Les Caractères de la bruyère
Dissertation : Les Caractères de la bruyère. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar manon051220 • 14 Juin 2022 • Dissertation • 1 295 Mots (6 Pages) • 1 744 Vues
Dissertation : les Caractères – La Bruyère
Sujet : En quoi Les Caractères de La Bruyère visent-ils à présenter le monde comme un théâtre où chacun joue son rôle ?
En observant lui-même les courtisans de son siècle, La Bruyère, auteur classique et moraliste, fut témoin de la fameuse « comédie sociale ». De ceci, il va écrire Les Caractères qu’il publiera pour la première fois en 1688 (s’en suivront 8 autres éditions). Cette œuvre polyforme aura un succès immédiat et associer les portraits peints à leurs modèles deviendra un grand jeu à la Cour. Nous nous intéresserons à la comédie sociale en nous posant la question suivante : En quoi Les Caractères de La Bruyère visent-ils à présenter le monde comme un théâtre où chacun joue son rôle ? Afin d’en effectuer la recherche la plus approfondie, nous procéderons en deux axes. Premièrement nous examineront le rôle de chacun dans le théâtre qu’est le monde. Ensuite nous nous intéresserons à la forme du texte et à ses proches au théâtre.
En premier lieu, l’auteur par son œuvre va mettre en scène des personnages qu’il a lui-même observé à la Cour. La Bruyère présente alors les courtisans comme des acteurs et spectateurs d’eux-mêmes. Il va mettre en avant la vanité humaine. Ses personnages portent un « masques », ils se maquillent, se coiffent, se cultive, marchent et parlent de façon malhonnête et irréelle. Toute leur vie n’est basée que sur la paraître et sur leur image retouchée, ainsi même les amitiés sont intéressées comme accentué Livre VI. Ce sont de « vrais personnages de comédie » et nous pouvons le démontrer en s’appuyant sur l’omniprésence des champs lexicaux du regard et du comportement dans toute l’œuvre mais peut être retrouvé aussi dans le sonnet 150 de Les Regrets de Du Bellay. Le Livre VII « De la Cour » illustre cette association à des rôles d’acteurs (mais en ville) car les femmes se mettent en scène et se concurrencent entre elles sans cesse ; quant aux hommes de robes, vaniteux et pédants, ils cherchent sans cesse à s’élever et finissent par avoir les mêmes défauts que les courtisans. Ces personnages ne sont pas qu’acteurs puisqu’également spectateurs. Ils se mirent, se jalousent, se jugent et s’inspirent les uns sur les autres : ils jettent sur leurs adversaires des regards vicieux et malveillants.
Ces personnages théâtraux jouent à la Cour (Livre VIII) ou à la ville (Livre VII), lieu de la superficialité et l’artifice.C’est là que la comédie sociale opère et que chacun prend son rôle ou celui qui ne lui est pas destiné. Par exemple lorsque les hommes de robes imitent les Grands, que les uns s’approprient les caractères des autres ou que l’on voit certains prendre des allures qui ne leur conviennent pas comme Arias ou Pamphile. La Bruyère va aussi décrire l’envers du décor théâtral dans le Livre VI. La fable de La Fontaine La Cour du Lion ou Du côté de Swann de Marcel Proust sont des exemples montrant que pour survivre dans ce milieu social il faut se montrer rusé et mentir habilement. Cette espace scénique est un champ de ronce où l’hypocrisie, la rivalité et la jalousie pointent sous l’artifice et la superficialité. Ce théâtre du monde est un milieu où règne corruption et hypocrisie. Ce sont (la ville et la cour) des espaces clos où les nobles (ou les bourgeois) sont regroupés entre eux : c’est l’entre sois. Cette concentration de masques et de fausseté ne fait que s’amplifiée lorsque les uns sont calqués sur les autres. Tout ceci au dépit de la vertu et de la simplicité que l’on retrouve dans certains portraits ou dans La Princesse de Clèves où l’héroïne reste honnête femme tout au long de sa vie grâce à son éducation hors de la Cour.
Les Caractères de La Bruyère sont d’autant plus proches du théâtre qu’ils sont écrits à la manière d’une pièce en divers points. En effet, l’auteur s’amuse à faire la description de son expérience avec le monde de son temps en usant d’une écriture théâtralisée. Par exemple il va régulièrement mettre en scène ses personnages par de petites scènes dialoguées comme le fait la Fontaine ; d’autre part les portraits dressés s’apparentent indéniablement à des saynètes de comédie. Le théâtre étant un art d’imitation et de mimiques, d’illusion et de rôles, c’est certainement ce qu’il existe de plus adapté pour dénoncer la pluralité des apparences et attitudes, comme l’incarne Pamphile. En utilisant des procédés théâtraux, La Bruyère va ainsi dénoncer la proximité entre le théâtre et le monde. Simplement, il va par une variété de formes et de tailles de ses fragments, éviter de lasser son lecteur et le rapproche encore d’une pièce théâtre où les répliques se suivent plus ou moins vite. Enfin, il utilise beaucoup l’antonomase, propre au théâtre : par exemple de Molière on tire un Harpagon ou un Scapin. Cette main théâtrale lui permet de donner vie à son texte, d’impliquer le lecteur. Cette implication volontaire fonctionne très bien à la cour où les nobles s’en divertissent. La morale prend à son tour vie et les dénonciations en sont plus pertinentes.
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