David Olère, les inaptes au travail
Commentaire d'oeuvre : David Olère, les inaptes au travail. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marie-Hélène Boillot • 15 Mars 2019 • Commentaire d'oeuvre • 1 433 Mots (6 Pages) • 2 344 Vues
Histoire des arts
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DAVID OLERE
« Les inaptes au travail »
1950
« Les inaptes au travail » est une grande huile sur toile de David Olère réalisée en 1950. Mesurant 131cm par 162cm, elle est conservée au musée de l'Héritage Juif à New York.
David Olère est un peintre et sculpteur juif polonais né à Varsovie le 19 janvier 1902. En 1923, il émigre à Paris où il fréquente de nombreux artistes. Il a été naturalisé français en 1937, et dès 1939 il est mobilisé dans l'infanterie. Il est vite démobilisé et est astreint au régime des Juifs de Vichy : il doit donc entre autre porter l'étoile jaune. En 1943, il est arrêté à son domicile lors d'une rafle puis déporté dans le camp d'Auschwtitz-Birkenau. Il porte le matricule 106144 et est intégré au Sonderkommando, une unité spéciale dont le rôle est de sortir les corps des chambres à gaz, de récupérer les objets de valeur puis de transporter les corps dans les crématoriums où ils sont brulés. Ses talents de dessinateur lui permettent d'échapper à la mort : il peint pour les soldats, il calligraphie leurs lettres, il leur sert aussi de traducteur car il parle le français, l'allemand, le polonais et l'anglais. En janvier1945 il se mêle aux prisonniers et est évacué du camp d’extermination. Il part pour une marche de la mort jusqu'au camp autrichien d'Ebensee. Il sera libéré par l'armée autrichienne en mai 1945. Il revient en France où il exerce son art uniquement pour témoigner de ce qu'il a vécu et pour survivre. Il décède le 21 Août 1985 en France, à Noisy-Le-Grand.
Cette œuvre a été peinte dans les années 1950 donc cinq ans après la fin de la guerre. Elle fait partie d'une série de peintures de l'auteur datant de cette époque, par lesquelles il témoigne de ce qu'il a vécu dans le camp d'extermination d'Auschwitz. Elle jette donc un éclairage sur le génocide des juifs durant la Seconde Guerre mondiale, perpétré par les nazis dans les camps d'extermination, à partir de 1942.Cette œuvre est aussi réalisée après le procès de Nüremberg durant lequel des criminels de guerre nazis ont été jugés et condamnés pour crime contre l'humanité (en raison du génocide). Cependant, dans les années 1950, de nombreux responsables SS ne sont pas encore jugés et certains sont même encore en liberté. L'auteur fait donc partie de cette catégorie de survivants des camps qui souhaitait témoigner de cette expérience afin que nul n'oublie.
Comment cette œuvre témoigne t'elle du génocide dans les centres de mise à mort et les camps de concentration nazis pendant la seconde guerre mondiale ?
La scène se passe dans le camp d’Auschwitz. Au premier plan il y a une famille de six personnes,
deux femmes, une jeune fille, deux garçons et un bébé. Ils ont tous l'air épuisé, après un long voyage dans des wagons à bestiaux. Ils sont un peu maigres, leur visage est creusé par la peur et les privations de la guerre. Ils ont amené des bagages, des vêtements, des jouets, le petit garçon a une poupée, symbolisant l'innocence de l'enfance: on leur a dit qu'ils seraient « juste » déplacés vers l'Est. Leurs visages reflètent la peur, le découragement : leur bouche est ouverte, cela reflète l'horreur de la situation : on dirait qu'ils crient. (rappelant « Le Cri » d'Edvard Munch). Au dessus d'eux, un cadavre translucide, décharné les entoure, la mort essaye de les amener, la mort plane au dessus d'eux.
Sur la gauche il y a le bras d'un SS en uniforme, facilement reconnaissable par les lettres « S.S. » Il tient un fusil pointé vers le groupe. Il porte des gants, car les SS ne voulaient avoir aucun contact avec les prisonniers. On y voit une tête de mort : c'est le symbole du système nazi qui conduit les juifs à la mort.
En arrière plan, on voit à gauche une colonne de déportés décharnés. A droite, on voit le camp de travail avec ses gardiens. Des déportés tirent une charrette, sans doute avec des cadavres, un autre est battu, un troisième est étendu au sol, comme mort. C'est le camp des horreurs, on distingue des barbelés et des tours (des miradors ) qui entourent le camp, et au fond, les cheminées des fours crématoires qui brûlent les corps en dessinant dans le ciel les lettres coupables « SS ».
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