Un hémisphère dans une chevelure, Baudelaire
Fiche : Un hémisphère dans une chevelure, Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eleonoretheo • 17 Octobre 2018 • Fiche • 1 448 Mots (6 Pages) • 1 440 Vues
« Un hémisphère dans une chevelure », Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris, 1869, XVII
Introduction :
- Evolution des formes en poésie, passages successifs de contraintes, de règles à une plus grande liberté d’écriture et de thèmes (ex : sentiment amoureux mais charnel). Aloysius Bertrand, et son œuvre Gaspard de la nuit, parue en 1842 → premiers poèmes en prose
- Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1957 puis 1961) et Le Spleen de Paris – ou Petits Poèmes en prose (1969, posthume) créé « pour faire pendant aux fleurs du mal » Dans la dédicace à Arsène Houssaye, Baudelaire définit le genre poétique du poème en prose et rend hommage à son inventeur A. Bertrand → prose poétique est apte à rendre compte des « mouvements lyriques de l’âme, ondulations de la rêverie et soubresautes de la conscience ».
Un hémisphère dans une chevelure, 17ème poème des cinquante du recueil. Version en prose du même poème versifié des Fleurs du mal, dédié à un des amours de Baudelaire, Jeanne Duval : femme créole
- En quoi ce poème en prose est-il particulièrement onirique ?
En quoi ce poème est-il un Idéal ?
- Projeté dans un moment d’intimité
- Transporté dans un voyage exotique
- Un moment d’Idéal
Développement :
- MOMENT D’INTIMITE
- L’intimité d’un couple
a) Sont au lit : champ lexical du repos « se prélassent » l.12, « des longues heures passées sur un divan » l.13,14 et « bercées » l.14
b) L’intimité est évidente puisqu’ils se tutoient : « Si tu pouvais savoir » l.4
c) Grace à des éléments de portraits tels que « tresses » l.20 et « cheveux élastiques et rebelles » l.21, on sait que Baudelaire parle de Jeanne Duval, une femme créole.
d) Baudelaire pose une demande qui semble presque vitale : « Laisse-moi », en effet il se compare à un homme devant se désaltérer l.2
e) Enfin, l’utilisation du présent d’énonciation par exemple à la ligne 5 « mon âme voyage » montre que l’action est en train de se dérouler
- Celui-ci tourne autour d’une chevelure érotisée
- Le blason des cheveux de cette femme permet de faire l’éloge de l’être aimé « tresses » « cheveux », … Cependant, il y a des incohérences puisque vu les actions de Baudelaire : « les agiter avec ma main », « y plonger tout mon visage » les cheveux de la femme semblent dénoués. Or à la fin du texte, on parle des « tresses de la femme », cela n’a peu d’importance, le poète ne cherche pas l’exactitude
- Les synecdoques de ces cheveux représentant la femme entière permettent de montrer des aspects érotiques de la scène : « mordre » l.20, « plonger » l.1
- TOUT le texte, constitué d’un réseau de métaphores (« j’entrevois », « contiennent un rêve » est au service de cet éloge
- Ce n’est pas n’importe quelle chevelure mais celle de Jeanne Duval : « ta chevelure » l.10 « tes cheveux » l.1
- Leur jeu érotique va assez loin, on le voit à l’aide de l’anaphore de « dans » l.10,13,16,17
Ainsi qu’une variante « sur » aux lignes 17 et 18. A la ligne 13, « dans les caresses de ta chevelure » cela peut aussi bien être les caresses de Baudelaire comme celles de Jeanne Duval.
- Objet de correspondances, de synesthésies (propre au symbolisme)
- Ouïe : l.4,5,10 et 14 « bercées par le roulis » → sens le plus lyrique du teste, exprime un sentiment e nostalgie, résonne le plus pour le lecteur
- Odorat : l.1,3,4,5,8-9, l.16-17 et l.18-19, présence d’odeurs exotiques, du voyage
- Permet l’extase olfactive qui touche aux paradis artificiels « opium » l.1
- Pas d’odeur simple, ne cesse de changer (odeurs féminines et masculines)
- Odeurs sucrées, acides, amères : fortes et contrastées
- Cette femme est compliquée à comprendre, elle représente un univers unique
- Vue : lignes 4,8,10,17, touche la notion d’infini aux lignes 8 et 17 → femme est infinie
- Toucher : lignes 1,2,4,13 évoque la chaleur, le vivant, le soyeux et la douceur, c’est un des sens les plus érotiques
- Goût : lignes 1,20 et 21 → très érotique également, ce sens conclut le texte car il est surprenant et inattendu ainsi Baudelaire a-t-il une écriture poétique moderne
Les synesthésies permettent de montrer la richesse et la variété infinie des sensations qu’éprouve Baudelaire ainsi que la sensualité de Jeanne Duval ; dans le premier paragraphe, on retrouve quatre des cinq sens.
- VOYAGE EXOTIQUE
- Un univers semblable au notre par la mention des quatre éléments : terre « port » l.10, eau « mers » l.7, feu « ardent foyer de ta chevelure » l.16 et l’air « secouer des souvenirs dans l’air » l.3
- Un voyage intérieur
- Intériorité par la ligne 4 « Si tu pouvais » → demande, souhait
- Celui-ci est exaltant puisque les lignes 4 et 5 sont exclamatives
- Enfin tout est poétisé (images, propos, comparaison poétiques), cela montre l’infini de son sentiment
- Un voyage exotique
- « Un hémisphère » Baudelaire parle ici de l’hémisphère sud, la seconde moitié du globe terrestre
- Ce thème est récurrent dans l’écriture baudelairienne puisque qu’il permet d’échapper au Spleen.
- De plus, Baudelaire utilise le champ lexical du voyage et de l’hémisphère sud : lignes 7, 8, 12, 16-17 et 18-19
- Sur-lexicalisation du champ lexical maritime : lignes 6,11-12 et 14 → D’après Baudelaire dans son poème « Le port », celui-ci est un havre de paix, de protection
- Emboîtement : chambre, bateau, port paisible → extraordinaire
- Un voyage ambigu
- Nous pouvons nous demander si ce voyage est un délire ou des réminiscences ? Ces deux thèses sont valables :
- Inventions : l.5 « mon âme voyage », l.6 « tout un rêve » → dimensions oniriques et l.10 « j’entrevois » (devine avec un doute)
- Souvenirs : l.13 « je retrouve les langueurs » et l .17 « je vois resplendir »
- Finalement, on ne peut savoir, Baudelaire ne veut pas que nous le sachions car à la fin avec la modalisation « il me semble » l.20, il ne suggère rien, cela n’a aucune importance car son bonheur avec Jeanne Duval surpasse cette vérité.
- Baudelaire allie les contraires incompatibles en parlant de la même chose, ainsi aux lignes 15 et 16, « rafraîchissantes » précède « ardent foyer ». On le voit également avec les odeurs masculines et féminines elles aussi incompatibles.
- Baudelaire évoque des éléments textuels qui évoquent aussi bien la verticalité que l’horizontalité : « infini de l’azur » et « matures des navires » → va dans tous les sens
- Baudelaire se focalise sur des détails puis sur des vues d’ensemble, ainsi il s’éparpille volontairement dans son discours, il utilise quasi systématiquement les pluriels « les …les …les » et donc des catégories de détails pour résumer la chevelure, somme de tous ces détails.
- MOMENT D’IDEAL
- Le poète fais usage du lexique de la plénitude pour insister sur ce moment d’Idéal « tout ce que » l.4 et 5, « tout un rêve »l.6, le comparatif de supériorité à la ligne 7 « où l’espace […] profond » et enfin les rythmes binaires et ternaires à la strophe 3 par exemple « par » et 3 PSR
- Infini et éternité
- Dans l’espace « infini de l’azur de tropical » l.17
- Eternité : « longtemps, longtemps » l.1 et l.20 et « l’éternelle chaleur » l ;20
- L’épanadiplose aux lignes 1 et 20 rappellent également cette idée d’éternité par un cycle, quelque chose qui revient en boucle.
- In fine, le temps semble étiré par la paronomase « les langueurs des longues heures » à la ligne 13
- Tendresse des sonorités et des rythmes
a) (pas sur : peut-être les rythmes ternaires)
b) On joue sur les sons, en effet l’allitération en [m] à la strophe 3, celle en [v] à la strophe 6 ainsi l’assonance en [on] aux lignes 1 et 2, ces sons sont donc doux et beaux à entendre.
- Poème empreint de modernité, esthétique moderniste
« Gargoulettes » l.15 et « opium » l.16 -> paradis artificiel au XIXème siècle, « goudron » l.18. Et l’érotisme moderne par « mordre les tresses » l.20 et « mordilles tes cheveux élastiques » l.21, enfin, le poème est en prose ce qui renforce encore plus cette notion de modernité.
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