La Prose d’un Transsibérien et de la petite Jeanne de France

La Prose d’un Transsibérien et de la petite Jeanne de France

Auteur

Frédéric-Louis Sauser est un poète-voyageur suisse, également reconnu pour ses reportages et ses romans.

Il naît en Suisse en 1887 et déménage régulièrement, provoquant une scolarité mouvementée.

Adolescent rêveur et indépendant, il fugue puis voyage abondamment dès sa jeunesse, notamment en Russie (Moscou puis Saint-Pétersbourg) en 1904 où il est employé chez un horloger du nom de Leuba.

Il retourne ensuite en Suisse pour débuter des études de médecine, d’histoire de l’art, de lettre et de musique en 1907.

Sa traversée du monde en Belgique, à New-York, à Paris inspire profondément sa création artistique.

En 1912, il publie Pâques à New-York, et invente son pseudonyme Blaise Cendrars. Ce nom dit sa conception de la poésie, dont l’intensité fait du poète un brûlé vif qui sans cesse renaît de ses cendres tel un phénix : Blaise / braise et Cendrars / cendres. Pour lui, l'acte de création artistique a lieu lorsque le poète est telle une braise, qui se consume au cours de la création, puis s'éteint pour se transformer en cendres.

Malgré son incessant besoin de voyages, Cendrars fait partie des cercles artistiques modernistes de son époque. Il est proche notamment du poète Apollinaire et des peintres Delaunay, Fernand Léger et Marc Chagall. L'amitié liant Cendrars à certains artistes de l'École de Paris le conduit à la création de poèmes abstraits révolutionnaires, qui constituent aussi, pour certains, des hommages directs à des peintres comme Chagall et Léger : il s'agit des Dix-neuf poèmes élastiques publiés en 1919.

En 1913, il publie La Prose d’un Transsibérien et de la petite Jeanne de France avec une peinture simultanée de Sonia Delaunay, une œuvre avant-gardiste, tant sur le plan formel que par son contenu.

En 1914, il se marie avec Féla Poznanska et ont trois enfants plus tard.

En 1915, engagé dans un régiment de volontaires étrangers, il est blessé et amputé de la main droite.

Après la guerre, il continue à explorer diverses formes littéraires, publiant des romans comme L’Or en 1925, où il narre l'histoire d'un millionnaire suisse qui perd sa fortune après avoir découvert de l'or sur ses terres. Ce roman rencontre un succès mondial et fait de lui un grand romancier d'aventure.

Dans les années 1930, il s’essaie au journalisme et publie plusieurs autres romans et reportage inspirés de ces voyages en Amérique ainsi que des textes autobiographiques.

En 1943, il se lance dans la rédaction d'une tétralogie de mémoires, marquées par la perte de son bras droit. Il s'inspire de sa propre expérience pour dénoncer les atrocités de la guerre.

En 1959, André Malraux le nomme Commandeur de la Légion d’honneur et Blaise Cendrars meurt en 1971.

Malgré une reconnaissance tardive, il est aujourd’hui considéré comme l’un des écrivains les plus originaux et les plus influents du XXe siècle, ayant ouvert la voie à la modernité en littérature.

Les caractéristiques de sa poésie

Œuvres générales

• Connue pour son style novateur et son goût pour l’aventure, son œuvre traverse les frontières et les genres, mêlant poésie, roman, récit de voyage et journalisme
• Homme d'action, aventurier épris de la vie dangereuse, dédaigneux de l'art, n'aimant rien tant que bourlinguer et ne détestant rien tant qu'écrire Bourlinguer
• Son œuvre, à la fois lyrique et brutale, est une célébration de la vie dans toute sa complexité. Cendrars se définit lui-même comme un « homme-fusée », toujours en quête de nouvelles expériences et de nouveaux horizons
• Grand poète de l'esprit nouveau : rejette le cadre étroit du poème court et sa structure statique pour dérouler un long courant de poésie ininterrompue, dynamique

Le poème

Blaise Cendrars raconte son histoire en s’affranchissant complètement de la versification traditionnelle :

• Utilisation du vers libre pour rendre compte des nouveaux rythmes imposés par la modernité : la phrase tressaute comme le train, elle accélère et décélère
• Suppression partielle de la ponctuation pour rendre compte de la rapidité des temps contemporains.

Simultanéisme

Le simultanéisme est un mouvement artistique prônant le contraste simultanée des couleurs et porté par les peintres Sonia et Robert Delaunay entre 1912 et 1913. Le poète transpose ces idées en littérature : il juxtapose images, impressions et souvenirs, aux tonalités différentes voire contradictoires. On trouve des figures de style permettant cette simultanéité : l’anacoluthe et l’énumération, qui accumule les images, les objets.

Mouvement

C’est un long poème qui a des allures d’épopée : le lecteur suit les étapes du poète depuis Moscou jusqu’à Mandchourie.

Le rythme veut rendre compte du mouvement du voyage. En même temps, on retrouve des refrains mélancoliques qui contrecarrent l’avancée du train et du poète : « En ce temps-là j’étais dans mon adolescence » et « Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? ». Ces retours fréquents, comme les répétitions et les anaphores, viennent figurer les idées mélancoliques qui briment l’esprit du poète et dont il ne peut s’arracher.

Son voyage, entrepris pour s’évader, est finalement un échec, tant le poète reste frappé par la persistance de ses souvenirs.

Décrire la poésie, forme et structure

Le poème

La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France est un poème épique qui évoque un voyage en train lui faisant voir des villes situées entre Moscou et la Mongolie, au moment de la Révolution russe et de la guerre russo-japonaise. Ce long poème mêle la modernité de l'ère industrielle à des réflexions sur l'identité et le temps.

Blaise Cendrars met en scène la rencontre entre la jeune Jeanne et les voyageurs du Transsibérien, symbolisant la diversité humaine : Jeanne incarne l'innocence confrontée à un monde vaste et complexe tandis que les voyageurs représentent la multitude des expériences et des destins.

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