La Dédicace à la reine Olympe de Gouges
Commentaire de texte : La Dédicace à la reine Olympe de Gouges. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ninon SEMBOURG • 9 Mai 2022 • Commentaire de texte • 1 351 Mots (6 Pages) • 2 741 Vues
Éléments d'analyse pour la dédicace à la reine de Olympe de gouges |
Cette fiche reprend des éléments de réponses aux questions qui avait été travaillées en classe.
Introduction :
La réputation de la reine Marie-Antoinette auprès du peuple français n'est pas bonne, notamment en raison de la fameuse affaire dite du collier et de l’arrestation à Varennes de la famille royale en fuite les 10-11 juin 1791. De plus, on lui reproche ses dépenses en toilettes et elle est régulièrement accusée de trahison. En lui dédicaçant sa déclaration, Olympe de gouges poursuit deux objectifs : trouver une alliée de choix dans son combat et donner à la reine une opportunité de se racheter.
Mouvements du texte :
- Parler à la reine de femme à femme
- Un discours persuasif
Projet de lecture :
Montrons comment cet épître dédicatoire s’avère particulièrement efficace.
Olympe de gouges se positionne d'une façon particulière face à la reine.
- « Peu faite au langage que l'on tient aux rois » = « Peu faite » signifie « peu habituée » ;
- « cette singulière production » = « mon œuvre originale qui débute ici »
- « Le langage que l'on tient au roi » s'oppose à : « l’adulation des courtisans » (l.1) = Antithèse qui dénote un certain franc-parler du langage d’ODG qui va à contre-courant de celui des courtisans, plus intéressé et donc hypocrite. Cette façon de s’exprimer a pour effet d’intriguer, d’attirer l’attention et ODG en est consciente.
- 2e antithèse : « l’époque de la Liberté » / « un temps où l'aveuglement des Despotes punissait une si noble audace » : ODG oppose l'Ancien Régime, vu comme une époque autoritaire où la liberté d'expression n'existait pas (ou était fortement réprimée) à la période révolutionnaire considérée comme un temps de liberté par les citoyens, contemporaine aux deux femmes. ODG met ici en avant son courage politique en rappelant que son indépendance d'esprit et son engagement existait déjà sous l'Ancien Régime : « je me suis montrée avec la même énergie » (l.6).
= 2 antithèses qui posent les fondements de l'autoportrait politique d’ODG.
- Quand ODG écrit qu’elle fait « hommage » à la reine de ce texte (l.2), c'est une marque de respect puisqu’elle demande à la souveraine son attention, en quelque sorte. Elle la sollicite comme celle qui peut légitimer, de par son statut, le texte des Droits de la Femme et de la Citoyenne. Cf. la formule de clôture : « Je suis avec le plus profond respect, Madame, votre très humble et très obéissante servante », confirme cette position de vassal qui s'incline devant sa souveraine pour lui demander une faveur, ce qui implique une profonde déférence. Cette attitude de soumission et de respect est néanmoins fortement contrebalancée par la répétition de « Madame » tout au long de la dédicace, qui s'emploie plutôt à l'époque pour s'adresser à une égale et non à une souveraine. En effet, elle aurait dû la nommer « Majesté ».
- 2e paragraphe consacré à une sorte de rappel de l'engagement dans un passé proche d’ODG pour la défense de la reine et de sa propre mise en danger (mis en évidence par le procédé d'emphase : «, moi seule, »). Ainsi la reine avait son avocate sans même peut être en avoir conscience ou bien avait sous-estimé ce fait = Appel indirect à une sorte d’échange de bons procédés.
- « Je n'ai jamais pu me persuader qu'une princesse, élevée au sein des grandeurs, eût tous les vices de la bassesse. » = motivation profonde de la défense de la reine par ODG : la croyance en certaines valeurs humaines amenées dans l’éducation de la reine, dans lesquelles ODG se reconnaît. (ODG était pour une monarchie constitutionnelle)
- « j'ai jeté mes observations entre ce glaive et la victime » : métaphore symbolique = instinct de protection quasi-maternel et sacrificiel qui a toutes les chances d’émouvoir efficacement la reine (= point culminant de la persuasion) car la reine est une mère attentionnée ; elle est sensible à la défense des faibles et se sent elle-même injustement traitée.
- La Révolution est désignée soit de façon élogieuse par la périphrase généralisante « époque de la liberté », qui associe la révolution à une valeur fondamentale, soit de façon négative comme : « dans un temps de trouble et d'orage » (l. 9).
- La guerre est présentée comme une mutinerie illégitime et indigne à l'aide d’adjectifs péjoratifs : « foule de mutins soudoyée » (l.13-14) ; intrigue, la cabale, les projets sanguinaires (l.21) » ODG rappelle la position de faiblesse des femmes face à une société en pleine mutation, régie par des hommes que seules les premières lois de la Révolution semblent parfois contenir : « elle est retenue par la crainte des lois » (l.14).
- 4e paragraphe : ODG semble tout à coup mettre en garde la reine : « Si l'étranger porte le fer en France, vous n'êtes plus à mes yeux cette reine faussement inculpée » Subordonnée circonstancielle d’hypothèse introduite par « Si » + la métonymie « porter le fer » (la partie de l’épée pour « faire la guerre ») = si la reine venait par l'aide de forces étrangères s'opposer au peuple français par la guerre, elle ne la reconnaîtrait plus comme sa souveraine. Ceci dénote que la défense de la reine a ses limites : celle-ci doit aimer la France autant qu’elle et rejeter la guerre autant qu’elle.
- « Ah ! Madame, songez que vous êtes mère et épouse, employez tout votre crédit… » : ODG fait appel aux deux statuts naturels, partagés avec toutes les femmes françaises, indépendamment de toute classe sociale. La France est présentée par ODG comme une sorte de famille qu'il ne faudrait pas abandonner.
« employer tout votre crédit pour le retour des princes » : comme toute mère, la reine doit œuvrer pour le bien de ses enfants, en l’occurrence travailler au rétablissement de la monarchie en France ; « tout votre crédit » = ce qu’il vous reste de respectabilité.
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