En quoi la lenteur pourrait-elle nous délivrer de cette vitesse et quelle place possède-t-elle dans notre société ?
Commentaire de texte : En quoi la lenteur pourrait-elle nous délivrer de cette vitesse et quelle place possède-t-elle dans notre société ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar AnaelleJoulin • 11 Avril 2021 • Commentaire de texte • 1 533 Mots (7 Pages) • 745 Vues
CGE BTS GPME20
I/ SYNTHESE DE DOCUMENTS
« Prendre le temps de vivre », voilà une expression devenue bien désuète et dépourvue de tout sens. A l’heure où la vitesse s’empare de toute chose, que notre démocratie et notre capitalisme font de cette dernière un mode de vie, certains tendent à croire qu’un retour à la lenteur pourrait les libérer.
Mais alors en quoi la lenteur pourrait-elle nous délivrer de cette vitesse et quelle place possède-t-elle dans notre société ?
Nous verrons tout d’abord que la lenteur est un choix pour fuir la société et la vitesse le temps d’un instant puis nous verrons qu’elle peut aussi devenir une obligation en cas de menace pour la démocratie et l’Homme.
La lenteur a toujours existé mais les personnes prônant cette dernière ont toujours été en marge de la société. Nous sommes dans une ère où la vitesse est d’or. « La marche n’est plus au cœur des modes de déplacement (…). » comme le dit David le Breton dans « Marcher. Eloge des chemins et de la lenteur ». La marche ici est donc prise pour loisir par les personnes. On les appelle même les « marcheurs ». David le Breton oppose le champ lexical du calme et du bonheur (tranquillité, silence loisir, nature, seuls, méditation) à celui de l’urgence et de la vitesse. La division entre l’idée du retour à soi et l’idée de la soumission à l’urgence du quotidien est frappante dans ce texte. L’auteur tente de faire comprendre que la lenteur ici est un choix de vie, un loisir. On s’échappe de la réalité, des responsabilités pour devenir « plus enclin à jouir du temps qu'à se soumettre à l'urgence ». C’est le désir de vivre, certes, à cent à l’heure en semaine puis retourner à notre réelle vision de la vie le temps d’un week-end. Retourner à cette lenteur signifie régresser pour certains, pour les marcheurs il s’agit uniquement d’une volonté de vivre pleinement et de s’aliéner contre cette intolérance sociétale. Les marcheurs selon David le Breton jouissent de leur singularité, ils tentent tant bien que mal de revenir à l’essence même de ce qu’est la vie. La lenteur c’est l’harmonisation entre les Hommes et Nature. C’est prendre le temps selon lui de respecter ce qui nous entoure. La vitesse ne nous le permet pas. Il est impossible de prendre le temps de penser et d’analyser le monde que nous laissons et de faire preuve de tendresse, de curiosité envers soi en tant qu’être humain mais aussi envers la nature et notre environnement. La méditation occupe pour l’auteur une place primordiale dans le chemin vers la lenteur et la compréhension. Selon lui il est nécessaire d’effectuer cette démarche. Premièrement pour se distancer de cette négativité qu’apporte la vitesse et l’urgence et deuxièmement pour tenter de se mettre en marge de la société.
Selon Juliette Cerf « Le capitalisme crée un état d’insomnie généralisé » article paru dans Télérama, les individus sont éveillés et actifs en permanence, 24/7. Ici ce n’est pas la vitesse qui dirige réellement et la lenteur n’a pas le rôle de loisir mais celui d’échappatoire. Le capitalisme selon Juliette Cerf dirige les Hommes et le temps est soumis au capitalisme friand de toujours plus de productivité. L’auteur oppose d’ailleurs le champ lexical du capitalisme ( acheter, productifs, efficaces, soldat, colonisé, puissance, tempo) à celui du sommeil ( dormir, rêverie, interstices, temps d’arrêt). Pour Juliette Cerf le sommeil est le seul moyen de rejoindre cette lenteur dans ce capitalisme constant. Contrairement à l’idée de David le Breton, ici la lenteur est un échappatoire de la réalité. Le sommeil, plus qu’un besoin primaire, devient une lutte contre le capitalisme. C’est un moyen de rentrer en dissidence face à la société. Le sommeil est une forme de pensée subversive.
La lenteur est parfois une obligation plus qu’une volonté de se confronter à la société ou de s’en éloigner. Michel-M axime Egger dans « La vitesse : enjeux politiques » différencie le champ lexical de la puissance ( superpuissances, rapidité, militaires, financiers) à celui de la solidarité ( commun, partage, collective). L’auteur démontre que la vitesse s’empare, grignote notre société au détriment d’une nouvelle démocratie. L’Homme va tellement vite pour tout qu’il ne prend même plus le temps d’agir en commun et de respecter les valeurs de la démocratie. Il y a une forme d’incompatibilité, une obligation de prendre le temps et remettre en place la lenteur pour retrouver la démocratie et éviter ce qui nous menace. La lenteur servira donc ici de contrer l’idée du capitalisme qui court après la vitesse.
Pour Gaëlle compte-rendu du livre de Nicole Aubert « Le culte de l’urgence. La société malade du temps », l’expression le temps c’est de l’argent est l’idée même du capitalisme, du rendement, de la vitesse et de l’urgence. Les nouvelles technologies vont à l’encontre de l’idée de lenteur. En effet il faut aller le plus vite possible quitte à sauter des étapes et commettre des erreurs. On ne prend donc plus le temps de faire les choses. Ici c’est le capitalisme qui menace, le temps est soumis à ce que l’Homme dicte. Cette domination vire à l’obsession, tout est fait dans l’urgence. C’est comme une drogue, une stimulation. L’auteur va même jusqu’à expliquer que les Hommes ressentent « une impression de toute puissance ». Elle utilise le champ lexical de la drogue ( shootés, ivresse, jouissance, adrénaline). La société exige des performances, il y a une volonté de devenir l’être humain parfait pour la société. Nous devenons de plus en plus exigeants avec nous-même et assujettissant. Mais l’urgence est aussi un danger. En effet l’auteur insiste sur le fait qu’elle apporte des maladies et qu’elle nous donne l’impression de perdre du temps sur une chose qui en nécessite. Ici la lenteur est plus que nécessaire. Ne serait-ce que pour le bien-être de l’Homme, idée que l’on retrouve dans le texte de David le Breton, mais aussi pour la société. La sociabilisation est devenue impossible, la vitesse prouve qu’il est devenu impossible d’accorder du temps à l’autre. Seul la lenteur saurait nous rendre les valeurs humaines tel que la loyauté. La notion de durabilité se perd. La lenteur permettait d’établir des liens forts et de confiance. La vitesse n’a donc rien de bon.
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