L'effet papillon Xavier de Bayser
Fiche de lecture : L'effet papillon Xavier de Bayser. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Pascale Besson-Guyard • 9 Mars 2018 • Fiche de lecture • 2 521 Mots (11 Pages) • 711 Vues
L’effet papillon de Xavier De BAYSER
Xavier De BAYSER, L’effet papillon, Paris, Edition L’Archipel, 2011
L’auteur :
Xavier de Bayser, âgé de 65 ans, pionnier de la finance et du capital-risque notamment en agriculture, est actuellement le président du Comité Médicis, instance de réflexion et de dialogue sur les questions touchant au développement durable, ce comité comprenant des économistes, des philosophes, des scientifiques, des sociologues, des chefs d’entreprises, des représentants du monde associatif, de nationalités différentes.
Son engagement lui vient de ses années d’études pendant lesquelles il part en Inde faire un stage au côté du père Ceyrac, missionnaire jésuite, luttant contre les castes et aidant les « intouchables » par la mise en place de fermes modèles dans le sud du pays. Il reprend ses études et devient banquier. Alors que le Rendement et le Risque sont les seuls paramètres pris en compte par les banquiers, les fluctuations chaotiques de la bourse liées parfois, seulement à de petites causes, le font s’interroger sur l’impact qu’aurait la prise en compte du 3ème R : la Responsabilité : l’investissement socialement responsable (ISR) pourrait, alors, peut-être changer le monde.
Thèmes :
Cet ouvrage est donc une étude sur le développement durable et sur le social business montrant que celui-ci peut résorber et résoudre trois grands fléaux, la malnutrition, la famine et la préservation de l’environnement (la déforestation).
Le social business est une entreprise commerciale à but humanitaire, deux termes contradictoires. Cependant et contrairement aux associations, fondations ou autres organismes à but non lucratif dépendants de financements extérieurs, un social business est une entité auto-suffisante financièrement, qui n’a besoin d'’aucunes subventions pour fonctionner dans le domaine humanitaire.
Pourquoi ce titre, « l’effet papillon » ?
L'effet papillon, selon le principe de la théorie du chaos, est le fait que de petites causes produisent de grands effets. C’est le météorologue Edward Lorentz qui a mis en évidence cet effet, en découvrant qu’une infime variation d'’un élément peut progressivement amplifier et porter d'’énormes changements à plus ou moins long terme. Ce principe, appliqué aux sociétés humaines, signifie que des comportements sociaux différents permettraient au monde de retrouver un équilibre compromis par l'exploitation irresponsable des ressources communes, au profit de la course à la croissance à court terme.
Comment alors résoudre la malnutrition, la famine, protéger l’environnement avec des entreprises privées, des investissements socialement responsables ?
Alors que notre société dite « développée » court après sa croissance dans une spirale infernale, elle laisse 60% de la population mondiale au bas de la pyramide de Maslow, c'est à dire, sans pouvoir subvenir à ses besoins vitaux.
Recouvrer le bon sens, agir pour que ces gens puissent se nourrir, puissent regagner la santé et s’éduquer, c’est leur assurer un « devenir d'’homme », c’est leur permettre de devenir les acteurs de leur vie, des acteurs socio-économiques et culturels c'est à dire mettre en œuvre leur « capabilities[1] » selon Amartya Sen, prix Nobel d'’économie 1998. C’est leur permettre « de rentrer la tête haute dans le circuit des échanges internationaux et de provoquer par la-même un formidable appel d'’air pour la croissance mondiale » p.19.
Il faut donc repartir de l’infiniment petit, du micro et non du macro.
En effet, force est de constater que malgré les grands colloques internationaux, malgré les sommes pharaoniques distribuées comme aide aux pays pauvres, les résultats ne sont pas à la hauteur des ambitions, et que le pansement sur la plaie ne soigne toujours pas le mal.
N’y a t-il pas des solutions plus économes et plus efficaces qui, misent en place, provoqueraient un effet papillon solidaire ?
C’est au travers de trois exemples « en sachet » que l’auteur va montrer qu’en accompagnant des entreprises innovantes tant en terme de technologies que de gestion et de projets, il est non seulement possible mais également rentable, d’aider des pays défavorisés.
Premier exemple :
Aucun produit financier n'offre un rendement de 1 à 100, certaines graines le peuvent !
Avec Pierre Moussa, l'ancien président de BNP Paribas, et Jean-Marie Cordier, un ingénieur de l'INRA, Xavier De Bayser lance, en 1994, JTS (Les Semences du Jardin Tropical), une entreprise qui produit des kits de semences de qualité pour les pays de la bande intertropicale ou vivent plus d'’un milliard de personnes sous alimentées.
Les semences sont donc fournies en kit avec outils, bâche pour contenir l’humidité et diminuer de 70 à 75% l’eau nécessaire, prolonger la photosynthèse de 4h ( le jour ne dure que de 12 heures sous ces latitudes et les graines à long radicelles poussent sous des contrées où le jour, en saison, dure 16 heures) et protéger des insectes, un goutte à goutte et surtout une formation et un accompagnement :
les agriculteurs deviennent ainsi de véritables acteurs de leur propre développement par une participation active aux activités de production, transformation et commercialisation plutôt que d'être isolés et dépendant de l'aide pour leur survie.
La première expérience, au Niger en pleine saison sèche donnera, en quelques semaines, « 148 kg de concombres soit un rendement de 100 tonnes à l’hectare alors qu’en culture traditionnelle il n’est que de 35t à l’ha et que d'’autre part ils ne sont pas cultivés à cette saison car ils brûlent ».p.60.
Les jeunes du village sont, alors, venus travailler au jardin, la production a été en partie consommée, l’autre offerte à la famille et le reste vendue au marché apportant des revenus mais également du lien social et de la valorisation de soi.
Les projets à court terme sont financés au moyen de microcrédits remboursés sur 2 à 3 ans, les investissements plus lourds auprès de fonds éthiques.
D'’un jardin, l’histoire est passée à un parc paysan, c'est à dire plusieurs jardins groupés, comme les jardins ouvriers chez nous autrefois et qui ressurgissent quelque peu. Il est donc tout à fait imaginable de voir s’aménager le territoire avec de nouveaux bourgs favorisant aussi la création d'’autres nouveaux métiers. C’est un effet papillon...
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