Commentaire de la Commission de Veniser
TD : Commentaire de la Commission de Veniser. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar maelle.bhm • 30 Janvier 2024 • TD • 2 439 Mots (10 Pages) • 137 Vues
Démocratie
« C'est la beauté de la démocratie de faire que le pouvoir tienne compte de l'opinion, mais c'est la misère de la démocratie d'être soumise au nombre, la moitié plus un. Or la majorité des gens ne se soucie pas du sort des autres ». Dans son ouvrage Confessions, l’Abbé Pierre nous délivre une vision de la démocratie qui intègre l’importance d’une représentation de la minorité dans la sphère politique pour former l’opposition face aux représentants de la majorité.
C’est dans cette dynamique que s’inscrivent les paragraphes 25 et 26 d’un rapport d’étude adopté le 15 et 16 octobre 2010 par la Commission de Venise, Commission européenne pour la démocratie par le droit, lors de sa 84e session plénière. Cette commission a été crée en 1990 sous la forme d’un Accord partiel du Conseil de l'Europe. Organe consultatif, elle se compose d'experts indépendants dans les domaines du droit et de la science politique. Ses principales tâches sont de contribuer, notamment avec les nouvelles démocraties d'Europe centrale et orientale, au processus de mise en place de nouvelles institutions dans la perspective de promouvoir et renforcer les principes et les institutions démocratiques. Ce rapport est relatif au «rôle de l’opposition au sein d’un parlement démocratique». L’objectif premier de cette commission est d’apporter à ses États-membres, des conseils juridiques et des réponses aux questions constitutionnelles. Ainsi, les paragraphes 25 et 26 du rapport étudié présentent les principes fondamentaux d’une démocratie parlementaire. Ils expliquent alors le statut et le rôle de l’opposition politique, présentant naturellement son importance au cœur d’une démocratie parlementaire. L’étude par la Commission européenne pour la démocratie par le droit s’inscrit dans un contexte d’une perspective de coopération interétatique, qui intervient dans un mouvement européen de plus en plus transnational.
Aujourd’hui, la France a adopté un régime démocratique depuis maintenant 1792. LA démocratie formé du grec « démos » signifiant le peuple et « kratos », le pouvoir, représente un régime qui se définit par la possession de la souveraineté par le peuple. Ce concept abstrait peut prendre différentes formes, comme celle de la démocratie directe où le peuple exerce directement le pouvoir sans intermédiaires ; à l’inverse la démocratie représentative, les citoyens donnent mandat à certains d’entre eux d’exercer le pouvoir en leur nom et à leur place. Cependant, la démocratie française se positionne à mi-chemin de ces deux modèles. On dit d’elle que c’est une démocratie semi-directe ou bien encore, semi-représentative qui peut se définir par l’intégration de mécanismes de démocratie directe dans un système qui reste largement représentatif. Le peuple continue de désigner des représentants qui vont gouverner, mais il peut intervenir de manière directe par différents moyens. La représentation des citoyens se fait par le biais de ce que l’on nomme « majorité » et « minorité » politique qui dans leur rapport forment l’équilibre démocratique. La majorité correspond à un parti ou à une coalition de partis détenant la majorité des sièges du parlement et servant d’appui au gouvernement en régime parlementaire. Ainsi la majorité dans un régime parlementaire vient s’opposer à la minorité politique pour former un débat partisan et permettre de représenter les minorités populaires auprès de la majorité dans un gouvernement qu’on qualifie d’opinion soucieux de l’opinion publique.
Outre l’interêt constitutionnel, puisqu’il s’agit de soulever des questions concernant de grands principes démocratiques ou encore sur le statut et l’utilité qu’a l’opposition dans un démocratie, le sujet présente également un intérêt politique puisqu’il revient à s’interroger sur la stabilité et la tolérance politique au sein d’un démocratie.
Ainsi, il convient alors de se demander quel est le statut de l’opposition dans le cadre d’une démocratie parlementaire, selon la Commission de Venise ?
Dans les faits, le pilier essentiel d’un démocratie est la possession de la souveraineté par le peuple, qui l’exerce indirectement par le biais du principe majoritaire, qui prétend l’exclusion de la minorité politique au pouvoir. Pourtant, la minorité possède des fonctions et des pouvoirs démontrant son rôle primordial au sein d’une démocratie.
Par conséquent, il s’agira de voir que le rapport reconnaît le principe majoritaire au sein d’une démocratie parlementaire (I), mais révèle également un rôle majeur de l’opposition (II).
- Le principe majoritaire dominant dans une démocratie parlementaire
Selon le rapport étudié ici de la commission de Venise, l’affirmation des principes au sein d’une démocratie parlementaire est démontrée au regard d’une majorité politique détentrice du pouvoir (A) mais également d’une principe d’exclusion au pouvoir de la minorité politique (B).
- Une majorité détentrice de la compétence législative
« La démocratie c’est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple». C’est dans cette dynamique qu’Abraham Lincoln définissait la démocratie. Par ailleurs Anne-marie Le Pourhiet, juriste française et spécialiste de droit constitutionnel, affirme la chose suivante : lorsque dans la république, le peuple en corps a la souveraine puissance, c’est une démocratie.
Dans ce régime, le principe premier et intangible est, à titre initial, que la souveraineté appartienne au peuple. En effet, le peuple détient le pouvoir mais ne l’exerce pas directement : il élit des représentants afin de mettre en pratique ces fonctions. En effet, ce principe a valeur constitutionnelle, dès lors qu’il figure à l’article 3 de la constitution de 1958 prévoyant « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum ».
Selon les mots de la Commission de Venise « le principe majoritaire, qui traduit la volonté populaire de la majorité, est un critère formel et juridique essentiel d’une «démocratie»». En effet, cela paraît proportionné que, dans un système où la souveraineté appartient au peuple, le principe majoritaire soit dominant. C’est alors pour cela que «le Parlement prend ses décisions à la majorité». Selon Sieyès, dans son ouvrage Préliminaires de la constitution française de 1789, « l’unanimité étant une chose très difficile à obtenir […] elle devient impossible dans une société de plusieurs millions d’individus ». En effet, il est impossible dans toute prise de décision d’interroger chacun des individus en vu de leur nombre, comme il a historiquement été pratiqué dans les cités grecques sur l’Agora. Par aillieurs, il serait de même impossible d’avoir une unanimité parfaite, il faut donc se contenter de la pluralité et de la majorité.
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