu » exprime dès le départ, de manière percutante, la vantardise d’Arrias.).

Il est aussi obsédé par son image (chp.lex. du paraître : « paraître » « veut le persuader ainsi, se donne »).

Critique de La Bruyère

• Arrias est présenté selon 2 points de vue qui alternent : le sien, et celui, ironique, de La Bruyère. Cela permet de mettre en évidence le décalage entre les prétentions d’Arrias et la façon dont il est perçu.

Ex.1 : "Arrias a tout lu, tout vu" = c’est ce qu’Arrias croit ou dirait de lui-même (focalisation interne) ; la répétition donne un ton à la fois naïf et excessif à cette affirmation // "il veut le persuader ainsi" = le verbe «veut » crée une distance critique et ironique = c’est le point de vue de l’auteur, (focalisation omnisciente)

Ex.2 : "c'est un homme universel // et il se donne pour tel" = la précision avec le verbe réfléchi « se donne » indique que ce n’est qu’une apparence.

+ le présentatif « c’est un homme universel » est hautement ironique car il le présente comme un humaniste alors qu’il n’en a pas les qualités, ainsi qu’en témoigne la proposition en incise « et il se le donne pour tel » qui vient dédire cette affirmation.

• Dénonciation du mensonge "il aime mieux mentir" en présentant de manière négative Arrias + « il se donne pour tel », « il veut le persuader ainsi.= tout ceci ne l’est qu’en apparence.

+ « il aime mieux mentir que de se taire » = le vice « mentir » l’emporte sur la vertu « se taire ».

• + l’emploi du verbe persuader dans la proposition « Il veut le persuader ainsi » renvoie à l’effet que recherche le personnage sur son auditoire à travers ses interventions : il s’appuie sur les sentiments plutôt que sur des faits avérés (la raison).

 Un personnage qui est dans l’excès , la démesure, n’utilise pas la parole à bon escient, très éloigné de l’idéal de l’Honnête Homme.

2e mvmt, le récit : le personnage est mis en situation : un repas dans un milieu aristocratique (l. 2 à 12)

Dans le récit, le personnage pédant et vaniteux est tout de suite mis en situation :

• contexte fictif d’un repas "à table" (l. 3), dans un milieu aristocratique "d'un grand", un sujet de conversation "une cour du Nord" (l. 3). Mais ces indications sont floues, présence du pronom indéfini « on » = valeur impersonnelle ( un pronom qui s’oppose à Arrias) et il n’y aucun repère temporel => techniques de simplification et d’épuration propres à la fable et à la caricature.

• Le chp.lex. de la parole dominant met en œuvre le vice d'Arrias : la prise de parole intempestive, et excessive.

- Certes il est habile : on le voit d’abord en causeur

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