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Faut-il craindre le populisme ?

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Par   •  17 Octobre 2024  •  Dissertation  •  4 213 Mots (17 Pages)  •  19 Vues

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Faut-il craindre le populisme ?

        De l’Inde de Modi au Brésil de Bolsonaro, en passant par les Philippines de Duterte, la Hongrie de Orbán etc, les mouvements politique ouvertement populistes font florès. On parle également de la « démocratie illibérale ». D’ailleurs, les forces conservatrices ou réactionnaires semblent en progression, que ce soit en Suède, en Autriche, aux Pays-Bas ou en Finlande.

        Une telle évolution est facilitée par l’indétermination du concept. L’étymologie n’apporte ici guère de secours : le mot « populisme » apparait en France en 1929 seulement pour désigner un mouvement littéraire soucieux de renouveler le « naturalisme ». Dans L’Illusion populiste parue en 2002, Taguieff soulignait d’ailleurs le caractère fourre-tout du terme. La tradition la plus semblable semble être la suivante : c’est une méthode de mobilisation par laquelle un dirigeant charismatique fait appel au peuple en cherchant à créer une relation directe avec celui-ci, par-delà ou même contre les élites traditionnelles.

I. En rappelant aux élites l’urgence des revendications des classes populaires, le populisme révèle certaines des failles de la démocratie représentative.

A. En magnifiant la figure du peuple, le populisme attire le regard sur des classes populaires parfois négligées

La démocratie est d’abord apparue sous la forme d’un gouvernement direct au peuple

Traditionnellement, on distingue la démocratie représentative de la démocratie directe.

La démocratie représentative est un système politique dans lequel on reconnait à une ou plusieurs assemblées restreintes le droit de représenter l’ensemble du peuple. C’est le modèle qui s’est imposé depuis le XVIIIème en Occident

La démocratie directe est un régime politique dans lequel les citoyens exercent directement le pouvoir par le vote, sans l’intermédiaire de représentants et où les principaux responsables sont tirés au sort. C’est le modèle de l’Athènes du Vème siècle avant J-C.

Il existe néanmoins d’autres systèmes qui peuvent réunir ces deux systèmes comme la démocratie semi-représentative ou la démocratie semi-directe. Pour le premier, le peuple peut agir via des référendums -c’est le cas de la France-, dans le second elle prévoit des référendums d’initiative populaire, c’est-à-dire déclenchée par les citoyens, comme en Suisse ou en Italie. Enfin, la démocratie participative s’efforce de surmonter les limites de la démocratie représentative en permettant aux individus de s’exprimer et de peser sur les décisions qui les concernent. Elle confie de nouveaux rôles ou de nouveaux pouvoirs aux citoyens, qu’elle considère par définition comme actifs et bien-informés.

La démocratie nait en Grèce dans l’Antiquité sous la forme d’une démocratie directe.

À Athènes, la démocratie est progressivement mise en place grâce aux réformes de Solon et surtout celles de Clisthène. Au Vème siècle avant notre ère, l’Ecclésia, c’est-à-dire l’assemblée qui rassemble tous les citoyens, devient l’institution essentielle de la cité. Le régime repose alors sur 3 principes :

-L’isonomie : tous les citoyens sont égaux devant la loi

-L’iségorie : chaque citoyen peut prendre la parole dans l’assemblé et y proposer une motion

-La stochocratie : c’est le tirage au sort des citoyens devenant alors des magistrat pour notamment siéger à la Boulé, une assemblé de 500 membres chargée de préparer les délibérations de l’Ecclésia, ou au tribunal de l’Héliée, principale instance judicaire.

En 451 avant notre ère, Périclès crée en outre la misthophorie : une indemnité de deux oboles par jour versée à tous les citoyens qui siègent dans les institutions publiques pour compenser la perte de leur journée de travail. Les plus pauvres peuvent ainsi pleinement participer à la vie politique. De façon significative, cette mesure est vivement critiquée par les participants de l’oligarchie, l’autre système dominant à l’époque. La démocratie directe athénienne n’est comparable à aucun système politique moderne excepté dans certains cantons suisses.

        Toutefois il ne faut pas idéaliser la démocratie athénienne.  Celle-ci repose tout d’abord sur une base démographique relativement faible : seuls les hommes participent aux réunions de l’Ecclésia organisées sur la colline de la Pnyx. On estime que sur une population de 400 000 personnes dont 40 000 citoyens, seuls 6000 participaient à ces réunions. Cela est notamment dû au fait qu’en -451, une loi promeut la nécessité d’avoir deux parents citoyens et non plus un pour être citoyen athénien. Au surplus, la stochocratie doit être nuancée. Certes, toutes les magistratures judiciaires sont tirées au sort ainsi que certains postes honorifiques ; mais les postes nécessitant des compétences précises sont soumis à des élections. C’est le cas pour les trésorier et les stratèges. Périclès lui-même, élu plusieurs années d’affilées en tant que stratège, est l’homme fort de la cité. Par ailleurs, dès l’Antiquité, la démocratie athénienne fait preuve de vives critiques notamment par Thucydide, Aristophane et Platon qui soulignent l’incompétence et la versatilité du peuple. Ils imputent une bonne partie de la défaite athénienne dans la Guerre du Péloponnèse aux « démagogues » dont les paroles poussent l’Ecclésia à adopter des décisions funestes.

Le populisme a au moins le mérite de mettre l’accent sur une figure : le peuple

        Dans l’histoire des idées, le peuple est bien plus souvent oublié que magnifié. Outre. la condamnation de Socrate, on reproche sans cesse à la foule d’avoir demandé à Ponce Pilate de gracier le meurtrier Barabbas plutôt que Jésus. Au XIXème siècle, le souvenir bien présent des massacres de la Révolution française renforce cette image négative.

Au XXème, la figure du peuple se confond avec celle de la foule. En 1895, le médecin français Gustave Le Bon publie sa Psychologie des foules qui se veut un manuel de gouvernement à l’usage des élites. Il y constate que les sociétés entrent dans « l’ère des foules », notamment à cause du suffrage universel, et que les dirigeants ne peuvent plus l’ignorer. La connaisse psychologique des foules constitue une ressource pour l’homme d’État. Il est le livre de chevet de Mussolini et de Hitler.

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