D’après votre lecture de la princesse de Clèves, des textes du parcours associés et d’autres œuvres que vous connaissez, les passions sont-elles condamnables ?

Analysons le sujet :

D’après votre lecture de la princesse de Clèves, des textes du parcours associés et d’autres œuvres que vous connaissez, les passions sont-elles condamnables ? (Je souligne les termes sur lesquels je vais m’interroger)

Dans ce sujet, on a affaire à une interrogation totale, la réponse est oui ou non, mais il faut bien-sûr nuancer et argumenter.

Le mot passion mérite que l’on s’y attarde : ce mot vient du latin passion, qui signifie souffrir, endurer, supporter.  Au 17ième siècle, le mot s’utilise pour désigner des sentiments extrêmes, comme le goût pour le pouvoir. Les passions, sources d’égarement et provoquant une absence de contrôle de soi, sont condamnées par les moralistes de l’époque : Fénelon, La Fontaine, La Rochefoucauld, La Bruyère. Cela dit, le mot passion désigne un amour extrême et exalté (comme dans Phèdre). C’est cette définition qui va nous intéresser plus particulièrement.

Condamnables : sont condamnables les choses réprouvées, qui font l’objet d’un jugement négatif, il faut bien-sûr prendre en compte le contexte de l’époque.

Donc : le sujet nous invite à réfléchir sur le jugement que porte l’auteur d’une œuvre sur la passion. Une œuvre peut clairement condamner la passion, ou bien en faire l’éloge, mais ce qui est intéressant c’est que les œuvres sont souvent nuancées ! L’analyse de la passion est souvent complexe et n’aboutit pas forcément à un rejet catégorique (même si la morale, à certaines époques, est assez répressive : madame Bovary a été condamnée). L’analyse des passions permet de mieux connaître la nature humaine. Le roman, de par sa complexité, la multiplicité des voix qu’il fait entendre (narrateur, différents personnages) laisse souvent au lecteur la possibilité de faire son choix. La passion fait mûrir les personnages et les fait accéder à une certaine connaissance d’eux-mêmes. Enfin, il est impossible de vivre sans passion : c’est le sujet d’un conte philosophique de Voltaire : Memnon, ou la sagesse humaine. Memnon fait le sot projet de vivre sans passions, et il échoue lamentablement ! La Rochefoucauld dit également : «il y a dans le cœur humain une génération perpétuelle des passions, de sorte que la ruine de l’autre est presque toujours l’établissement d’une autre » Maximes

A présent, rattachons les termes du sujet à l’œuvre en elle-même :

La princesse de Clèves se focalise sur l’histoire d’une passion très forte entre la princesse de Clèves et le duc de Nemours. Ils sont très fortement attirés par l’un et par l’autres (voir la scène de rencontre) mais doivent dissimuler leurs sentiments, pour des raisons légèrement différentes.

Pour Madame de Clèves : elle dissimule sa passion par respect pour son mari, qu’elle estime profondément, et également en mémoire de sa mère. Madame de Chartres a donné à sa fille une éducation rigoureuse, et des dernières paroles avant de mourir sont éloquentes : « songez ce que vous devez à votre mari, songez ce que vous devez à vous même ! ». La princesse est une dame qui fréquente la cour, elle se doit d’être irréprochable.

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