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La place de la mémoire dans la construction collective et personnelle

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Par   •  20 Décembre 2021  •  Dissertation  •  2 430 Mots (10 Pages)  •  397 Vues

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La place de la mémoire dans la construction collective et personnelle

Selon le Maréchal Ferdinand Foch « Parce qu'un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». Cette citation illustre le thème du sujet proposé concernant la place de la mémoire dans la construction personnelle et collective s’appuyant sur le texte « La vocation de la mémoire » de Tzvetan TODOROV tiré de la revue La mémoire entre histoire et politique de juillet-août 2001.

Il parait donc nécessaire de questionner

Dans quelle mesure la mémoire intervient-elle dans la construction personnelle et collective ? Nous verrons d'abord quelles sont les caractéristiques de la mémoire comme fonction neurologique, puis nous aborderons l’aspect essentiel de la mémoire dans la construction d’un individu, avant de conclure sur les limites de cette faculté de l’esprit.

        Pour commencer, la mémoire peut être définie comme une fonction neurologique.  En premier lieu la mémoire créerait différents niveaux de conscience. Plus précisément, elle placerait l’individu dans un rapport particulier à son passé. Elle est par exemple capable de le transporter dans un souvenir précis, et lui faire revivre par la pensée. Cette aptitude semblerait être l’apanage de l’homme, ce qui en ferait un type de mémoire à part entière. Endel Tulving a proposé en 1972 le concept de « mémoire épisodique » pour identifier cette mémoire altérant l’état de conscience du sujet. Même si son sens a évolué depuis, elle peut être définie comme la mémoire des événements personnels vécus, bien situés dans le temps et l’espace de leur acquisition. Non seulement elle permet de se souvenir en un instant d’une chose faite précédemment, mais aussi elle plonge la conscience individuelle dans le passé au point de faire revivre les émotions du moment. Le psychologue écrit, « La mémoire épisodique réalise exactement ce que les autres formes de mémoire ne font pas ou ne peuvent pas faire en permettant à l’individu de voyager mentalement dans son passé » (Éléments de la mémoire épisodique). C’est grâce à ce voyage dans le passé que l’homme se projette dans l’avenir et construit des stratégies. En somme la mémoire déplacerait la conscience à différents niveaux.

De plus la mémoire aurait une certaine étendue. Appréhendé sous l’angle du stockage de l’information, elle ne semble pas pouvoir conserver une quantité illimitée de souvenirs. Peut être serait-elle caractérisée, à la manière des supports de la mémoire informatique, par une capacité d’enregistrement prédéfinie, plus ou moins grande selon les individus et extensible, mais enfermée dans les limites que lui confèrerait la nature. Les premières expériences de mesure de l’étendue de la mémoire ont été menées par Joseph Jacobs dans les années 1880. Souhaitant mettre en évidence la limite de la capacité à reproduire des sons qu’il nomme la « préhension » ; il a demandé à des écolières de retenir des syllabes privées de sens, des lettres en désordre, ainsi que des chiffres. Les résultats obtenus ont en effet montré que le nombre d’items mémorisés variait légèrement autour d’une moyenne. Le maître d’école conclut que « Le plus grand nombre de sons correctement reproduits doit être considéré comme la limite que nous souhaitons trouver, et que nous nommons « l’empan mnésique » » (Expériences sur la « préhension »). Les tableaux de l’expérience établissent de surcroit une croissance stable de l’empan avec l’âge, jusqu’à ce que le corps ne cesse de grandir d’après Jacobs. La mémoire serait donc une faculté limitée.

Par ailleurs la mémoire aurait une certaine durée. Après avoir fixé son contenu, elle ne parviendrait à le conserver que pendant un temps, après quoi il n’est plus susceptible de rappel ou de reconnaissance. Le phénomène de l’oubli, si courant dans l’expérience quotidienne peut effectivement être interprétés comme la « mort » apparente du souvenir, certes susceptible de résurrection, de sorte que celui-ci aurait vécu jusqu’à un certain âge. L’éphémérité du contenu mnésique serait, en filant la métaphore, son vieillissement. En pratique, les évaluations expérimentales de la mémoire ont confirmé l’hypothèse de la durée du souvenir. Ce sont notamment les méthodes quantitatives pionnières de Hermann Ebbinghaus qui ont permis, à la fin du XIXe siècle, d’estimer le cours de l’oubli. Ainsi son expérience de référence a attesté de la grande rapidité de l’oubli dès les premières heures ; puis de la progression continue du processus dans le temps, jusqu’à la disparition d’environ 80% du contenu mnésique au bout d’un mois. Ce résultat démontre l’importance de la répétition pour la mémorisation, « si un poème est appris par cœur sans être répété, après un semestre aucun effort de recueillement ne sera capable de le ramener à la conscience » (La mémoire : une contribution à la psychologie expérimentale) Un souvenir aurait donc une durée de vie.

En outre il est à noter que la mémorisation de certains faits comme les événements traumatisant soit biaisé et que l’esprit édulcore les faits réels pour en atténuer leur impact voire les supprime totalement. Ainsi dans la mémoire collective, en tant qu’ensemble des représentations sociales du passé dans une société donnée, il faut parfois attendre plusieurs dizaines d’années avant de voir ressurgir des souvenirs collectifs de certains événements traumatisants, le temps qu’ils se déchargent des aspects émotionnels qui brident la qualité de transmission.

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La mémoire fonderait l’identité personnelle. En concevant celle-ci non pas comme un donné, mais comme une forme de certitude intérieure, c’est-à-dire une expérience de conscience, elle apparaît alors indéniablement liée au passé du sujet. Autrement dit, celui-ci saurait qui il est dans la mesure où il serait habité en permanence par les convictions inébranlable que ses souvenirs lui appartiennent bien et que c’est son existence qui leur sonne leur cohésion. La conscience de l’identité personnelle serait donc un sentiment relatif au contenu mnésique. Locke affirme en effet que c’est la mémoire qui relie l’individu à lui-même. S’il pense le problème de l’identité avec le concept classique de substance, nécessaire pour définir l’âme comme le corps, il montre cependant qu’il ne suffit pas à le résoudre. En pratique, une altération de la substance ne modifie pas l’identité si la conscience de la continuité des actions perdure. L’unité substantielle de l’âme n’équivaut dès lors pas à l’identité personnelle. C’est grâce à la conscience qui rattache le présent au passé que le sujet peut rester « le même ». « Quiconque a une conscience, un sentiment intérieur de quelques actions présentes et passées, est la même personne à qui ces actions appartiennent » écrit le philosophe (Essai philosophique concernant l’entendement humain). Ainsi, la conscience d’El’ identité reposerait sur la mémoire.

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