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Comment Olympe de Gouge transforme l’hommage attendu en une argumentation contraignante pour amener la reine à défendre les droits de la femme ?

Fiche de lecture : Comment Olympe de Gouge transforme l’hommage attendu en une argumentation contraignante pour amener la reine à défendre les droits de la femme ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  22 Mars 2023  •  Fiche de lecture  •  2 782 Mots (12 Pages)  •  350 Vues

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Adresse à la reine

comment Olympe de Gouge transforme l’hommage attendu en une argumentation contraignante pour amener la reine à défendre les droits de la femme ?

Premier paragraphe : défendre la révolution

Le texte débute par une subordonnée circonstancielle de condition Si l’étranger porte le fer en France, avec une métonymie du moyen pour l’effet (le fer pour la guerre), qui insiste sur la cruauté de la guerre, tout en donnant un tour solennel à l’expression. La principale qui suit la subordonnée, formule la conséquence de la conditionnelle. Cette conséquence énonce une alternative, exprimée par le mouvement négatif « vous n’êtes plus… mais… » qui porte sur deux qualifications axiologiques possibles de la reine en fonction de sa prise de position. Ces qualifications sont exprimées par les groupes nominaux parallèles « cette reine faussement inculpée, cette reine intéressante », pour le versant positif, et par « une implacable ennemie des Français », pour le versant négatif, mis en valeur à la fin de la phrase : dans un registre judiciaire, Olympe de Gouge n’hésite pas à rappeler à la reine que son procès en est jeu, puisqu’elle a déjà été inculpée (en fait calomniée, plus exactement : la reine était très impopulaire et les rumeurs les plus folles couraient contre elles -même si c’était surtout en vérité le roi et sa capacité à tenir le royaume qui étaient attaqués à travers elle) C’est à la reine de confirmer par son attitude, l’affirmation d’Olympe de Gouge selon laquelle cette inculpation était injuste. En somme, l’argument, dans le domaine délibératif*, porte sur les conséquences des choix de la reine. Olympe de Gouges prend soin de ménager la reine et de donner l’elle l’image d’une femme clairement et sincèrement attachée à la reine : elle était monarchiste, ne l’oublions pas, même si tenante d’une monarchie constitutionnelle.

La deuxième phrase s’ouvre par une interjection (Ah !). Elle formule en effet un argument pathétique, dans une langue soutenue, un peu grandiloquente, qui rappelle le langage des conseillères des tragédies de Racine. Olympe de Gouge fait appel à l’humanité et à la condition de femme de la reine (mère et épouse), et lui adresse une prière par les impératifs songez et employez. Elle objurgue la reine à jouer de son crédit pour encourager « le retour des princes » et empêcher ainsi la guerre. Olympe de Gouges fait par ailleurs référence à une situation effectivement préoccupante : les premiers émigrés (qui ont fui la Révolution), notamment derrière le comte d’Artois et le prince de Condé (qui sont très certainement les princes désignés par O. de Gouges), commencent à tisser des réseaux et des alliances, afin de rassembler à l’étranger une force militaire composée d’hommes désireux d’en découdre, les armes à la main, avec les révolutionnaires, élaborer des projets pour favoriser la fuite du roi et à terme abattre la Révolution. On constate que ce texte s’inscrit donc dans une actualité brûlante. O. de Gouges expose alors dans une gradation en trois temps, à l’aide des verbes raffermir, conserver et réconcilier, le bénéfice qu’elle pourrait tirer de ses conseils, pour sa popularité, la sérénité du règne et la concorde en France (l’amour des Français). Cette négociation est placée du côté de la sagesse et de la dignité, dans un argument sur les valeurs, rappelant « le vrai devoir d’une reine ». Encore une fois, l’attitude inverse de la reine serait considérée comme un acte de trahison vis-à-vis des Français et de la Révolution, qui entraînerait la chute du pouvoir : Cette option est fortement condamnée par Olympe de Gouge à l’aide des dénominations négatives construites dans une gradation encore une fois ternaire : intrigue, cabale, projets sanguinaires)

Dans ce premier paragraphe, domine une argumentation sur les conséquences, tandis qu’Olympe de Gouges parvient à trouver le juste ton de déférence (dans un style élevé, dont 1 Voyez la note 1 page 12 de votre édition. le vocabulaire est souvent littéraire et poétique comme dans les tragédies et les épopées), combinée à la sincérité et à la franchise, envers une reine, qui a tout de même perdu de son caractère sacré, maintenant que l’intérêt de la patrie est devenu supérieur à la famille royale, et à qui, par conséquent, on peut s’adresser en tant que citoyenne (fût-elle première dame). C’est ce qui explique pourquoi elle apostrophe la Reine par « Madame », au lieu de « votre Majesté ». En posture de conseillère bienveillante et suppliante, Olympe de Gouge explicite aussi les valeurs sur lesquelles elle fait reposer son discours : elle rappelle ainsi quels les devoirs d’une reine « intéressante », à savoir défendre l’intérêt de la patrie et le bonheur de ses sujets avant tout. L’argumentation sur les conséquences est donc renforcé par un argument sur les valeurs. Mais pour Olympe de Gouge, servir les intérêts de la patrie, suppose également de défendre les droits de la femme. C’est ce que nous allons aborder dans le deuxième temps de notre explication.

Deuxième paragraphe : donner du poids à l’essor des droits de la femme

Olympe de Gouges commence par une injonction au subjonctif, dans le même style oratoire que le premier paragraphe, en correspondance avec la dignité royale de sa destinataire et avec la gravité du sujet. Le rythme, une nouvelle fois ternaire, amplifie le style pour renforcer ainsi l’argument sur les valeurs. Mais le « plus noble emploi » dont il est ici question (au comparatif) exprime un usage du pouvoir, dont la définition est retardée. C’est la phrase suivante qui le précise : il s’agit de « donner du poids à l’essor des droits de la femme ». La marche des droits de la femme est reflétée par un groupe binaire qui construit une gradation : « donner du poids…, et d’en accélérer le succès » On dirait qu’Olympe de Gouge s’appuie sur une loi d’accélération physique, en se souvenant de Newton – une autre référence de la philosophie des Lumières, pour exprimer le caractère inéluctable et comme mécanique du progrès des droits de la femme si la reine consent à s’investir dans cette noble cause. La tournure impersonnelle au présent de vérité générale, couplée à la négation restrictive : « il n’appartient qu’à » pose ce devoir comme un devoir lié au statut de souveraine, auquel on ne saurait se soustraire. Il est intéressant de noter que la reine est nommée à travers la périphrase « celle que le hasard a élevée à une place

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