Commentaire commune de Calais 31 juillet 2017
Commentaire d'arrêt : Commentaire commune de Calais 31 juillet 2017. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ironent • 27 Novembre 2023 • Commentaire d'arrêt • 2 668 Mots (11 Pages) • 229 Vues
Par une ordonnance en référé en date du 16 février 2021, les juges du Palais Royal ont es;mé
que l’interdic;on par le maire de la ville de Nice des loca;ons saisonnières du 6 au 20 février 2021, afin
d’endiguer l’épidémie sanitaire de Covid-19, portait une aFeinte grave et manifestement illégale au
droit de propriété ainsi qu’à la liberté du commerce et de l’industrie, s’alignant sur la posi;on des juges
du fond en suspendant en urgence l’acte administra;f du maire. Ainsi, il ressort de cet arrêt que, face
à une viola;on grave et manifeste des libertés fondamentales par une autorité administra;ve, le juge
administra;f des référés est compétent pour suspendre en urgence la décision concernée par toute
mesure, comme ce fut également le cas dans l’arrêt du Conseil d’État rendu le 31 juillet 2017
En l’espèce, le maire de la ville de Calais, soit une autorité administra;ve déconcentrée car
agissant au nom de l’État au niveau local mais également pour les citoyens de sa commune, a fermé au
cours de l’année 2016 des centres d’hébergement et d’accueil pour les migrants au nord-ouest de la
ville, « la Lande », laissant de ce fait des milliers de migrants sans abri, exposés au froid, au manque
d’hygiène, aux rats et en carence alimentaire. Une cinquantaine de migrants, représentés par onze
associa;ons, assignent alors l’État en jus;ce en déposant un référé-liberté.
Ce référé est accueilli dans un premier temps par le Tribunal administra;f de Lille afin de faire
cesser l’aFeinte manifeste et grave au respect de la dignité des migrants, soit une liberté fondamentale.
Dans une décision du 26 juin 2017, le juge des référés enjoint au préfet du Nord-Pas-de-Calais diverses
mesures afin de remédier au sort des migrants et améliorer leur qualité de vie, des astreintes de 100
euros par jour après 10 jours d’absence de réponse de l’autorité administra;ve accompagnant
l’injonc;on du tribunal. A noter que la demande tendant à réaliser un inventaire des ressources
foncières publiques pour le logement des migrants est écartée par le tribunal. La commune de Calais
ainsi que le ministère de l’Intérieur font alors appel de l’ordonnance du juge des référés, la requête
étant enregistrée au Conseil d’État 9 jours après la décision des juges du fond. Ainsi, le maire demande
l’annula;on du 3e ar;cle de l’ordonnance, concernant la créa;on des points d’eau et latrines, quand le
ministre de l’Intérieur requière lui l’annula;on intégrale de l’ordonnance auprès du Conseil d’État, au
mo;f que ceFe ordonnance relève de choix de poli;ques publiques concernant l’enjeu migratoire.
Les hauts magistrats se retrouvent donc face à la ques;on suivante : le juge des référés est-il
compétent à enjoindre à des autorités administra;ves tout type de mesure des;né à préserver les
libertés fondamentales des migrants ?
A cela, le Conseil d’État, sur le visa de l’ar;cle L.521-2 du code de jus;ce administra;ve, mis en
perspec;ve par de nombreuses disposi;ons cons;tu;onnelles, conven;onnelles et législa;ves, répond
par la posi;ve : les autorités de l’État étant les gardiennes du respect des libertés fondamentales, en
cas de manquement à ce devoir, le juge des référés peut, par ordonnance, prendre toute mesure
urgente et nécessaire afin de faire cesser l’aFeinte à une liberté fondamentale.
Pour comprendre la richesse de ceFe décision, il conviendra de se pencher dans un premier
temps sur les condi;ons de saisine du référé-liberté (I), avant de démontrer en quoi le juge des référés
a appliqué de façon rigide le pouvoir d’injonc;on dont il a la compétence (II).
I. La réunion de condi/ons indispensables à la saisine du juge concernant
un référé-liberté
Pour saisir le juge des référés, deux condi;ons cumula;ves doivent être remplies. Premièrement,
l’urgence à statuer quant à une aFeinte à une liberté fondamentale doit être établie (A). A cela, le juge
doit également observer si l’aFeinte est grave et manifestement illégale, tout en relevant de la
responsabilité d’une autorité administra;ve (B).
A. Une a>einte à la dignité humaine, nécessitant une décision urgente du juge
Comme le souligne le considérant 9 de l’arrêt rendu par le Conseil d’État le 31 juillet 2017,
l’’ar;cle L.521-2 du CJA dispose que le juge des référés doit constater une aFeinte à une liberté
fondamentale, jus;fiant une urgence à statuer. Dans la situa;on présente, il doit se prononcer sur la
ques;on suivante : la ges;on des poli;ques publiques de la ville de Calais a-t-elle porté aFeinte à une
liberté fondamentale des migrants ? Les libertés fondamentales sont vitales pour un individu vivant
dans un État de droit, car elles lui confèrent de nombreux droits qu’il peut invoquer, que ce soit face à
d’autres individus ou même face à l’État, telles la liberté de culte ou d’expression. En droit administra;f,
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