Arthur Rimbaud, « Ma Bohême », Cahiers de Douai, 1870
Fiche : Arthur Rimbaud, « Ma Bohême », Cahiers de Douai, 1870. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar juju2536 • 23 Novembre 2023 • Fiche • 275 Mots (2 Pages) • 284 Vues
Poésie. Lecture linéaire n°3. Arthur Rimbaud, « Ma Bohême », Cahiers de Douai, 1870. |
Ma Bohême[1] (Fantaisie[2])
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot[3] aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal[4] ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !
Mon unique culotte[5] avait un large trou.
– Petit-Poucet rêveur, j’égrenais[6] dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
– Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur[7] ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
[1] Bohême ou bohème : soit référence à la région de Bohême (actuellement en république tchèque) dont sont originaires les bohémiens (peuple au mode de vie nomade) soit évocation de la vie marginale libérée des conventions sociales de certains artistes parisiens du XIXe.
[2] Fantaisie : désigne une une composition de forme libre en musique, en littérature désigne un ouvrage composé d'imagination et non d'après la réalité ou les règles.
[3] Paletot : manteau.
[4] Féal : fidèle serviteur d'un seigneur.
[5] Culotte : pantalon.
[6] J'égrenais : je semais.
[7] Comme un vin de vigueur : comme un vin fort (qui donne de la vigueur).
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