De la démocratie en amérique,Tocqueville
Dissertation : De la démocratie en amérique,Tocqueville. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar gladissert • 15 Juin 2023 • Dissertation • 1 818 Mots (8 Pages) • 325 Vues
Garance MOYNE – HARSCOAT
TG1
DM- Explication de texte, De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville
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Faut-il croire plutôt que savoir ? C’est à cette question que répond Alexis de Tocqueville dans un extrait de De la démocratie en Amérique, publié en 1835, dans lequel il soutient que pour posséder une certaine liberté, les hommes ne peuvent se permettre de d’établir toutes les vérités car toutes les examiner serait impossible tant le processus serait long. Ainsi, Tocqueville pense que nous devons nous reposer en partie sur des croyances. Le texte s’ouvre sur une affirmation générale, de la ligne 1 à la ligne 2, où Tocqueville énonce que les philosophes, et par extension, les hommes, supposent beaucoup plus de vérités qu’ils n’en ont réellement établis. Puis Tocqueville, dans un deuxième paragraphe de la ligne 3 à la ligne 9, développe sa thèse, qui souligne le fait qu’il est vain de tenter d’examiner chaque chose car nous recevons une masse d’informations trop importantes pour qu’il soit possible de se fixer sur des certitudes. Il en conclue qu’il faut croire une partie de ce que l’on nous dit pour pouvoir focaliser notre recherche de connaissances, de vérités sur certains domaines. Par la suite, de la ligne 10 à la ligne 11, Tocqueville utilise une prolepse, c’est-à-dire qu’il pose une objection avant de la réfuter dans le but d’affirmer sa thèse. Bien que croire la parole d’autrui revient à mettre en esclavage notre esprit, c’est nécessaire pour être libre. Enfin, il soulève une autre question qui découle de son raisonnement, à savoir sur quelles bases se pose la démocratie si personne n’est libre intellectuellement, dans le dernier paragraphe, de la ligne 12 à la ligne 16.
Le texte commence par affirmer, en prenant l’exemple d’un philosophe, en tant que modèle aspirant à l’indépendance intellectuelle, que la plus grande partie de nos connaissances, qu’il désigne par le mot « choses » (« un million de choses » l1) repose sur la confiance accordée aux autres « la foi d’autrui » l1 et donc sur des croyances, non vérifiées par définition. En effet, l’acte de croire implique de tenir pour vrai une proposition non prouvée. Ainsi, les philosophes admettent beaucoup plus de vérités, c’est-à-dire d’une correspondance entre une idée et la réalité, qu’ils n’en n’ont réellement constatée. C’est ce qu’exprime Tocqueville à la ligne 2 « qui ne suppose beaucoup plus de vérités qu’il n’en établit ».
A partir de cette affirmation, Tocqueville va développer sa thèse. Il souligne tout d’abord que vivre sur la base de croyance plutôt que de faits établis est « non seulement nécessaire, mais désirable » l3. Quelque chose de nécessaire signifie que c’est un besoin inévitable, indispensable, ce qui est renforcé par l’adjectif « désirable », qui traduit ici le fait que c’est quelque chose que l’on doit vouloir, que l’on doit rechercher. Ainsi, selon Tocqueville, il est indispensable et enviable de vivre sans établir toutes les vérités. Par la suite, le philosophe s’attache à nous montrer que l’inverse, c’est-à-dire de se passer des croyances, n’est pas souhaitable et tout simplement impossible. En effet, personne n’a pas le temps pour se passer des croyances comme base de nos connaissances, ce qui est exprimé dans la phrase à la ligne 4 « Un homme qui entreprendrait d’examiner tout par lui-même ne pourrait accorder que peu de temps et d’attention à chaque chose ». Finalement, le philosophe démontre que la recherche perpétuelle de la vérité est impossible à cause de nos capacités intellectuelles trop réduites « tiendrait dans son esprit une agitation perpétuelle » l5 qui empêcheraient finalement d’accéder à la vérité (« pénétrer profondément dans aucune vérité » l6) et de se « fixer » à des « certitudes », à différencier de la notion de vérité car une certitude ne laisse aucune place au doute. Ainsi, il y a tant de faits, que l’homme se condamnerait à la superficialité s’il cherchait à tous les vérifier. L’homme serait à la fois « indépendant », car aucune de ses connaissances ne reposerait sur des faits non établis, et « débile », dans le sens de faible car il serait accaparé par un trop plein d’informations à vérifier. Tocqueville évoque ensuite la conséquence de cet accès limité à une connaissance réelle des choses qui nous contraint de faire un choix (« il fasse un choix » l8). En effet, nous nous devons de sélectionner les croyances que nous décidons d’assimiler comme vraie (« qu’il adopte beaucoup de croyances sans les discuter » l8) afin de pouvoir se dédier à l’étude d’une petite partie de celles-ci pour qu’elles deviennent des vérités (« afin d’en mieux approfondir un petit nombre dont il s’est réservé l’examen » l9). Ainsi, un grand nombre d’informations que nous absorbons repose sur la confiance dans la parole d’autrui. Par exemple, on accepte facilement la date d’un fait historique, en accordant notre confiance aux historiens, aux archéologues ayant fait des recherches sur le sujet. De même, lorsque des scientifiques mènent des études sur la matière noire par exemple, pour la plupart, nous ne sommes pas aptes à vérifier les mesures et les calculs effectués, on se contentera d’accorder notre confiance à des gens qualifiés sur le sujet.
La troisième étape du texte est une prolepse. Dans un premier temps, Tocqueville énonce une objection à sa thèse. En effet, en acceptant de croire ce qu’un autre a pu nous dire, on devient dépendant de lui dans notre manière de réfléchir, de concevoir le monde. Le philosophe exprime cette idée à travers l’expression métaphorique « met son esprit en esclavage » à la ligne 10. Or cette personne peut potentiellement nous transmettre une information fausse, une « opinion » comme le dit Tocqueville, qui est à comprendre dans son sens philosophique selon lequel une opinion est une croyance à laquelle on a très peu réfléchi. Ainsi, chacun prend le risque d’avoir une vision biaisée à cause de ce processus de transmission d’informations qui parfois ne correspondent pas à la réalité matérielle. Dans un deuxième temps, Tocqueville réfute l’objection qu’il a lui-même faite dans un but argumentatif, pour convaincre ses lecteurs. En effet, bien que le risque d’absorber de fausses informations soit présent, le philosophe pense que le sacrifice en vaut la peine car il nous permet de disposer et d’utiliser notre liberté (« c’est une servitude salutaire qui permet de faire un bon usage de la liberté » l11). Le concept de liberté décrit la capacité d’un individu à penser et agir sans contraintes extérieures, selon sa volonté propre. Cependant, le concept de liberté que Tocqueville introduit ici relève plutôt du temps que l’on gagne afin de pouvoir réfléchir sur d’autres sujets. Ainsi, accepter de croire la parole d’autrui constitue un acte témoignant de notre liberté.
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