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Lagarce, Juste la fin du monde, épilogue

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Par   •  15 Avril 2024  •  Commentaire de texte  •  2 697 Mots (11 Pages)  •  161 Vues

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Introduction

Jean-Luc Lagarce est un homme de théâtre français du XXe siècle. Après des études de philosophie, il créé le Théâtre de la Roulotte. Il est l’auteur de 28 pièces et a également écrit  un journal intime.

En 1990, il écrit Juste la fin du monde qui est une de ses dernières œuvres. Cette pièce raconte l’histoire de Louis âgé de 34 ans qui revient dans sa famille pour annoncer sa mort.

Cette pièce repose sur la difficulté de communication au sein d’une famille. Dans l’épilogue, nous retrouvons Louis, seul sur scène. Il nous explique qu’après sa mort il n’a pas réussi à communiquer avec sa famille.

Comment aborder cet épilogue par le biais de la mise en scène ?

D’où provient la parole de Louis ? Louis est-il déjà mort ? À qui veut-il s’adresser ? Cet épilogue est une énigme que le spectateur va résoudre. Comment Louis évoque-t-il après sa propre mort le regret d’avoir gardé le silence quand il était encore en vie ? Comment évoquer sa propre-mort au théâtre ?

Composition

I – Introduction de l’épilogue. Louis évoque brièvement ce qu’il advient de lui après cette dernière réunion familiale (du début à « une année tout au plus » l.1 à 4).

II – Souvenir (de « Une chose dont je me souviens » à «du ciel et de la terre » l. 5-18).

III – Analyse du souvenir (de « ce que je pense » à « sur le gravier » l. 19 à 27).

III – Chute de l’épilogue : une occasion manquée (dernière ligne).

Explication linéaire

I – Introduction de l’épilogue.Louis évoque brièvement ce qu’il advient de lui après cette dernière réunion familiale.

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Louis. - Après, ce que je fais,

je pars.

Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard,

une année tout au plus.

C’est Louis qui ouvre et qui clôt la pièce (prologue et épilogue). Dans les deux cas, il s’agit d’un monologue avec point de vue interne (omniprésence de la première personne du singulier). Après les dialogues de la pièce, retour à la parole unique, subjective du prologue dans lequel Louis évoquait déjà sa mort et sa solitude. La famille est exclue.  

Louis évoque à nouveau sa mort. Il le fait de manière crue et directe. Phrases à la construction simple. Enchaînement des verbes qui évoquent la mort de manière de de plus en plus précise « je pars », « je ne reviens plus » « je meurs ».

Il convient de remarquer que le texte dramatique de Lagarce peut être entendu, mis en voix sur scène devant un public, ou être lu, dans l'intimité silencieuse propre à la lecture. Dans ce dernier cas, on sera sensible à la disposition typographique du texte de la pièce.  Mise en rejet de « je pars ».

Sens définitif de l’adverbe « jamais » qui contredit, neutralise l’euphémisation de la mort « Je ne reviens plus ».Constat sans appel, sans retour possible « je meurs ». Constat d’échec : Louis n’a pas réussi à parler, à communiquer avec sa famille. Il a définitivement perdu le moyen de se faire comprendre d’elle puisqu’il ne la reverra jamais.

Le début de ce monologue est paradoxal. Le lecteur ne peut être que frappé par l’impossibilité énonciative «Je meurs quelques mois plus tard, /une année tout au plus. » ?  Quelle est la situation d’énonciation ? Pas de cadre spatial précis. D’où parle cette voix ? D’un ailleurs non spécifié car où Louis est-il ? Est-il encore vivant, avec nous spectateurs ? Sa voix nous parvient-elle d’outre-tombe ?

Quand parle-t-elle ? La parole naît d’un après, d’un « après », qui appelle le présent (de nombreux verbes au présent au début du monologue).

Quelle valeur donner au présent (et au futur dans la suite de l’épilogue) ? Celles qu’ils avaient déjà dans le prologue ?

Quel point d’ancrage pour le présent ? Présent d’énonciationqui exprime des faits qui se déroulent au moment où l’on parle ? Présent de narration qui raconte une histoire qui se situe avant l’épilogue ?  Présent de narration qui rapportent des faits sans détermination spatio-temporelle précise ?

Présent de la déclamation qui a une valeur d’actualisation dramatique, qui n’a d’existence que dans le fait qu’il est actualisé au théâtre ?

Le malaise provient également du fait que la proclamation de cette mort faite de manière crue sanctionne de manière définitive, sans retour possible, l’échec de cette dernière entrevue familiale. Louis n’a pas parlé et sa mort rend impossible toute réparation du lien familial.

Cet épilogue fait écho au prologue dans lequel Louis annonçait sa mort à venir. Il souligne le caractère inexorable de la maladie et de la mort : Louis n’a pas pu échapper au destin.

Dans la mise en scène de Michel Raskine, la scène a été prolongée dans la salle par un proscenium et c’est de là que parle Pierre Louis-Calixte. Il y a donc une coupure très nette avec le décor de la maison familiale.  

II – Souvenir

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Une chose dont je me souviens et que je raconte encore

(après j'en aurai fini) :

c'est l'été, c'est pendant ces années où je suis absent,

c'est dans le Sud de la France.

Parce que je me suis perdu, la nuit, dans la montagne,

je décide de marcher le long de la voie ferrée.

Elle m’évitera les méandres de la route, le chemin sera plus court et je sais qu'elle passe près de la maison où je vis.

La nuit, aucun train n'y circule, je n'y risque rien

et c'est ainsi que je me retrouverai.

À un moment, je suis à l'entrée d'un viaduc immense,

il domine la vallée que je devine sous la lune,

et je marche seul dans la nuit,

à égale distance du ciel et de la terre.

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