Les dangers encouru par la démocratie américaine

Depuis sa fondation, la démocratie américaine a été considérée comme un bastion de liberté, d'égalité et de justice sociale. Cependant, lors de l’assaut du Capitole ce fameux 6 janvier 2021, le monde voit s’écrouler avec effroi la démocratie américaine et le symbole que represente le Capitole pour la démocratie. Aujourd'hui, alors que le monde observe avec attention les événements qui se déroulent aux États-Unis, une question prédomine : la démocratie américaine est-elle en danger ?

Pour répondre à cette question, nous verrons en premier lieu les fondements sur lesquels la démocratie américaine a été érigée mais nous verrons que les défis contemporains auxquels elle est confrontée mettent en lumière les fissures de ce système et finalement que malgré ces fissures, la démocratie américaine est toujours en place et reste un pilier du monde libéral. 

Tout d’abord, nous allons aborder les fondements de la démocratie pour comprendre un peu mieux ce système bien différent de celui que nous connaissons en France.
La démocratie américaine est née en 1783, suite au traité de Paris qui met un terme à la guerre et reconnaît l'indépendance des États-Unis d'Amérique. La Constitution de 1787 instaure pour la première fois un gouvernement fédéral fondé sur un partage des compétences entre État fédéral et États fédérés. Ceux-ci ne sont pas seulement des provinces ou des subdivisions de l'administration fédérale. Les gouvernements des États sont relativement puissants, chaque État possède ainsi son propre droit pénal et son propre droit civil et gère, par son gouvernement, ses affaires internes. La Constitution établit un cadre institutionnel solide, avec des mécanismes de séparation des pouvoirs, garantissant ainsi un équilibre entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Nous avons tout d’abord l’exécutif, il est confié au président et à son gouvernement. Le président est à la fois le chef de l'État, le chef du gouvernement des États-Unis, le commandant en chef des forces armées et le chef de la diplomatie. Élu pour un mandat de 4 ans renouvelable une fois, le président est responsable de la mise en œuvre et de l'application des lois écrites par le Congrès. Il nomme les membres du gouvernement et les chefs des agences fédérales. Le vice-président, élu en même temps que le président, fait également partie du pouvoir exécutif. Nous retrouvons ensuite le pouvoir législatif, il est bicaméral  c’est-à-dire qu’il se compose de deux assemblées et est représenté par le Congrès. Celui-ci est composé du Sénat (chambre haute) et de la Chambre des représentants (chambre basse). Ces deux chambres sont chargées d’élaborer, de discuter et de voter les lois fédérales qui sont ensuite présentées au président des États-Unis pour signature ou pour véto. Le Congrès a aussi la charge de voter le budget. Enfin, nous avons le pouvoir judiciaire, il est composé d’une part du système judiciaire fédéral, dont la plus haute juridiction est la Cour Suprême. Elle est le sommet du pouvoir judiciaire américain et veille à ce que les lois et décrets soient conformes avec la Constitution. De plus, la Cour Suprême est aussi le tribunal du dernier recours dont le rôle est de trancher pour ou contre une décision de justice prise au niveau de l’État fédéral ou de l’un des cinquante États. D’autre part des systèmes judiciaires propres à chaque État. Le système fédéral s’occupe d’affaires d’ordre national, alors que les tribunaux d’États gèrent les affaires locales en relation avec leur constitution respective.

Le système américain, est donc un système fédéral avec un régime présidentiel faible, constitué d’un modèle politique et constitutionnel audacieux, qui divise le pouvoir entre le centre fédéral et les périphéries des États, ce qui crée un système complexe de poids et de contrepoids entre l’exécutif (la Présidence), le législatif (le Congrès) et le judiciaire (les différents tribunaux fédéraux, à commencer évidemment par la Cour Suprême). Les citoyens élisent leur président au suffrage universel indirect puisqu’ils votent pour des grands électeurs dans chaque État, et c’est ensuite à ces grands électeurs élus par le peuple, de voter pour le président. Le 4 mars 1789, George Washington est élu président, inaugurant une nouvelle période dans l'histoire des États-Unis. L'interprétation de la constitution américaine donne naissance à deux écoles de pensée qui s'opposent sur le partage des compétences entre les États et l'État fédéral: les démocrates et les républicains. Ce bipartisme apparaît au XIXe siècle, où s'affrontent alors les fédéralistes, partisans d'un pouvoir fédéral fort, au détriment de celui des États. Le Parti républicain est un mouvement conservateur tandis que le Parti démocrate correspond à une idéologie libérale. Ce qui différencie ces deux grands partis est leur idéologie. Les démocrates ont une vision progressiste et moderne de la société alors que les républicains ont des positions plus conservatrices quant aux enjeux actuels. Depuis 2021, ce sont les démocrates qui sont au pouvoir aux États-Unis avec le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris qui pourrait être la première femme à diriger le pays. [pic 1]

De nombreuses spécificités du système électoral sont aujourd’hui fortement critiquées, en particulier pour la modification constante de la carte électorale à laquelle se livrent les élus de chaque État avant les élections afin de favoriser un parti ou l’autre. Cette pratique, que l’on appelle le “gerrymandering” ce qui correspond à un découpage électoral destiné à favoriser son auteur, est une importante source de tensions politiques. C'est pourquoi la démocratie américaine peut être considérée comme en danger…

        Nous allons donc maintenant voir en quoi la démocratie américaine est considérée comme en danger.
Tout d’abord, la polarisation politique aux États-Unis représente un défi majeur pour la démocratie et la cohésion sociale du pays. La polarisation est une fracture entre deux camps politiques et électoraux fermement opposés, avec une mobilité très réduite d’un camp à l’autre. Elle désigne aussi une propension à délégitimer l’adversaire en le transformant en ennemi existentiel, voire mettant en péril l’idée même de ce que la démocratie étatsunienne est et doit être. Il existe de nombreux risques liés à cette polarisation et peuvent entraîner des répercussions dévastatrices sur la stabilité politique. Les violences survenues au Capitole le 6 janvier 2021 mettent en lumière les fractures de la société, les divisions politiques et la propagation de fausses informations. Malgré la prise de conscience des problèmes profonds de la démocratie américaine par les deux partis au Congrès, ils manquent tous les deux de détermination et de courage pour réformer, en raison d'intérêts partisans et d'un climat politique de plus en plus polarisé. Tous les partis politiques démocrates et républicains font face à l'émergence de formations politiques radicales en leur sein. Les tensions entre eux se renforcent en ce qui concerne la base électorale, l'idéologie et l'identité. Le équilibre interparti traditionnel, basé sur le compromis politique, est désormais inefficace. Chacun des deux partis perçoit l'autre comme un adversaire politique, mais surtout une menace pour la nation. D'après un article publié dans The New York Review of Books, l'Amérique est déjà un pays binational, avec deux communautés nationales très divergentes, qui opèrent comme des confédérations. Les États-Unis ont déjà pris la forme des États-Unis. De plus en plus, les divisions entre les deux parties de la nation semblent être irréconciliables. La polarisation politique n'a jamais connu une telle intensité. Les recours judiciaires, les recomptages des voix et les débats prolongés sur la validité des résultats ont été suscités par ces contestations, ce qui a engendré de la confusion et a ébranlé la confiance du public envers le système électoral. De plus, la propagation de fausses informations a joué un rôle crucial dans la contestation des résultats électoraux. Des individus, tant au niveau national qu'international, ont diffusé des informations erronées et des théories du complot dans le but de dénigrer le processus électoral et de susciter des doutes quant à la légitimité des élections. Les réseaux sociaux ont été largement exploités comme un moyen de propager des mensonges et des manipulations, ce qui a entraîné une polarisation et une méfiance accrues dans la société. Finalement, remettre en question les résultats électoraux constitue une menace. Quand les citoyens remettent en question l'intégrité des élections et ne comptent plus sur les résultats, cela diminue la légitimité du gouvernement et sa capacité à exercer une gouvernance démocratique. Cela se manifeste lors de l'attaque du Capitole le 6 janvier 2021 par les partisans républicains extrémistes. [pic 2]

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