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Les Caractères, La Bruyère, L'on parle d'une région, Livre 6, 74

Commentaire de texte : Les Caractères, La Bruyère, L'on parle d'une région, Livre 6, 74. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Juin 2022  •  Commentaire de texte  •  1 301 Mots (6 Pages)  •  861 Vues

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Explication linéaire : [74] « L’on parle d’une région… » Qqs notes pour compléter le cours

Lecture : faire sentir la veine burlesque et le ton ironique.

Contextualisation : voir textes précédents, compléter avec les éléments suivants.

Dans le chapitre intitulé « De la cour », LB traite de l’homme « social » ou plutôt de cette variété particulière de l’espèce qu’est le courtisan que l’homme au service des Condé a pu observer lors de ses fréquents séjours à Versailles. Point d’objectivité en la matière : LB procède à une cruelle satire - (après tant d’autres, comme La Fontaine par exemple cf. « Les Obsèques de la lionne ») – de cette caste située au sommet de la hiérarchie sociale et dont les mœurs paraissent au mieux bizarres, au pire scandaleuses. Pour ce faire, le moraliste a recours « au regard étranger » propre au développement de l’ironie, ce procédé original permet de décrire la Cour comme une contrée lointaine et d’en faire une critique impitoyable.

Problématique : Comment La Bruyère parvient-il à critiquer la Cour en feignant l’objectivité mise en place par la fausse naïveté du « regard étranger » ?

Mouvement : cf. p.140

  1. Un regard étranger faussement naïf : l.588 à 597
  2. La dénonciation du culte des apparences : l.597 à 607
  3. La critique d’une organisation sociale : l.607 à 620

Un regard étranger faussement naïf : l.588 à 597

Le point de vue adopté, plus que celui d’un observateur est celui d’un explorateur. (cf. la vogue du récit de voyage à l’âge classique). Les contemporains appelaient la Cour un « pays ». Cet explorateur, éloigné dans l’espace s’en remet à des récits pittoresques sur une peuplade exotique et des coutumes étranges. Les termes généraux sont ceux d’un spécialiste en pareil domaine : « les vieillards », « les jeunes gens ». L’antithèse sans nuances entre les générations (trois termes élogieux pour les vieillards, quatre péjoratifs pour les jeunes gens) est d’un moraliste conservateur,  se plaisant à opposer l’ancien temps, paré de toutes les vertus ( on peut y voir une référence implicite à la querelle des Anciens et des Modernes), à l’époque moderne, marquée par la décadence. Les vertus et les vices retenus relèvent de la sociabilité, qualité plus  nécessaire encore  dans un milieu aussi restreint que la Cour que tout groupe humain large. L’âge classique s’est voulu celui de l’excellence de « l’honnêteté » ; ce champion du classicisme que se montrait La Bruyère ne pouvait qu’en dénoncer la dégradation.

Un sort particulier est fait aux représentants des mœurs modernes : ils  sont d’ailleurs dépourvus de bonnes mœurs (voir la négation « sans ») : débauches contre-nature, « amours ridicules », mis dans la phrase sur le même plan que « des repas, des viandes » => dégradation d’un sentiment noble au niveau des préoccupations triviales. Ces jeunes gens se distinguent par leurs excès sensuels de toutes sortes, intempérance, ivrognerie, voiulà les signes de la décadence moderne, de la corruption d’un milieu blasé (« leur goût déjà éteint » -métaphore de la flamme). Le tour piquant et satirique de ce portrait de la jeunesse tient à un ironique effet de surprise (« sobre et modéré, qui ne s’enivre que de vin ») et à une chute versant dans la caricature (« que de boire de l’eau forte »).

  1. La dénonciation du culte des apparences : l.597 à 607

La Bruyère brocarde ensuite les femmes. Tout comme Boileau, La Bruyère accuse les femmes d’être responsables de cette « mondanisation » qui a tant corrompu les vieux usages et forgé la nouvelle société. La principale critique -et elle n’est pas neuve-, est celle de la coquetterie de dévergondées. L’ironie est féroce et dénonce l’absurdité des « artifices » féminins (le mot a son sens propre mais le sens moral est sous-jacent : les soins esthétiques sont aussi des déguisements trompeurs, ruses et fraudes…), le mécanisme imbécile de la mode, l’exhibitionnisme impudique des dames de la Cour. Le procédé d’accumulation rend plus sensible l’étalage des charmes féminins en « ce pays ».

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