"Il est hélas devenu évident aujourd'hui que notre technologie a dépassé notre humanité" - Einstein
Dissertation : "Il est hélas devenu évident aujourd'hui que notre technologie a dépassé notre humanité" - Einstein. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar winston • 15 Avril 2016 • Dissertation • 2 518 Mots (11 Pages) • 8 839 Vues
« Il est hélas devenu évident aujourd’hui que notre technologie a dépassé notre humanité ». Albert Einstein
« D’ici 2029, l’intelligence artificielle dépassera celle de l’humain… Nos corps deviendront de moins en moins biologiques. Nos composants biologiques n’auront plus beaucoup d’importance. Nous pourrons mettre notre esprit dans un ordinateur… ». Voici les propos tenus par Ray Kurzweil, transhumaniste, ingénieur en chef de Google à propos de l’évolution technologique.
Cette citation trouve un écho dans les paroles d’Albert Einstein, un physicien de génie aux opinions pacifistes qui affirmait « qu’il est hélas devenu évident aujourd’hui que notre technologie a dépassé notre humanité ».
Il convient tout d’abord de poser une définition univoque de la notion d’Humanité : selon le dictionnaire Larousse, il s’agit de l’ensemble des êtres humains, considéré parfois comme un être collectif ou une entité morale. L’humanité représente les valeurs morales et fondatrices de l’Homme, qui va être dépassé par une technologie grâce à laquelle l’accès aux informations est ultra rapide. Une technologie si grande qu’elle s’apparente au transhumanisme, c’est-à-dire à l’Homme intégré à la machine ou à l’Homme augmenté par la machine. L’utilisation du mot « hélas » nous fait penser qu’Albert Einstein réfutait l’idée d’un monde dans lequel la technologie prendrait le pas sur nos valeurs morales. Par ses découvertes majeures de 1905 (notamment la relativité restreinte), Einstein a permis l’émergence de la recherche nucléaire. Il fut ensuite l’un des instigateurs du projet Manhattan, qui aboutit à la fabrication de la première bombe atomique durant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il voulait plutôt mettre en garde les Etats-Unis des dangers de cette technologie pour l’humanité. Lorsqu’il se rendit compte de la puissance de destruction des armes nucléaires, craignant que l’humanité ne soit dépassée par cette technologie destructrice, il créa le Comité d’urgence des scientifiques atomistes. Ce dernier visait à faire prendre conscience à l’opinion publique des dangers liés au développement des armes nucléaires, ainsi qu’à promouvoir la paix. Considérons à présent les enjeux de cet énoncé : d’une part, l’auteur affirme que la société que l’on a créée est potentiellement dangereuse car les valeurs associées à la machine sont plus fortes que celles associées à l’humain, d’autre part, il met l’accent sur l’évolution du mythe du progrès qui a pris source au XVIIIème siècle en remplaçant la religion.
Sur la base des précisions développées ci-dessus, nous pourrions reformuler ainsi l’énoncé : le progrès s’accélère, l’humain cherche de plus en plus la perfection et il va être dépassé par ses recherches. Même si l’évolution de l’humain à travers les siècles semble tout à fait normale, il faut éviter de tomber dans une recherche excessive qui pourrait nous faire perdre nos valeurs biologiques.
Dès lors, il nous incombe de discuter d’un certain nombre de points. Tout d’abord, quelle est l’évolution du progrès à travers les siècles et son impact sur l’humanité ? Ensuite, est-ce que des mouvements tel le transhumanisme peuvent, dans le futur, conduire à une perte de maîtrise de la technologie ?
Initions notre analyse en abordant la problématique de la naissance du mythe du progrès et de son évolution jusqu’à ce jour. Le XVIIIème siècle est le fondement de la pensée moderne. Tout commence avec la découverte du philosophe Newton affirmant que le monde est infini. Ainsi, l’idée du monde parfait véhiculée par le christianisme est ébranlée. L’Eglise n’est évidemment pas d’accord avec cette découverte car elle remettrait en cause sa conception du monde. En effet, les penseurs du XVIIIème siècle voulaient tout expliquer par la raison, ce qui reléguait l’Eglise et les croyances religieuses au second plan. Ce courant philosophique dit des « Lumières » marquera tout le XVIIIème siècle de son empreinte. Désormais, comprendre ne se résume plus à comprendre l’œuvre de Dieu, mais bien à analyser le réel pour saisir le mécanisme des causes et des conséquences. La laïcisation, la critique de l’obscurantisme religieux, les réflexions sur la politique et la monarchie, l’apparition de l’écrivain philosophe ainsi que la démocratisation des savoirs par la première Encyclopédie sont le résultat de la nouvelle pensée des « Lumières », dans laquelle on explique tout par la raison. Au XIXème siècle, en plus du remplacement de la religion par le progrès déjà acquis au siècle précédent, la mécanisation fait son apparition. L’Humain est en concurrence avec la machine. Auguste Comte écrit La théorie des trois Etats qui prône le positivisme, une croyance selon laquelle le progrès fournira toutes les explications au sujet du monde et de l’homme. Comte dit que la société est entrée dans sa période positiviste et qu’elle n’a plus besoin ni de dieux ni de mythes pour expliquer le monde. Passons au XXème, siècle de la technologie, qui a vu le développement des transports, de la mondialisation, de l’information immédiate. Il est aussi le siècle de systèmes politiques comme le capitalisme, mais aussi le communisme ou le nazisme. Les excès de ces systèmes, qui ont instrumentalisé la technologie pour leur prestige, ont conduit à des catastrophes majeures, telles qu’Hiroshima ou Auschwitz, engendrant des millions de morts. Ces épisodes ont du reste motivé la prise de position d’Einstein et sont encore mieux imagés par la citation de Rabelais « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Au cours des derniers siècles, des révolutions technologiques successives ont façonné le monde que nous connaissons. On peut citer la machine à vapeur, l’électricité, l’automobile, l’informatique, internet… A chaque évolution, des pans entiers de l’économie ont été remis en question, apportant leurs lots de sans-emplois et de métiers disparus. Mais à ce jour, toutes ces révolutions se sont accompagnées d’une amélioration du bien-être général et de l’émergence de nouvelles professions plus qualifiées. Nous pouvons donc affirmer que, jusqu’à ce jour, le progrès technologique a impacté parfois très négativement nos sociétés, sans toutefois dépasser durablement notre l'humanité. Cependant, le progrès s’accélère, notamment avec les contributions décisives d’Einstein. Il est probablement le mieux placé pour prendre du recul et déceler les dangers des nouvelles technologies pour la société.
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