Knock ou le triomphe de la médecine, Jules Romains
Fiche de lecture : Knock ou le triomphe de la médecine, Jules Romains. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Iris • 11 Novembre 2024 • Fiche de lecture • 528 Mots (3 Pages) • 17 Vues
Œuvre cursive :
Knock ou le triomphe de la médecine, Jules Romains
« Ne confondons pas : est-ce que ça vous chatouille ou est-ce que ça vous gratouille ? » (Acte II, Scène 1)
Cette réplique phare de la comédie en trois actes Knock ou le triomphe de la médecine écrite en 1923 par Louis Farigoule (plus connu sous le nom de Jules Romains), témoigne par ce comique de mots absurde de la satire cinglante de la médecine réduite à des fins commerciales.
Inspiré de la comédie farcesque de Molière, Jules Romains, écrivain et dramaturge français du XXème siècle, dénonce de manière plus grave les dérives de la société de son temps, aux lendemains de la Première Guerre mondiale. Il met alors en scène un médecin charlatan, Knock, qui use de la peur de la maladie et de la crédulité pour prendre le contrôle de tout un canton.
À travers ce personnage, Jules Romains dénonce la manipulation de masse et met en garde au sujet du pouvoir de l’idéologie et de la démagogie.
Par cette manière de dépeindre les comportements humains, Jules Romains devient le précurseur d’un mouvement littéraire : l’unanimisme.
II - J’aurais pu choisir cette œuvre pour son aspect comique, historique, ou encore anecdotique mais c’est la part psychologique que l’on devine en filigrane tout au long de l’œuvre qui m’a accrochée.
Comment en trois petits actes, un seul individu sans aucune compétence pour l’art qu’il dit exercer, sans connaissances scientifiques validées, prend le pouvoir sur la conscience d’un groupe d’individus jusqu’à le rendre servile et instaurer une dictature, sanitaire dans ce cas précis.
Si ce n’était pas si grave, cela serait effectivement réellement comique.
Dans cette œuvre, le malade se soumet à un chef autodéclaré, à savoir le docteur Knock.
Les personnages sont réduits à leur fonction sociale et s’effacent derrière la collectivité. Ce mode de fonctionnement rappelle celui d'une société totalitaire. L’analogie est frappante : On retrouve au sommet un despote (le docteur Knock), des vecteurs de propagande (le « tambour de ville », l’instituteur, le pharmacien, les patients eux-mêmes), et une menace (la maladie) permettant de justifier les actions de Knock.
Par ailleurs, Knock se positionne en sauveur et met en place un culte de la personnalité à son égard. A l’échelle du canton, ce n’est pas sans rappeler le fonctionnement d’une dérive sectaire avec en son centre un gourou, ce qui n’a plus rien à voir avec la pratique de l’art de la médecine.
Pour se faire, il manipule et utilise le champ lexical de la religion qui mystifie son discours. Mégalomane, il se fait appeler « Docteur ».
Le contexte historique de l’époque est intéressant et permet de comprendre l’œuvre et son impact. Le fait que Jules Romains ait cerné, dès 1923, les méthodes employées par des leaders politiques de son époque me fascine. Visionnaire, il semble prédire les évènements futurs. Son œuvre apparait comme un signal d’alarme, visant à avertir de ce qui va se passer, et peut encore faire écho à l’actualité sanitaire ou politique actuelle. Ainsi, Knock ou le triomphe de la médecine est une œuvre résolument moderne qui, témoignant des conséquences de notre crédulité, nous amène à réfléchir sur nos propres limites et faiblesses.
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