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Synthèse de lecture, Jean-Marc Besse, Le Goût du paysage

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Par   •  11 Avril 2024  •  Fiche de lecture  •  2 616 Mots (11 Pages)  •  164 Vues

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MENGER Killiane HK1, résumé pour la colle n°2 : Le Goût du monde, Jean-Marc Besse

Le souci du paysage occupe aujourd’hui une place décisive dans les préoccupations sociales et politiques pour la qualité des cadres de vie offerts aux populations : un véritable champ de recherche s’est constitué autour de cette question et de nouvelles exigences théoriques et pratiques s’expriment à son endroit. L’ancienne vision pittoresque est devenue moins naturelle, plus construite. Quelle seraient alors les conséquences de l’élargissement du domaine des objets paysagers ? Dissimulant des réalités sociales et économiques, quelle serait la teneur idéologique d’un paysage ?

Jean-Marc Besse distingue cet ouvrage en cinq essais qui ont pour but de questionner le concept de paysage et sa réalité. Travailler d’un point de vue théorique sur cette question suppose aujourd’hui la juxtaposition et la superposition mal ordonnée de différents discours et points de vue.

  1. Les cinq portes du paysage

Il y a aujourd’hui une polysémie et une mobilité dans le concept de paysage car différentes disciplines en ont fait leur champ d’étude et d’intervention : il est objet non seulement pour le paysagiste ou l’architecte, mais aussi pour le sociologue, l’anthropologue ou encore le philosophe. Et encore, toutes ces disciplines ne pensent pas à la même chose et ne mobilisent pas les mêmes références. Besse distingue alors tout de même cinq approches.

  1. Une représentation culturelle et sociale

La première approche consiste à définir un point de vue, comme une perception qui n’existe pas objectivement en soi et seulement dans la relation avec un sujet individuel, ou un collectif, qui le fait exister dans l’appropriation culturelle du monde. Il n’y a de paysage que d’intérieur, même si cette intériorité se traduit et s’inscrit à l’extérieur, dans le monde. L’analyse consiste alors en une analyse de catégories de discours, de systèmes philosophiques, esthétiques, moraux, que le paysage est censé prolonger et refléter. Il reste par essence une expression toujours humaine. Au bout du compte, le paysage est pensé, décrit, parlé avant d’être vu, et représenté. La contemplation peut aussi prendre des représentations sociales comme l’introduction d’un codage national et politique au regard paysager : il devient un symbole qui stimule la valeur mémorielle. Une interrogation plus large se pose ainsi sur les relations entre le paysage et le réel, l’espace, le temps, la matière et plus généralement encore les cadres perceptifs de l’expérience du monde et un phénomène d’artialisation se produit par conséquent dans la mesure où les dimensions matérielles et techniques dépassent l’esthétique tout en l’intégrant, ce qui métamorphose l’espace.

  1. Un territoire fabriqué et habité

Il est possible d’apporter quelques nuances à une approche purement représentationnelle : une interrogation sur la construction culturelle des paysages doit également prendre en compte la dimension d’objectivité pratique du paysage, c’est-à-dire sa part matérielle et spatiale, à l’image du jardin qui est tout autant pensé qu’entretenu et travaillé spatialement. Le paysage peut être défini comme un territoire produit et pratiqué par les sociétés humaines selon des motifs qui lui sont tout à la fois économiques, politiques et culturels. C’est un espace organisé, une œuvre collective des sociétés qui transforment le substrat naturel. On envisage ici la culture comme une incarnation des pratiques avec l’aide du travail et des techniques : une distance avec la conception purement esthétique est marquée. Le paysage est une manière pour les hommes de donner une mesure et un sens à la surface de la terre, car tout paysage est relatif à un projet social, même si le projet n’est pas forcément conscient, dans la mesure où son organisation répond à des besoins sociaux. Il mélange le matériau terrestre plus ou moins plastique et des idéaux spirituels et moraux. L’espace se constitue alors de couches dans lesquelles le géographe peut lire les différents projets et comprendre les pensées qui ont dessiné le paysage.

  1. L’environnement matériel et vivant des sociétés humaines

La notion de l’œkoumène conceptualise aussi bien un monde vécu, fabriqué et habité, que toujours changeant. A partir de la Renaissance s’est déclenché un processus de fusion entre le globe et l’œkoumène qui étaient restés longtemps distincts dans les représentations des penseurs européens. C’est dans cet écart métaphysique entre la terre humaine et terre naturelle qu’une définition du paysage a pu commencer à se développer. Car le paysage existe et se développe sans l’être humain, et il était là avant lui, et il survivra d’une manière ou d’une autre. Dans cette conception réaliste, la géographie est hybride : elle est une articulation de la nature et de la société, et une intégration des données naturelles à des projets humains. Le paysage comme entité relationnelle se développe alors, à l’image des conceptions animistes. Il est l’élément où l’humanité se naturalise et ou la nature s’humanise, et se symbolise par ce fait. De plus, c’est ce qui est invalide au fond, par principe, toute approche unilatérale du paysage, qu’elle soit anthropocentrée ou naturaliste. Le paysage est donc une totalité dynamique évolutive et traversée par les flux. C’est un système, une réalité matérielle spatio-temporelle organisée dans un certain sens avec laquelle les êtres humains ont à s’expliquer.

  1. Une expérience phénoménologique

Cette réalité passagère se présente donc dans une rencontre concrète car le paysage est l’attestation de l’existence d’un dehors, d’un autre. Ouvert aux qualités sensibles du monde, le paysage est une rencontre par les sens dans la mesure où il est ressenti au travers des différentes caractéristiques naturelles, mais le sujet gagne un savoir, une impression, l’empreinte du paysage dans la représentation qu’il se fait de l’espace, et il ne peut l’atteindre par une autre voie de connaissance. La parole cherche alors à prolonger, a posteriori de l’expérience, la réalité perçue. Le paysage est ainsi une tension entre le sujet et le monde où la parole tente de faire le lien.

5) Un site ou un contexte de projet

Le paysage est de plus un projet, car être au monde c’est l’aborder de manière interrogative en soupesant le monde perçu et ses valeurs. Le sol n’est pas une simple surface plane offerte à l’action, mais il confronte l’action à un ensemble plus ou moins dense de traces, d’empreintes et de résistances avec lesquelles l’action doit composer. Le projet de paysage est la mise en œuvre d’une sorte de jurisprudence qui se soucie des particularités du site et du milieu naturel : il est la recherche des possibles contenus dans le réel.

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