Introduction- Enjeu stratégique de la Syrie Phénicie- Histoire ancienne

DM- Introduction- Histoire ancienne- L2 S3[pic 1]

[pic 2]

        Déjà au temps de l’Anabase d’Alexandre le Grand, entre 333 et 323, le Levant central et méridional constituait un territoire stratégique, permettant non seulement un accès direct à la Méditerranée mais jouant également un rôle clé vis-à-vis de la protection de l’Égypte. La dimension tactique de la Syrie-Phénicie justifie ainsi le siècle de conflits qui ont opposé Lagides et Séleucides, deux royaumes désireux de contrôler la région afin de préserver, voire d’accroitre, leur puissance respective.

        La Koilè Syrie-Phénicie, tout d’abord, désigne la zone se trouvant au sud du fleuve de l’Éleuthéros à la suite de la partition du Levant entre Lagides et Séleucides en 301. Ces deux dynasties, fondées par des diadoques successeurs d’Alexandre, respectivement Ptolémée et Séleucos, se disputent de fait le Levant central et méridional qui se révèle être un véritable enjeu stratégique, la région présentant non seulement des intérêts économiques mais aussi et surtout militaires pour les deux puissances.

        Il s’agit donc ici d’étudier le caractère stratégique que revêt la Koilè Syrie-Phénicie, région délimitée par plusieurs frontières naturelles à savoir l’Éleuthéros au nord, la Méditerranée orientale à l’ouest, la mer Rouge et le Sinaï au sud et enfin le désert syro-arabique à l’est. Dès 319, quelques mois après le partage de Triparadeisos de 320, Ptolémée manifeste son intérêt pour la Syrie-Phénicie en envahissant le Levant et en faisant prisonnier le satrape Laomédon. À partir de 315, le Levant est occupé par Antigone le Borgne et ce jusqu’en 301, année de la bataille d’Ipsos qui entraîne la mort d’Antigone Ier ainsi que le partage du Levant de part et d’autre de l’Éleuthéros, la Syrie Séleukis étant désormais sous domination séleucide au nord et la Syrie Phénicie sous contrôle lagide au sud. Déterminées, les deux puissances continuent de s’opposer durant une série de conflits prenant pour nom les guerres syriennes et dont la maîtrise de la Syrie-Phénicie constitue l’un des principaux enjeux. Il faut ainsi attendre l’an 195 et le mariage de Cléopâtre Ier Cira avec Ptolémée V pour que le Levant central et méridional passe sous domination séleucide, mettant ainsi un terme à la cinquième guerre de Syrie, cinq après la bataille de Panion de 200.

        Pour saisir la complexité des luttes opposant Séleucides et Lagides et dont la Syrie-Phénicie constitue le coeur, il est nécessaire de s’appuyer d’une part sur les sources classiques fournissant la trame historique. Ainsi, tandis que les livres XVIII-XL de la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, auteur de langue hellénistique, dépeignent la période allant des Diadoques jusqu’à Jules César, les Histoires de Polybe apportent l’essentiel des connaissances sur les quatrième et cinquième guerre de Syrie. D’autre part, les textes de la pratique, à l’image des Archives de Zénon, présent en Syrie-Phénicie entre 260 et 258 et auteur d’une soixantaine de papyrus, apportent également des éclairages ponctuels.

        Ainsi, bien que le Levant central et méridional puisse sembler constituer une simple région périphérique, à la marge du coeur des deux empires et ne jouant qu’un rôle secondaire dans la protection et l’épanouissement de ces derniers, il se révèle être en réalité un territoire doté d’un véritable caractère stratégique, justifiant le siècle de conflits successifs dont il a fait l’objet. La question qui se pose ici est donc: En quoi le Levant central et méridional, territoire à la marge des deux royaumes, constitue-t-il en réalité un espace majeur pour la préservation des deux puissances ?

...