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Représentation du corps dans l'art

Dissertation : Représentation du corps dans l'art. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  21 Juin 2024  •  Dissertation  •  1 673 Mots (7 Pages)  •  103 Vues

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Arts Plastiques Grand oral

Question : Dans quelle mesure le corps (re)présenté permet-il de jouer avec les stéréotypes et les tabous ?

Imaginez une photographie représentant une femme de 80 ans posant en lingerie. Quelle serait votre réaction ? Choc, dégoût, surprise ? Ces émotions que vous éprouvez sont liées aux stéréotypes et aux tabous de notre société qui glorifie la jeunesse et une certaine représentation de la femme.

Le stéréotype peut se définir comme une idée, une opinion toute faite, acceptée sans réflexion et répétée sans avoir été soumise à un examen critique par une personne ou un groupe et qui détermine à un degré plus ou moins élevé, ses manières de pensée, de sentir et d’agir. Le tabou quant à lui concernent les actions, les comportements, les personnes ou les objets qu’on passe sous silence par crainte ou pudeur. La représentation du corps n’échappent pas à ces concepts. Qu'il soit idéalisé, marginalisé ou transgressif, le corps représenté dans les arts  joue un rôle essentiel dans la formation et la transformation des stéréotypes et des tabous. En effet, chaque époque et chaque culture projettent sur le corps des significations qui vont bien au-delà de la simple apparence physique, façonnant ainsi les perceptions collectives de la beauté, du genre, de la sexualité et de la diversité.

On peut alors se demander de quelle manière les stéréotypes et les tabous sont créés, maintenus et contestés au travers de la représentation du corps.

Nous verrons donc que si la représentation du corps crée et perpétue des stéréotypes, elle peut aussi à l’inverse permettre de les déconstruire et de transgresser les tabous.

  1. Création et perpétuation des stéréotypes :

La représentation des corps féminins et masculins au fil des siècles dans les sociétés occidentales véhiculent des stéréotypes de genre. Du 15e au 18e siècle, l’art du nu est légitime à condition de renvoyer à l’Antiquité et à la mythologie. Cette mise en image s’appuie sur des canons de beauté formulés dès la statuaire grecque antique. Elle en reprend les principes d’idéalisation valorisant un corps jeune, sain et épilé. Dans ce cadre des représentations du nu transmettent deux stéréotypes majeurs : un corps masculin tonique auquel s’oppose un corps féminin amolli.

Ainsi, la représentation d’Hercule terrassant l’Hydre de Lerne de Pierre Puget répond au cliché du corps masculin à travers un héros antique victorieux : muscles bandés, formes saillantes, corps en action, visage contracté et détermination implacable.

Autre exemple la Baigneuse Antique d’Amaury Duval qui représente le corps féminin dénudé. L’artiste recherche une représentation idéalisée qu’il amplifie par une stylisation du corps au mépris de toute réalité : la recherche de la belle ligne importe plus que la réalité anatomique. L’absence de pilosité et d’irrégularité, la douceur des traits, la blancheur de la peau, les yeux baissés exprimant la pudeur et la passivité du modèle sont autant de stéréotypes que l’on retrouve dans la représentation du corps féminin. Il faut préciser qu’il s’agit d’une vision masculine et fantasmée du corps de la femme.

La femme, comme objet de désir, est un thème récurrent qui amène à s’interroger sur la place qu’elle occupe en tant que modèle dans l’histoire de l’art. La représentation du modèle féminin repose le plus souvent sur une objectification du sujet. Il s’agit bien d’une représentation réalisée par des hommes. Omniprésente dans les représentations de l’art, la femme prend la forme que l’homme lui donne. C’est un état de fait qu’au sein des musées nationaux comme des musées internationaux l’essentiel des artistes exposés sont des hommes, mais l’essentiel des nus exposés sont des nus féminins.

Cette nudité se retrouve également dans le courant orientaliste du 18ème-19ème siècle avec des peintures de harems, des odalisques et des danseuses, montrant des corps féminins en posture lascive et sensuelle. Pour la grande bourgeoisie du 19ème siècle à qui appartient l’immense majorité des acheteurs d’œuvres d’art, l’orientalisme, c’est la sensualité, l’apparente liberté de mœurs de ces femmes cloîtrées dont les attitudes et les comportements contrastent fortement avec la pruderie occidentale. Les femmes orientales sont ainsi présentées comme objets de désir et dépeintes comme soumises et disponibles. Ainsi, Ingres avec son tableau Le Bain Turc fait la représentation lascive de nus féminins. Au tout premier plan de l’œuvre, une mystérieuse joueuse de tchégour nous tourne le dos dévoilant sa chute de rein. Une invitation sans équivoque au désir. À droite, au second plan des femmes se caressent dans une position suggestive. La forme circulaire du tableau donne au spectateur l’impression de regarder par un judas et donc de transgresser un interdit.

Des artistes contemporains utilisent leurs œuvres pour critiquer et réinterpréter les images orientalistes, en présentant des perspectives plus authentiques et nuancées des cultures orientales. On peut par exemple citer Shirin Neshat dont l’œuvre prend la forme de photographies, autoportraits et portraits de femmes iraniennes de son âge, voilées, en gros plan, dont les tirages sont rehaussés de transcriptions manuscrites de poèmes farsis anciens. Ces images, regroupées dans un ensemble appelé Women of Allah, visent à prendre en compte les dimensions intellectuelle et religieuse complexes qui constituent l’identité féminine en Iran.

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