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Corpus sur la vitesse

Synthèse : Corpus sur la vitesse. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Février 2021  •  Synthèse  •  1 557 Mots (7 Pages)  •  1 259 Vues

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Keltoum DJEKBOUBI                                                Culture Générale & Expression écrite

                                        Corpus sur la vitesse  

        « Plus vite que la lumière ». La vitesse permet de multiplier les possibles, de vivre avec intensité de nombreuses expériences. La modernité et les progrès techniques modifient notre rapport au temps et à l’espace. La rapidité devient une compétence essentielle. Aller plus vite devrait permettre de dégager du temps. Nous avons pourtant souvent l’impression d’en manquer et d’être soumis à une permanente course contre la montre qui suscite pression et angoisse. La vitesse et l’intensité ont toujours été associées à des vies fulgurantes et exceptionnelles. La vitesse qui nous emporte incite à vivre dans un présent sans cesse renouvelé, dans une frustration perpétuelle. Comment, dès lors, garder le contrôle dans nos vies sans nous laisser happer par la vie ? Nous verrons tout d’abord que l’accélération peut mener l’asservissement, puis que la lenteur nous permet de saisir la vie, et enfin qu’entre vitesse et lenteur nous pouvons choisir.

        Tout d’abord, nous vivons dans une société ou tout va très vite, toujours plus vite. Comme pour se donner de l’élan, pour faire une embardée dans notre existence, pour chambouler la routine sclérosante du quotidien. Dans ce rythme débridé, la finalité première de la rapidité de l’exécution domine, au détriment du sens de nos actions. Seul compte l’accomplissement et nous sommes ainsi réduits à de simples exécutants. La vitesse est devenue la maladie de notre siècle. C’est un thème que le journal Courrier international a mis en avant dans son article « l’hypervitesse, maladie du XXIe siècle » publié le 23 décembre 2004. Ce dernier expose les problèmes liés à la vitesse et l’asservissement qu’elle entraine. La pratique de la vitesse devient un devoir et donc une nécessité. La montre asservit l’être. Elle rend compte d’un temps dont écoulement est subi comme une fatalité. Cette cadence poussée à l’extrême conduit à une déshumanisation. A force d’aller contre le temps, l’acuité, la vivacité peuvent parfois faire défaut. La vitesse cède alors place à la précipitation. Elle se définit comme une hâte excessive qui donne à ce que l’on fait un caractère irréfléchi et désordonné. C’est ce que nous explique Jean Ollivro dans son livre, Quand la vitesse change le monde, publié en 2006. Il met en avant que la vitesse est suicidaire lorsqu’elle ne s’associe pas un projet sur une temporalité réelle. Cette frustration face à la lenteur peut amener une précipitation malencontreuse ou à une frénésie irréfléchie. Ollivro dans son livre, nous donne l’exemple des deux jeunes qui se sont tués sur la route lorsque leur voiture allait à vive allure, a dérapé et heurté un arbre.

        

        A trop vouloir privilégier la vitesse, nous en perdons le sens et la saveur, et donc la substance même de l’existence. Savoir saisir la vie, ne serait-ce pas plutôt, a rebours de ce dogme de la vitesse, aller chacun à son rythme, voire refuser la vitesse pour mieux prendre le temps …

        Aller contre la vitesse, c’est affirmer la lenteur comme une vertu assumée. Généralement, cette notion est perçue péjorativement : manque de rapidité d’une personne ou d’un animal à effectuer une action, absence de vivacité intellectuelle. C’est ce que nous explique Pierre Sansot dans son livre « du bon usage de la lenteur » publié en 1998. La lenteur s’assimile à la paresse, au retard, voire à la stupidité et donc une incapacité de réagir. Mais saisie dans une optique antithétique à la vitesse, elle peut révéler des bienfaits salvateurs. Le lent n’est plus cet être insupportable, incapable à se lancer à tout va dans la course contre la montre. Il est celui qui sait prendre son temps, gouter à la saveur des minutes qui passent. L’oisiveté n’est alors plus répréhensible, mais garante d’authenticité. La lenteur peut aussi résulter d’une adaptation du temps à ses propres capacités. Elle est le fer de lance du labeur, de ce travail en profondeur qui, loin de l’esbroufe de la vitesse sait se structurer, se forger solidement et surement afin de créer un édifice stable. Comme le met en avant P. Sansot, la qualité prime alors sur la quantité. Il n’est plus question d’accumuler des tâches stériles, mais de se concentrer sur l’essentiel, sur ce qui doit être fait en priorité. La lenteur ménage l’être et intègre un temps propre à soi, respectueux de ses exigences. La personne qui va lentement sait hiérarchiser ses priorités et surtout faire preuve d’endurance. La fable de Jean de La Fontaine « Le Lièvre et la Tortue » tirée du recueil de Fables, 1668, illustre parfaitement le contraste entre la vitesse stérile trop sure d’elle et la lenteur laborieuse, mais endurante. Les deux animaux tutélaires se confrontent dans une course qui semble déterminée d’avance : le lièvre par sa vélocité semble assuré d’un succès certain. Mais contre toute attente, la prétention engendre un comportement narcissique qui modifie pleinement le cours des évènements. Le lièvre flâne, sûr de sa victoire. Au contraire la tortue se focalise sur son objectif et met tout en œuvre pour parvenir. Ce sera finalement la tortue qui l’emportera.  La vitesse est alors complètement contournée, rejetée, pour mieux faire éclater le succès flamboyant de la lenteur.

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