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Jean Marc Ela, Repenser la theologie Africaine, recension et critique!

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Par   •  8 Mai 2016  •  Cours  •  5 965 Mots (24 Pages)  •  2 491 Vues

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Synthèse de la troisième ‘‘disputatio’’

[pic 1]Archange Gabriel ABEGA OWONA

Fabriquer d’authentiques théologiens africains à la notoriété internationale ; voilà l’un des vœux non pieux propre à la Faculté de Théologie de l’Université Catholique d’Afrique Centrale. La réalisation d’un tel idéal empruntera  inévitablement la voie de  la redécouverte  systématique et d’une réappropriation chrétienne de la pensée de certains pères de la théologie africaine dont la crédibilité n’est plus à quêter. Tel est évidemment l’une des  vibrantes motivations ayant conduit la Faculté de théologie depuis l’an dernier, à l’élection et au couronnement   du théologien-sociologue Jean Marc ELA. C’est  sur fond de réalisation d’un tel dessein que fut organisée une disputation au sein de notre Faculté le 12 Mars 2015.  

 Le Révérend Professeur Joseph Marie NDI OKALA, pourvu qualitativement ad hoc  du testament élaien, reconnaitra en guise d’introduction que la personne de Jean Marc ELA reste une icône de la théologie africaine à investiguer. Ce dernier du fait de sa grande proximité au théologien camerounais vivant, fit une présentation rassurante de sa biographie et de son œuvre théologique en générale. Nous retiendrons de cet hommage que Jean-Marc ELA est né en 1936 au Cameroun. Il décède en exil au Canada en 2008. Titulaire d’un Doctorat d’Etat en théologie (1969), ses réflexions sur la pauvreté, les conditions de production du savoir et l’Afrique postcoloniale le conduisent vers l’anthropologie sociale et culturelle et la sociologie, disciplines dans lesquelles il soutient deux autres doctorats.
il a beaucoup réfléchi comme pasteur et théologien aux implications culturelles, religieuses, sociales, politiques, économiques et éthiques de l’annonce de l’Evangile de Jésus-Christ en terre d’Afrique. Selon le Professeur Joseph Marie NDI OKALA, on ne saurait classer ce théologien systématique et spécialiste en herméneutique théologique, ni parmi les tenants et les chantres d’une inculturation « bon marché », ni parmi ceux d’une théologie au goût du jour dans un élan dit de modernisation, qui oublierait les sources et la Tradition de la Révélation chrétienne. Le conférencier résumera l’œuvre du théologien camerounais en ces termes : Jean-Marc ELA plaide pour une ouverture intégrale de l’homme africain à la Révélation du Dieu d’Israël et de Jésus-Christ.

 Il cèdera la place à une vive discussion organisée selon un schéma dialectique sous la forme d’un débat oral  entre cinq étudiants, pour revenir après un long débat public, donner la determinatio magistralis.

  1. Exposé de Repenser la théologie africaine

Panelliste n°1 : Joseph Rostand MBALA OLAMA

La première partie intitulé, évangile et libération fut présenté par Joseph Rostand MBALA OLAMA.  Selon ce panéliste,  cette portion de l’ouvrage expose les conditions de possibilité de la pertinence du discours sur le Dieu de Jésus-Christ dans le continent africain.  Jean Marc ELA la divise en cinq sous-parties dont l’unité sémantique assure l’intelligibilité.

Dans la première sous-partie intitulée : Dire Dieu dans un continent meurtri, l’auteur commence par se demander si la crise de la théologie n’est pas due à des problèmes de langage. ELA montre que l’acte de la parole est inséparable de la transmission d’un message et qu’une vraie communication opère une rencontre des consciences et de ce fait consacre une intersubjectivité qui elle-même implique la reconnaissance de l’altérité. Dès lors, pense le conférencier, le théologien qui veut parler de Dieu doit tenir compte de cette réalité. Cette prise en compte du langage aboutit à une réinterprétation du message du salut. L’enjeu herméneutique se présente ainsi comme un moment incontournable dans la saisie du sens de Dieu. D’ailleurs, pour notre auteur, la meilleure façon de parler de Dieu est de le laisser parler de lui-même pour éviter de l’enfermer dans nos catégories humaines essentiellement subjectives. C’est un processus de libération nécessaire qui fait d’ailleurs partie de l’histoire de l’Église et dont l’Afrique est l’initiatrice contrairement à ce que veut montrer l’enseignement actuel. Il faut une approche nouvelle de la théologie qui s’émancipe de la tutelle et de la dictature de la pensée unique. En effet, dit le théologien-sociologue, si les théologiens ne sont pas des griots de la curie romaine et les commentateurs des encycliques papales, l’exercice de leur métier les oblige à assumer les risques d’une pensée libre qui bannit la peur et fait confiance à l’Esprit Saint.

La théologie africaine se doit donc de se libérer, mais pour quel motif se demande l’étudiant? La réponse est donnée dans la deuxième sous-partie qui s’intitule le motif de la libération dans la théologie africaine. La mission fondamentale du théologien africain est de trouver un langage crédible à la parole de Dieu en Jésus-Christ, parole qui doit amener les africains à se reconnaître et même à s’identifier à l’homme de la croix dans ce qu’il est, et ce qu’il nous demande d’être. Cette intelligibilisation du discours du Christ exige que nous portions sur lui notre propre regard à partir des lieux de notre mémoire. Cette libération se fonde sur cette problématique : comment tenir sur le Dieu de l’Evangile un discours valable à partir de l’expérience humaine des peuples négro-africains marqués par l’esclavage et la domination dont les formes se renouvellent ?

L’un des effets de cette libération est la relecture de l’évangile. C’est aussi d’après Joseph Rostand MBALA OLAMA l’idée maîtresse de la troisième sous-partie dont le titre est relire l’évangile à l’ère du marché. Il s’agit ici de repréciser les défis du théologien africain sur la base du manifeste de Darr-es-Salam de 1976. Ce document affirmait clairement que l’avenir des peuples du tiers-monde passait par une transformation radicale du système international dans tous ses paramètres y compris celui théologique. En effet, reprenant Jean Marc ELA, le panéliste souligne qu’il est temps de rompre avec l’idéologie de la pensée unique qui s’étend  jusqu’à l’intérieur de l’Église. Il est temps de proposer des voies nouvelles en écoutant le Dieu de l’évangile à partir des gens qui souffrent en chair et en os et qui subissent les ravages des logiques de marché. Ainsi, la pluralité des cultures devient alors le défi majeur auquel sont confrontées les Églises chrétiennes dans un monde en constante mutation. Cette pluralité appelle l’intégration et l’assomption de l’altérité. L’inculturation apparaît alors comme un paradigme de cette assomption. Elle évacue une vision latinocentrique du christianisme. Le pluralisme implique aussi une révision des méthodes de la théologie et la recherche des conditions de possibilité d’une démarche susceptible de répondre aux nouvelles demandes de l’intelligence de la foi.

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