Dissertation sur rhinocéros d'Ionesco
Dissertation : Dissertation sur rhinocéros d'Ionesco. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Alice Eva Denis • 29 Mai 2020 • Dissertation • 700 Mots (3 Pages) • 1 219 Vues
Eugène Ionesco né en Roumanie au début du 20e siècle et décédé dans la région de Paris en 1994 a marqué le théâtre de son époque. Ce dramaturge évolue dans des années où trois grands mouvements font leurs apparitions; le nazisme en Allemagne, le fascisme en Italie et le bolchévisme en Russie. De ce contexte socio-politique naît en 1940, un nouveau genre littéraire, le théâtre de l’absurde. Ionesco représente ce nouveau théâtre et s’engage à décrire l’absurdité de la condition humaine dans laquelle il vit. En 1959, il écrit la pièce « Rhinocéros » où il utilise la symbolique du monstre pour dénoncer l’impact du mouvement fasciste sur le peuple roumain. À travers son œuvre, il est possible d’analyser sa vision du monde qu’il dépeint comme une « ile monstrueuse » ainsi que sa perception de lui-même comme « une anomalie, un monstre ».
D’entrée de jeu, le dramaturge nous plonge dans un environnement qu’il qualifie d’« ile monstrueuse » en focussant sur les aspects monstrueux des rhinocéros. Ainsi, l’animal, autrefois humain, est représenté tout au long de la pièce avec des adjectifs qualificatifs négatifs liés à un monstre : « Un quadrupède stupide », « féroce » (p.28), « c’est un très gros animal, vilain! » (p.65) et « ils sont ignobles! » (p.158). L’auteur fait un parallèle entre le rhinocéros et les citoyens adhérant au fascisme. Ces derniers sont perçus comme des êtres défigurés, détenant une force brute et sauvage, qui inspirent la peur. Par la suite, la métamorphose des humains en rhinocéros, force du mal, se fait de façon brutale, rappelant l’aspect monstrueux et sans humanité de celui-ci. Cette déshumanisation se perçoit durant la transformation de Jean dans les didascalies : « Jean parcourt la chambre, comme une bête en cage » (p.100), « Jean, qui a la poitrine et le dos verts » (p.103). De plus, les propos tenus par Jean lors de sa transformation rappellent des idées similaires au nazisme telles que : « je suis misanthrope, misanthrope, misanthrope » (p.100). Cette répétition crée une insistance et reflète son désir d’adhérer au mouvement fasciste. Ainsi, Ionesco rappelle dans cette pièce l’époque du nazisme en créant une atmosphère monstrueuse tout en insistant sur les traits, les transformations des humains en rhinocéros.
La symbolique du monstre est également mise en évidence à travers le personnage principal, Bérenger. Ce dernier est anticonformiste et il perçoit ceux qui se métamorphosent comme des conformistes, des monstres sans humanité. Il refuse de faire partie de ce mouvement : « Je n’en aurait jamais, j’espère. Jamais » (p.114) en parlant des cornes de l’animal. Il est déterminé à rester humain: « je n’abdiquerai pas, moi, je n’abdiquerai pas. » (p.158), « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout! Je ne capitule pas! » (p.162). L’anaphore du pronom « je » reflète l’obsession de Bérenger à rester humain et, ne pas devenir comme la majorité. De plus, il est perçu comme un humaniste isolé, une sorte de monstre en comparaison à la majorité. On perçoit que Bérenger est en crise d’identité pris avec un sentiment de solitude, une perception monstrueuse de lui-même puisque pas conforme aux autres. Il proclame : « je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai rhinocéros, jamais, jamais! » (p.162). Bérenger prend une tonalité tragique pour démontrer la gravité de la situation. Ionesco dénonce ici la massification du pouvoir nazi sur la Roumanie. Bref, la symbolique du monstre est aussi perçue par le personnage de Bérenger qui traverse un mal existentiel.
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